PROVOCATION DU QUAI D’ORSAY ! DES COURRIERS DE CONVOCATION ÉLECTORALE QUI PLACENT DES LOCALITÉS ISRAÉLIENNES EN « TERRITOIRES PALESTINIENS » !
Ci-dessous la lettre ouverte du Député Meyer Habib au ministre des affaires étrangères. Copie au Président de la République et au candidat Emmanuel Macron.
Paris, le 3 mai 2017
Monsieur le Ministre,
C’est avec consternation que j’ai appris l’utilisation de la mention « territoires palestiniens » dans les adresses d’expédition utilisées par le Quai d’Orsay pour une grande partie de nos compatriotes de la circonscription consulaire de Jérusalem. En témoignent les exemples en pièces jointes. Aussi, depuis plusieurs jours, je suis interpellé à ce sujet par des dizaines de Franco-israéliens qui me font part de leur sentiment de colère, d’écœurement et d’humiliation. Je tiens à souligner que ce n’est, hélas, pas la première fois que ce type d’incident se produit. En juillet 2013 déjà, j’avais écrit à votre prédécesseur Laurent Fabius pour signaler des mentions « Israël » barrées sur des plis transitant par notre Consulat général à Jérusalem.
L’utilisation de la mention « territoires palestiniens » pour certains quartiers de Jérusalem et de nombreuses localités juives dans sa périphérie résulte d’une interprétation rigide de la doctrine du Quai d’Orsay. A ce jour, même si je le regrette, la France continue de préconiser un retour aux frontières de 1967 ; nous avons déjà eu plusieurs occasions de faire état de nos divergences sur ce sujet. Le Président de la République a toutefois exprimé en novembre 2013 son souhait que Jérusalem soit la capitale de deux Etats, reprenant la ligne définie en juin 2008 par son prédécesseur, Nicolas Sarkozy.
Monsieur le Ministre, pour avoir une quelconque crédibilité dans un futur processus de paix israélo-palestinien, que nous appelons tous de nos vœux, il faut être réaliste. Un retour aux frontières de 1967, fantasmé par les tenants de la ligne officielle du Quai d’Orsay depuis bientôt cinquante ans, est pure chimère. Jamais Israël ne l’acceptera. Nul mieux qu’Abba Eban, légendaire ministre israélien des affaires étrangères de 1966 à 1974, pourtant colombe parmi les colombes, l’a exprimé à travers l’expression « frontières d’Auschwitz », tant le retour à la « ligne verte » de 1967 serait un suicide pour Israël. Pour s’en convaincre, il suffit d’imaginer la réédition en Judée-Samarie du scénario qui a suivi le retrait unilatéral de la Bande de Gaza en 2005, avec la mise en place d’un Etat djihadiste à quelques centaines de mètres de la Knesset, laissant Tel-Aviv et l’aéroport international Ben Gourion à portée de roquette…
Comme l’immense majorité des Français d’Israël, du peuple juif et des amis d’Israël, je considère que Jérusalem, capitale historique du peuple juif depuis 3 000 ans, a vocation de rester la capitale indivisible de l’Etat d’Israël. Je précise à cet égard que la liberté de culte n’est pleinement garantie que depuis sa réunification en 1967, il y a cinquante ans presque jour pour jour. En tout état de cause, quelles que seront les termes d’un accord final, directement négocié entre les parties, il est aujourd’hui acquis qu’a minima, y compris pour la Gauche israélienne, des localités juives comme Modiin Illit, Gilo, Giv’at Zeev, Giv’a HaTsarfatit et bien d’autres resteront sous souveraineté israélienne.
Plus généralement, il est grand temps de changer de logiciel : c’est une erreur d’analyse de se focaliser sur les frontières, d’être aveuglé par la question des « territoires » ou de prétendues « colonies ». D’abord, comme je l’ai dit le 17 janvier dernier à l’Assemblée nationale : jamais un Juif ne sera un colon à Jérusalem ou en Judée. Ce serait un hérésie ! Ensuite, le cœur du conflit israélo-palestinien réside dans le refus, plus ou moins exprimé mais commun au Fatah, du Président Mahmoud Abbas, et au Hamas, d’une présence juive, et même non-musulmane, au Proche-Orient et à Jérusalem en particulier. A cet égard, les persécutions endurées par les Chrétiens d’Orient sont une conséquence du même totalitarisme islamique qui refuse de reconnaître Israël dans quelques frontières que ce soit. Il ne s’agit pas un conflit de territoires mais une guerre de civilisation, la même que les djihadistes nous ont déclarée et qui a coûté la vie à près de 250 de nos compatriotes depuis janvier 2015. Quel conflit territorial y a-t-il à Paris, Bruxelles, Nice ou Berlin ?
