L’intolérance au gluten est-elle due à un virus ?
Selon une étude menée par l’université de Chicago et publiée dans la revue scientifique « Science », un certain type de virus intestinal pourrait favoriser les conditions de la maladie cœliaque, à l’origine de l’allergie au gluten.
En France, les scientifiques estiment qu’environ 1 Français sur 300 serait intolérant au gluten. Au niveau mondial, cette maladie auto-immune, également appelée maladie coeliaque, toucherait entre 0,5% et 1,5% de la population. Il s’agit d’une réaction du système immunitaire anormale liée à l’absorption de gluten, un ensemble de molécules que l’on trouve dans le seigle, le blé et l’orge.Cette intolérance ne se déclenche que chez des sujets prédisposés génétiquement, alors même que nous sommes bien plus nombreux à regrouper, les conditions de développement de l’intolérance au gluten, explique Nadine Cerf-Bensussan, chercheuse à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), à Franceinfo.Alors comment expliquer que certains sont pris de ballonnements, douleurs abdominales ou diarrhées ? Selon une étude de l’université de Chicago et de Pittsburg, publiée cette semaine dans la revue scientifique Science, cela pourrait être dû à un certain type de virus intestinal.
Les effets du « réovirus »
Appelé « réovirus », celui-ci est pour la plupart d’entre nous inoffensif mais il créerait chez certains les conditions nécessaires au développement de la maladie coeliaque. Un test mené sur des souris a permis de montrer le développement d’une réaction immunitaire anormale dans l’intestin de l’animal après l’injection de deux souches apparentées de ce réovirus et l’absorption de gluten.
Enfin, les chercheurs ont constaté dans leur étude, la présence en plus grand nombre d’anticorps contre le réovirus dans l’organisme de patient atteint de maladie coeliaque. Ce virus pourrait donc faire surréagir le système immunitaire. Un phénomène qui serait accentué par le fait que la plupart des enfants absorbent leurs premières céréales avec gluten vers l’âge de 6 mois, quand leur système immunitaire continue à se former. « Ces virus peuvent alors laisser des séquelles intestinales durables », explique Bana Jabri, directrice de recherche à l’université de Chicago.
Une piste déjà évoquée
Il faut toutefois relativiser la portée de cette nouvelle étude, estime Nadine Cerf-Bensussan. Cela fait déjà plusieurs années que l’hypothèse d’un virus a été soulevée par la communauté scientifique. « Une gastro-entérite ou une infection intestinale pourrait perturber les mécanismes immunitaires, qui assurent la tolérance vis-à-vis des protéines alimentaires comme le gluten », explique la chercheuse de l’Inserm à France info. Si l’étude de Science évoque cette piste avec un nouveau virus, elle ne prouve toutefois pas que ce dernier est à l’origine de la perte de tolérance, simplement qu’il la favorise.
Il faut donc encore rester prudent quant aux conclusions et l’idée d’un vaccin permettant de prévenir cette maladie auto-immune qu’est l’intolérance au gluten reste encore très hypothétique.