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Investir dans l’art peut rapporter gros, encore faut-il savoir comment s’y prendre

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Dans un environnement de taux bas, voire négatifs, il est devenu quasi impossible de gagner véritablement de l’argent avec un placement. Et si le marché de l’art était une bonne alternative ?

En forte croissance, il serait aussi très rentable, selon Thierry Ehrmann, le fondateur et PDG d’Artprice, leader mondial des données sur le marché de l’art. Cet artiste devenu maître dans l’analyse statistique de l’art explique pourquoi ce marché a considérablement changé en 15 ans et comment investir sereinement dans une œuvre.

Vieux de plus de 1.000 ans et longtemps réservé aux plus riches, le marché de l’art s’est incroyablement démocratisé ces dernières années grâce à la dématérialisation de l’information et la financiarisation. De 500.000 collectionneurs dans l’après-guerre, les consommateurs d’art sont aujourd’hui plus de 70 millions sur tous les continents. Confrontés à des rendements historiquement faibles, les banques et fonds d’investissement se ruent à leur tour sur le marché de l’art. Avec l’émergence des taux négatifs depuis deux ans, le nombre d’abonnements de professionnels de la finance sur Artprice a triplé, selon son patron Thierry Ehrmann.

Un autre élément soutient durablement le marché d’art : le développement de l’économie « muséale ». En effet, il s’est ouvert plus de musées entre 2000 et 2014 que durant tout les 19 ème et 20 ème siècle ! Chaque année, 700 nouveaux musées de stature internationale ouvrent leurs portes, dont 70% en Chine. Or ces musées doivent acheter des œuvres en grande quantité (4 à 5.000 pièces en moyenne) et fait nouveau, dans un but lucratif. A la manière des parcs d’attraction, les musées sont aujourd’hui prêts à débourser des millions pour une œuvre exceptionnelle qui attirera les visiteurs. Surtout, à la différence des collectionneurs, les musées revendent très rarement leurs œuvres d’art, on dit qu’ils les « avalent », ce qui tire l’ensemble du marché vers le haut.

Rendements impressionnants à partir de 20.000 euros

Leader mondial de la cotation des œuvres d’art (avec 118 millions d’œuvres tracées de 628.000 artistes), Artprice a calculé, sur des millions de transactions, que le rendement d’une œuvre de 20.000 euros est en moyenne de 9% par an et il grimpe de 12 à 15% pour une œuvre de 100.000 euros. Des rendements impressionnants, qui ne sont pas réservés aux artistes stars, selon la société lyonnaise. Au delà de 100.000 euros, les rendements peuvent devenir délirants, nous confie Thierry  Ehrmann. D’une manière générale, le marché de l’art a résisté à toutes les crises depuis 2000 et s’est comporté bien mieux que la Bourse par exemple. Affecté par les incertitudes économiques, le marché de l’art a chuté de 10% en 2015 et a connu un nouveau trou d’air en début d’année, faute de chefs-d’oeuvre en quantité suffisante, mais les transactions continuent d’augmenter et au 2 ème trimestre, l’indice global des prix calculé par Artprice est à nouveau en progression.

Evolution du marché de l'art par rapport au CAC 40 depuis 2000©Artprice

Evolution du marché de l’art par rapport au CAC 40 depuis 2000

©Artprice

Malgré la crise économique, le prix des œuvres échangées en ventes publiques a augmenté de 91% en 16 ans (+43% pour l’art contemporain), contre une performance de +40% pour le S&P 500, +54% pour le DAX ou une contre performance de -22% pour le CAC 40. Encore plus explicite, en volume, le marché de l’art contemporain a progressé de 1.200% depuis 2000, ce qui témoigne bien d’un engouement exceptionnel.

Une incroyable source d’informations accessible à tous

Pour investir sur le marché de l’art, plus besoin d’être un initié. Grâce à internet, un particulier peut disposer d’autant d’informations qu’un grand expert des années 1980, à condition de savoir les utiliser. C’est justement à cette époque qu’Artprice a commencé à constituer son immense base de données en rachetant petit à petit des centaines de milliers de manuscrits et de catalogues de ventes publiques datant de 1700 à nos jours, avec des informations très précises sur les œuvres d’art, auxquelles Artprice a rajouté la biographie des artistes et des photos des œuvres en haute définition.

Parmi ses 4,5 millions de membres dans près de 100 pays, on compte des experts (y compris la police pour dénicher les faux !), des collectionneurs, des musées mais aussi 4.500 maisons de ventes qui se renseignent sur les dernières tendances ou mettent directement en vente leurs œuvres sur la salle des ventes virtuelle inventée par Artprice. A partir de toutes les informations récoltées, la société lyonnaise est la seule au monde à pouvoir calculer le rendement d’une œuvre, vendue à plusieurs reprises ces dernières décennies.

