PARASHAT VAYISHLAH 2017 – Samedi 2 décembre 2017 – horaires Ashdod : entrée 16 h 07 – sortie 17 h 17
OU IL EST ENCORE QUESTION D’ANGES LE LANGAGE DES ANGES.
Le début de cette lecture nous apprend que Jacob abandonnant le domicile de Lavan à Haran avec ses femmes et ses enfants, ses employés et ses troupeaux, se prépare à la rencontre si redoutée avec son frère Esaü. Les premiers versets de la parasha énoncent que Jacob, en chemin, vit des anges et nomma ce lieu « Mahanayim [1]». Rashi précise qu’il s’agit d’anges véritablement et, l’ensemble des exégètes de s’interroger : de quels anges s’agit-il ? Et, pourquoi « deux » camps d’anges ? La réponse à la question découle d’un argument allusif opposé à Esaü par Jacob qui dit à celui-ci : « J’ai habité chez Lavan ! »
En effet dans cette phrase qui semble anodine, l’on nous enseigne, qu’en inversant les lettres du mot « habité » ou גרתי en hébreu que Jacob a renseigné son frère en lui indiquant que, bien qu’il ait vécu chez leur oncle qui n’est autre qu’un idolâtre, il n’a subi aucune influence de la part de ce milieu dans lequel il a évolué et, au contraire, il a observé les 613 mitsvoth (commandements) de la Torah car, le mot hébraïque גרתי est d’une valeur numérique de 613. Sur le plan mystique, nous savons que n’importe quel Juif qui étudie la Torah et accomplit des mitsvoth engendre des Anges.[2] De même, chaque bonne parole donne naissance à un ange défenseur.
Ces anges –là étaient cantonnés en un camp. D’où provenaient alors les autres anges et qui étaient ceux qui occupaient le deuxième camp ? Jacob possédait la faculté de « voir » les anges c’est ainsi qu’il put distinguer entre ses anges défenseurs générés par son étude et ses actes qui accompagnaient le patriarche depuis Haran vers Canaan et ceux d’Eretz Israël qui avaient rejoint les autres ceux-ci provenant de la légion céleste et des Cieux dont le siège se trouvait dans le « camp » divin. Ce sont donc deux camps distincts que Jacob aperçut.
Jacob prépara minutieusement cette rencontre avec son frère dont, nous le rappelons, la colère s’était enflammée. Il envoie des messagers qui vont adresser à l’homme redouté, un discours mais aussi des présents qui eux aussi représentent des valeurs fortes :
A ses anges-messagers il transmet le discours suivant qui, en fait, s’adresse à D[3] « J’ai habité chez un impie, dans une atmosphère idolâtre mais j’ai malgré tout observé les 613 mitsvoth et je ne crains point le mal ». L’on est en droit de se poser la question de savoir comment Jacob n’a pu être influencé par cette atmosphère et ceci a été possible parce que Jacob s’imaginait vivre dans une ferme avec toutes sortes d’animaux qui n’auraient pu, en aucun cas l’influencer d’une manière ou d’une autre ! La péricope commence par le mot Vayishlah : il a envoyé mais, comme il parlait avec des Anges il est possible de dire qu’il « chuchota » aux oreilles des anges le discours qu’il entendait tenir à Esaü car le mot shine-lamed-heth (envoyer) peut s’inverser et on lira alors lamed-heth-shine (chuchoter).
La quantité de bétail donnée en cadeau à Esaü est symbolique et nous ramène à la prophétie étudiée lors de la parashat vayétsé lorsque D laisse entrevoir les quatre royaumes qui exileront le peuple juif et le cinquième niveau messianique cette fois. En effet, Jacob envoie à Esaü des chèvres, des chameaux, des bœufs, des ânesses et des ânes.
Le total de ce présent est non pas de 550 mais de 580 bêtes remarque le Or HaHayim[4] car il est écrit que les chameaux étaient en compagnie de leurs petits donc il s’agit de 580 animaux. Pour certains commentateurs, ce chiffre est important car il nous apporte de nombreux enseignements : tout d’abord sur la quantité du bétail offert à son frère : proportionnellement aux richesses accumulées pendant les 20 années de l’exil de Jacob à Haran, le « cadeau » est infime s’exprime Rabbénou Behayé ! Ensuite, pourquoi a-t-il disposé les bêtes dans l’ordre cité dans la sidra à savoir des bêtes pures e puis des bêtes impures et pourquoi les chèvres d’abord et puis les brebis ? Puis les bœufs et enfin les ânes ? En quoi le nombre de bêtes offertes à Esaü est-il important ? 550 ou 580 ?