Force est de reconnaître que par-delà les débats politiques et juridiques, le choix délibéré du Ministère des Affaires étrangères de placer des localités israéliennes en « territoires palestiniens » est une provocation, ayant pour effet d’humilier les Français d’Israël. Dans l’attente d’un règlement négocié, le Quai d’Orsay pourrait, a minima, utiliser l’adresse suivie d’une expression neutre comme « Jérusalem ».
Ce biais antisioniste d’une partie de nos diplomates discrédite notre pays dans la région et va à l’encontre des objectifs d’apaisement, en braquant les parties en présence. C’est ce même dogmatisme qui a conduit, de manière honteuse, la France à soutenir à l’UNESCO en avril 2016 – puis à s’abstenir en octobre – des résolutions niant les liens historiques entre le peuple juif et Jérusalem, poussant l’imposture jusqu’à islamiser le Mont du Temple et le Mur occidental. Je note au passage que ces votes désavouent les engagements du Président de la République et du Premier ministre et s’inscrivent en rupture avec la position de nos principaux partenaires européens et occidentaux. Sans surprise, notre pays persévère dans cette voie sans issue, comme on l’a vu hier encore quand il s’est abstenu sur une résolution semblable. A croire que la raison d’être de l’UNESCO consiste à déjudaïser Jérusalem, non sans la complicité de fait de votre gouvernement…
En définitive, la politique du Quai d’Orsay sur Jérusalem a pour conséquence d’éloigner de la France une grande partie de nos quelques 150 000 compatriotes d’Israël. Elle sape les efforts que j’ai déployés depuis des années pour les rapprocher de notre Consulat général à Jérusalem et des institutions françaises. La situation était effectivement particulièrement dégradée au début de mon mandat ! Dois-je rappeler que le 7 avril 2013, le jour de Yom HaShoah, la minute de silence en mémoire des victimes de la Shoah n’a pas été respectée au Lycée français de Jérusalem, à la demande expresse du proviseur placé sous l’autorité hiérarchique du Consul général? Que le 20 septembre 2013, l’attachée de coopération humanitaire au Consulat général, Madame, Fesneau-Castaing, a giflé de manière inadmissible et choquante un soldat israélien ? Sans parler de cette sombre affaire de contrebande d’or, d’argent et de cigarettes développée par le chauffeur du Consul général en se servant d’un véhicule du corps consulaire…
Monsieur le Ministre, quand diplomatie devient posture et falsification, elle vire à la farce et au discrédit. Pour être efficace, notre diplomatie doit tenir compte des réalités. La réalité, c’est que notre ennemi est aujourd’hui le totalitarisme islamique. La réalité, c’est que Jérusalem est et restera la capitale unifiée d’un Etat d’Israël fort, en pleine expansion économique et comptant près de 9 millions d’habitants. La réalité, c’est qu’il y a quelques mois déjà le Président américain Donald Trump a annoncé sa volonté de transférer l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem et que la diplomatie russe se rapproche d’une position analogue. Quand on évoque le statut de Jérusalem, il faut dépasser la doctrine d’après-guerre pour se projeter dans le XXIème siècle et comprendre qu’Israël est une alliée qui partage nos valeurs et est en première ligne contre le djihadisme. Notre politique étrangère doit respecter le droit international mais ce dernier ne doit pas être frauduleusement instrumentalisé pour travestir les faits, à plus forte raison quand il s’agit d’un droit à géométrie pour le moins variable.
C’est pourquoi je vous demande de modifier le pays de résidence pour les Franco-israéliens résidant dans la circonscription de Jérusalem. Compte tenu de la persistance et de la sensibilité du problème, j’ai décidé de rendre cette lettre publique, d’en envoyer copie au Président de la République et d’informer Monsieur Emmanuel Macron, qui, je l’espère, sera élu Président de la République le 7 mai prochain.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.
Meyer HABIB
Copie au Président de la République
Copie à M. Emmanuel Macron
Monsieur Jean-Marc Ayrault
Ministre des Affaires étrangères et du développement international
37 Quai d’Orsay
75007 Paris