PARASHAT MISHPATIM 2018 – shabbat du 10 fevrier 2018 – entrée 17 h – sortie 18 h 01

DONNER LA PREFERENCE A SON ENNEMI

Après la sidra de Yithro où nous avons reçu le Décalogue, nous abordons les premières lois du code civil et pénal.

Les Sages et Rashi en tête dans la Méhilta s’interrogent à propos de la première loi qui ouvre cette péricope : pourquoi y est-il question tout d’abord des esclaves ? Et pour quelle raison le maître de l’esclave juif  doit-il lui percer l’oreille et y mettre un anneau ?

Les Tables de pierre (« Tables de la Loi ») sont deux (l’une pour les devoirs de l’homme vis-à-vis de son Créateur et l’autre pour les devoirs de l’homme vis-à-vis de son prochain) elles n’en forment qu’une seule en réalité, car l’homme, bien qu’il ait des devoirs envers D il en a aussi envers son prochain et l’un ne doit pas faire oublier l’autre, l’homme ne pouvant être « tsadik »  que s’il remplit ses  obligations  vis-à-vis de D et également  vis-à-vis de l’homme : un homme qui passerait son temps à prier et à étudier sans consacrer de temps à sa communauté ne pourrait à aucun moment être « complet ». Ainsi, la première des dix paroles est l’affirmation de la divinité qui a libéré Son peuple et, la première loi de « mishpatim » est la loi concernant la libération de l’esclave. Pourquoi l’esclave doit avoir l’oreille poinçonnée d’un anneau ? C’est parce qu’il a entendu « TU NE VOLERAS PAS » au Sinaï et qu’il a volé[1] malgré tout.

Rabbi Yaakov ben Asher[2] donne à cette parasha des signes : le mot « mishpatim » est l’acronyme dit-il d’un principe inévitable en droit ainsi en hébreu מצווה שיעשה פשרה טרם יעשה משפט  c’est-à-dire que le juge ordonne de faire un compromis avant de procéder à un jugement.

Le Maharal de Prague enseigne dans  son ouvrage « Gour Arié » que bien que le Décalogue ait été gravé sur deux tables, leur importance est égale et pour cela il s’appuie sur le fait que lorsqu’à trois reprises la Torah parle des2 boucs émissaires : il aurait suffit quele mot soit au pluriel pour que l’on comprenne qu’il s’agit de deux boucs si donc le texte insiste sur le fait qu’il est question de deux boucs c’est pour t’enseigner qu’ils sont identiques en genre, en poids en apparence.. En conséquence, il convient de comprendre que les lois  concernant  D sont tout  aussi importantes que celles concernant l’être humain. Le Maharal se pose encore la question de savoir pour quelle raison enseigne-t-on que la « Première Parole »  équivaut à la première loi contenue dans cette parasha et pourquoi l’esclave juif doit être libéré au termede sept années ? Il répond à ces interrogations de la manière suivante :  le monde a été créé par D au moyen de 10 paroles et chacune de ces paroles correspond à l’une des 10 gravées sur les Tables de pierre et, pour ce qui est des lois concernant l’homme vis-à-vis de son prochain, le cycle de la nature est basé sur le chiffre 7 et l’homme a été créé le sixième jour pour profiter du septième qui est le jour de repos, de liberté et de délices.  Ainsi, l’homme  réduit à l’esclavage pourra, la septième année  être libéré de son état d’esclave, tout comme peuple juif est devenu libre après avoir été libéré de l’esclavage en Egypte.

Dans la sidra de Hayé Sara, nous retrouvons des allusions au décalogue car la Tora nous raconte que le serviteur d’Abraham : Eliezer Damessek offrit des bijoux à Rebecca. Rashi s’interroge : quelle importance ce cadeau revêt-il pour que la Torah prenne la peine de détailler le poids et la sorte de bijoux ? Il eut été suffisant d’écrire qu’il a donné des bijoux à la jeune-fille ! Mais, le Sage de Troyes trouve une explication : la boucle d’or que le serviteur remet à Rebecca est une allusion à l’offrande du MahatsithHaShekel (notre péricope est en général lue pour « shabbat shekalim ») et,  quant aux bracelets, Rashi analyse ainsi 2 bracelets ce sont les 2 tables de pierre et leur poids est une allusion aux 10 paroles ! A ce propos d’ailleurs, le Maharal rappelle que le DECALOGUE ne fut en réalité qu’une seule émission verbale qui s’est ensuite diffusée en 10 préceptes pour permettre à l’intelligence humaine de saisir le message car tout cet enseignement tourne autour de l’entité : les deux tables n’en sont qu’une et  les 10 paroles n’en sont qu’une.

Chapitre XXIII verset 5 :

כי-תראה חמור שונאך רובץ תחת משאו, וְחָדַלְתָּ, מֵעֲזֹב לוֹ–עָזֹב תַּעֲזֹב, עִמּוֹ.

Si tu vois l’âne de ton ennemi succomber sous sa charge, garde toi de l’abandonner; aide-le, au contraire,  à le décharger.

Voici un précepte qui peut surprendre car, lorsqu’on a un ennemi, c’est qu’il y a une raison majeure pour arriver à détester quelqu’un ! Pourquoi la Torah exige-t-elle d’aider mon ennemi ?  Ceci est un cas où seul entre en jeu l’ennemi et soi-même : HaShem te demande de sublimer tes sentiments contre cet homme que tu n’aimes pas et cours l’aider pour que la bête ne souffre pas et, que se passe-t-il si devant toi deux bêtes sont écrasées par leurs charges  et les maîtres en sont ton ami et ton ennemi ? HaShem te demande d’aider d’abord ton ennemi puis ton ami pour que tes sentiments ne t’asservissent pas et que tu ne cèdes pas devant ton penchant naturel ni devant le yetserharâ (le mauvais penchant).

En  conclusion l’homme se retrouve souvent devant un choix à opérer et, si souvent la Torah conseille d’opter pour quelqu’un de proche, ici, davka (justement), il faut aller secourir celui devant lequel s’esquivent nos sentiments.

Caroline Elishéva REBOUH

[1]Si le voleur est surpris, et, s’il ne peut pas rendre ou rembourser son vol, il sera vendu comme esclave.

[2]Yaakov Ben Asher (1269 à Cologne-1343 à Tolède) auteur du « ArbaâTourim » qui a précédé le  ShoulhanAroukh.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Poster votre commentaire!
Entrer votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.