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Artprice a aussi développé des outils très fins qui permettent par exemple de suivre la performance d’un artiste, la comparer à celle d’un autre, aux indices boursiers, ou à l’ensemble du marché de l’art. Toutes ces informations, simples d’approche, permettent de prendre une décision d’investissement, à moindre coût (329 euros par an pour l’abonnement le plus complet).

Les conseils de base pour investir sereinement

Selon Thierry Erhmann, l’achat d’une œuvre d’art présente peu de risques, à condition de respecter quelques règles de base. Tout d’abord, la traçabilité de l’œuvre doit être parfaite : elle doit être attestée par la galerie ou l’expert qui représente l’artiste ou ses ayants-droits. Si l’œuvre apparaît dans un catalogue raisonné, c’est-à-dire un ouvrage très détaillé qui fait l’inventaire des œuvres et retrace le parcours l’artiste, la certification est alors absolue. Deuxièmement, il faut toujours acheter un artiste coté, c’est-à dire que l’une de ses oeuvres est déjà passée dans une enchère publique et figure dans un catalogue de vente.

Ensuite, « évitez les grands formats, ou alors préférez le format à l’italienne, à l’horizontal, plus adaptés aux petits appartements new-yorkais ou londoniens », conseille le patron d’Artprice. En suivant ces règles de base, une belle opération est assurée après quelques années. Bien choisies, les œuvres d’art se vendent très bien, en quelques jours. Avec la quantité d’information disponible sur les œuvres d’art et les artistes, il est aujourd’hui possible d’estimer le prix d’une œuvre. Dans ces conditions, il ne faut pas hésiter à négocier, selon Thierry Erhmann, pour qui l’adage « l’art n’a pas de prix » n’est plus vrai depuis 30 ans.

Comment trouver l’artiste et les informations essentielles à connaître

Pour les particuliers, les marchés de l’art ancien et moderne (Picasso, Braque, les impressionnistes…) sont de moins en moins intéressants pour investir. « On ne trouve plus d’œuvres de qualité muséale sous 5 à 10 millions d’euros », explique Thierry Erhmann. En revanche, le marché de l’art contemporain regorge d’opportunités car il y a beaucoup d’artistes, qui ne cessent de produire des œuvres. Dans ce segment, le dessin et la photographie ont gagné leurs lettres de noblesse et méritent une attention particulière. Alors comment trouver les artistes qui montent ? Le plus simple est de regarder les classements comme le Top 500 mondial des artistes, général, ou seulement pour l’art contemporain, publiés chaque année gratuitement par la société.

Extrait du classement des artistes au 1er semestre 2016©Artprice

Extrait du classement des artistes au 1er semestre 2016 ©Artprice

Après avoir identifié les artistes en forte progression, on peut visiter la fiche de l’artiste et connaître une foule d’informations, comme sur cet exemple de François Boucher. L’idée est de repérer des tendances, en regardant le chiffre d’affaires et s’assurer que la liquidité, comme pour tous les autres placements, est suffisante en vérifiant le nombre de lots vendus chaque année et le taux d’invendus. « Un artiste qui vend 30 à 40 œuvres par an est une bonne moyenne. De même, le taux d’invendus ne doit pas dépasser 50%, la moyenne étant légèrement au-dessus de 30% », recommande Thierry Erhmann.

De nombreux tris sont possibles, par prix, catégorie d’œuvre (peinture, estampe, dessin…), ou pays. La géographie des ventes est d’ailleurs très importante. Si un artiste se vend toujours mieux dans son pays d’origine, il est indispensable qu’il ait une visibilité internationale, idéalement avec des ventes à Londres ou New-York, qui génèrent plus de la moitié du marché de l’art mondial. Dans la biographie de l’artiste, on pourra simplement vérifier si ses œuvres ont déjà été exposées à l’étranger, dans des foires, des expositions individuelles ou collectives, ou des galeries reconnues. En sachant, qu’en général, après ses 45 ans, il est rare qu’un artiste perce en dehors de ses frontières.

Avec une approche de rentabilité, l’investissement dans l’art, comme dans la Bourse ou dans l’immobilier, est donc tout sauf un achat coup de tête et doit reposer sur une décision éclairée à l’aide des nombreuses informations disponibles. En suivant quelques règles simples, de bons rendements sont quasi assurés, d’autant que la fiscalité française y est très favorable. Sans oublier bien-sûr qu’au delà d’un investissement, une œuvre d’art a aussi l’avantage d’être agréable à regarder !

Jonathan Chelet
Source : capital.fr

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