Alors que leur consommation est particulièrement recommandée durant l’enfance et pour les seniors, se pose la question de savoir si les produits laitiers sont vraiment nécessaires tout au long de la vie…
En France, la consommation de lait a chuté de 15 % entre 2003 et 2015, les consommateurs privilégient plutôt les produits dérivés du lait, comme les yaourts et le fromage. Les produits laitiers représentent une source de calcium et de protéines importante, mais a-t-on besoin d’en consommer toute sa vie?
Et tous les produits laitiers ne se valent pas, ils n’ont pas tous les mêmes qualités nutritionnelles.
Les Scandinaves en boivent même au dîner. Nous les Français, c’est franchement pas notre truc. Alors que le lait nature remplit le verre et le ventre des têtes blondes du nord de l’Europe, en France, ce breuvage a nettement moins la cote. Entre 2003 et 2015, la consommation de lait dans l’hexagone a ainsi baissé de 15 %. Mais pour ceux qui n’aiment pas en boire, il n’y a pas que le lait dans la vie, il y a les produits laitiers aussi. Quelles sont leurs qualités nutritionnelles ? En a-t-on tous besoin ? Et sont-ils vraiment nécessaires tout au long de la vie ?
Source peu chère de nutriments essentiels et de protéines
Passé le jeune âge des biberons voire du chocolat chaud du matin, c’en est généralement fini pour nous de téter du lait. A la façon du veau sous la mère (après tout, nous aussi sommes des mammifères), n’a-t-on plus besoin de lait une fois sorti de l’enfance ?
« Les produits laitiers sont une source de calcium, et si les recommandations en calcium évoluent avec l’âge, elles sont assez élevées pour le jeune enfant et l’adolescent, indique Nicole Darmon, nutritionniste épidémiologiste et directrice de recherche à l’Inra, à l’occasion d’un Symposium International sur la place des produits laitiers dans une alimentation durable qui s’est tenu ce jeudi à Séville*. Pour pouvoir assurer ces apports en calcium, la façon la plus aisée culturellement est de faire appel à des produits laitiers ». S’il est présent dans le lait, on retrouve toutefois le calcium dans d’autres aliments, « comme les crucifères et les eaux calciques, complète le Dr Laurent Chevallier, médecin nutritionniste en maternité et auteur du Guide antitoxique de la grossesse (éd. Marabout). Mais il a une très bonne biodisponibilité dans les produits laitiers ».
Ainsi, le programme national nutrition santé (PNNS) recommande de consommer trois produits laitiers par jour. Un chiffre qui grimpe à quatre pour les enfants, les adolescents et les personnes âgées. « Il y a un intérêt particulier chez les seniors à consommer plus de produits laitiers. Le calcium est nécessaire à tous les âges de la vie, confirme Nicole Darmon, mais en vieillissant, il prévient les risques osseux ». Et les produits laitiers contiennent d’autres nutriments essentiels, comme « le zinc, les vitamines B6 et B12 ou encore l’iode, un nutriment dont beaucoup manquent », poursuit la chercheuse. « Les vitamines B6 et B12 participent au bon fonctionnement du cerveau et de l’organisme, ainsi qu’à la fabrication des globules rouges, complète le Dr Laurent Chevallier. Mais les produits laitiers sont aussi et surtout une source peu chère de protéines de qualité. Les seniors ont tendance à manger moins, notamment moins de viande. Compenser par des produits laitiers permet un apport suffisant en protéines et prévient la fonte musculaire et la dénutrition, fréquentes chez les personnes âgées ».
Attention à la qualité des produits (et à leur quantité)
Aujourd’hui, rares sont les aficionados du lait. L’une des causes : beaucoup éprouvent un inconfort digestif après en avoir bu. « L’intolérance au lactose, le principal sucre du lait, est due à un déficit en lactase, une enzyme qui permet de digérer le lactose, explique le Dr Laurent Chevallier. Sans elle, le lactose arrive au côlon, perturbe le transit et cause des douleurs. Ce déficit a une origine partiellement géographique, poursuit le médecin nutritionniste. Dans le nord de la France, environ 20 % de la population a un déficit en lactase, mais dans le Sud, ce chiffre grimpe à 50 % ».
Ceux qui n’aiment ou ne digèrent pas le lait se tournent naturellement vers ses produits dérivés. Mais « tous les produits laitiers ne se valent pas, avertit le Dr Chevallier. Il faut faire attention à la qualité des produits laitiers que l’on consomme. Aujourd’hui, le problème majeur du lait est sa qualité, la façon dont on nourrit les vaches laitières, donc que ce soit en lait, yaourt ou fromage, mieux vaut se tourner vers le bio, préconise le médecin. Et les produits laitiers ultra-frais et les plus bruts possible : on évite les desserts lactés riches en sucre, colorants et autres additifs, et les produits écrémés, qui perdent leurs vitamines ». En revanche, « yaourts nature, fromage blanc, petits suisses et fromage frais » sont les plus vertueux et « à privilégier pour les seniors, poursuit le médecin nutritionniste. Aussi, dans les produits laitiers fermentés, comme le yaourt ou le kéfir, le lactose est digéré par les bactéries, ils sont riches en probiotiques, qui équilibrent le microbiote intestinal ».
Sans surprise, les Français sont aussi de grands amateurs de fromage, dont ils sont les premiers consommateurs mondiaux. « Attention à ne pas en manger de trop grandes quantités, prévient le Dr Laurent Chevallier, surtout si on contrôle son poids. Le fromage est très riche en acides gras saturés et en sel, et c’est une bombe calorique. On peut en manger un petit morceau tous les jours, mais si on s’offre une orgie de fromage à un repas, on mange léger à côté ».