Voici les réponses à ces questions : En prenant au pied de la lettre les quantités énoncées dans les versets 15 et 16 du chapitre XXXII, le total de toutes les bêtes énumérées est de 550 qui est la valeur numérique du mot נשר = aigle. Or, l’aigle est un prédateur, un volatile qui va chercher la nourriture et l’aigle est le symbole d’Edom. Edom est Esaü. Si, comme le soutient le Or HaHayim il s’agit de 580 car les trente bébés chameaux n’avaient pas été dénombrés étant donné qu’ils sont allaités, la signification est tout autre :
En effet, Esaü est un prédateur mais il est surtout l’emblème de l’esprit du mal ou des « forces du mal » que Rashi, en s’appuyant sur le verset 24 du chapitre XXXII du Deutéronome nomme clairement « les démons ». La Guemara définit ce concept de la manière suivante : les démons ce sont : « Sam… et L’I’L’I’et tav » [5]. Le mot רשףest en français : démon et sa valeur numérique est 580. Ces deux-là sont aussi appelés : רשף מזיקין. Le Or HaHayim inscrit que quiconque étudie la Torah ou, tout au moins, lit le « shémâ Israël » écarte de lui ces démons car les noms de ces deux-là équivaut à 611 tout comme lé havdil la somme du mot TORAH et en conséquence, étudier la Torah protège la personne de ceux qui nuisent. Ainsi, en offrant 580 animaux à Esaü, Jacob se protège – ainsi que tous ceux qui sont avec lui y compris ses femmes et ses enfants – du pouvoir des forces du mal.
L’ordre dans lequel Jacob envoie son cadeau à son frère est ainsi : les chèvres qui sont rattachées à l’exil de Babylone. Chèvre se dit עז en hébreu la première lettre est un âyine et sa valeur numérique est 70 soit les 70 ans où les Juifs sont restés en exil à Babel
Puis viennent les brebis (רחלים) qui se rattachent à l’exil de Médée et de Perse. Ici, l’allusion est très forte car il s’agit de Rahel qui donna naissance à Benjamin de la tribu duquel seront issus Esther et Mordékhay à la cour d’Assuérus et la lettre resh a une valeur de 200 ou 200 ans d’exil en Perse.
Viennent ensuite les chameaux sur lesquels nous disserterons largement mais sur lesquels nous pourrons dire rapidement ceci : à ce stade, les chameaux donnent une allusion sont rattachés au royaume des Grecs car les Hashmonayim qui ont combattu les Grecs et les ont défaits étaient des personnes pratiquant le Hessed (Guemilout hassadim) l’expression guemilouth hassadim découle du mot gamal = chameau, arrivent encore les bœufs et les vaches qui font allusion au royaume d’Edom en raison du verset des Psaumes XXII, 13 : des taureaux nombreux m’environnent סבבוני פרים רבים et, enfin, les ânes et les ânesses ferment la marche : car c’est sur un âne que chevauchera le Mashiah pour aborder le septième millénaire.
Abram est devenu Abraham et Saraï est devenue Sarah. Isaac et Rivka n’ont subi aucun changement dans leurs noms mais Jacob devient Israël. Ce changement de nom intervient à un moment où justement , de par le fait qu’il a accepté de s’exiler en attendant que son frère se calme, et parce qu’il a consacré ces vingt années à étudier et à former ses femmes et enfants aux mitsvoth de la Torah, le patriarche est parvenu à une plénitude proche de la perfection (70) ainsi, Israël et sa perfection (ou plénitude) = 611 = Torah c’est la raison pour laquelle, en luttant contre l’esprit du mal qui l’entourait chez Lavan, il s’est enfermé dans le monde de la Torah et a combattu le Satan et est devenu Israël.
Caroline Elishéva REBOU
MA Hebrew and Judaic Studies
Administrative Director of Eden Ohaley Yaacov
0547891691
[1] Le suffixe hébraïque « ayim » est l’indication qu’il s’agit de « deux » comme yad = main et yadayim=deux mains. Ici, mahané = camp et mahanayim = deux camps d’où l’intérêt de la question posée.
[2] De bons anges qui se porteront à la défense de la personne en cas de besoin alors que dans le cas contraire, à chaque mauvaise action naît un ange « accusateur ».
[3] Jacob parle à « son Seigneur » = Adony et il faut savoir qu’en règle générale lorsqu’un sage s’adresse à un personnage important et impie, le discours ou la supplique est adressée à D.
[4] Rabbi Hayim ben Atar Meknès (Maroc) 1696 –1743 Jérusalem.
[5] La tradition rabbinique ne nomme pas ces êtres précisément : mais seulement en épelant ces noms : S’ A’ M’ A’ KE’ L et sa compagne comme écrit ci-dessus.