La nourriture, et particulièrement celle ingérée dans le TCA boulimique, a une fonction de récompense. Elle réconforte, console, occupe, tandis que le sujet ne fait que tromper l’ennui. Sans s’en rendre compte, la personne souffrant de boulimie s’octroie de droit un plaisir immérité, car il se substitue au devoir de la souffrance.
Dans le trouble boulimique, le sujet use de la nourriture comme d’un calmant. Soit dit en passant, il n’est pas rare d’entendre que les aliments qui « font plaisir », sont les aliments sucrés, le chocolat par exemple. Et il est bon de se faire plaisir, tant que la satisfaction ne tourne pas à la compulsion.
Dans la boulimie, le plaisir poussé à l’extrême devient un enfer du quotidien. Elle est l’avant-garde d’un calvaire à venir, celui de la culpabilité, de la tristesse, des vomissements, des efforts physiques outranciers…
C’est comme si la personne se plongeait dans un bain chaud, relaxant, apaisant et agréable, pour se jeter ensuite dans une eau froide, d’autant plus froide qu’elle coule en aval d’eaux meilleures.
Dès lors, à défaut de prévenir le trouble boulimique et d’en tirer un bénéfice apparemment conscient, il s’agirait plutôt de faire face à sa souffrance.
Comment ?.. en la laissant venir en nous, en faisant l’expérience de la souffrance plutôt que de l’évincer pour la laisser revenir de plus belle. Cette démarche n’est emprunte d’aucun masochisme moral ; seulement, pour abattre la boulimie, il faudrait battre le fer pendant qu’il est encore chaud. Autrement dit, il serait conseillé de comprendre et d’éprouver au plus profond de soi ses angoisses pour les apprivoiser, peut-être ; au lieu de se rendre aveugle à ses propres douleurs.
Dans la boulimie, il convient de faire l’effort de la souffrance pour espérer obtenir le bien du réconfort.
Géraldine Munch sur Boulimie.com par Pascal Couderc