Depuis son décès en mai 2015, les portraits de moutons de Menashe Kadishman – caractéristiques de son travail – peuvent être vus dans la quasi-totalité des galeries du pays. Pourtant, il y a environ dix ans, ses œuvres avaient été unilatéralement retirées des vitrines des galeries d’Israël. A l’époque, on pensait que de nombreux faux circulaient et Kadishman avait pris la décision de retirer ses œuvres du marché de l’art israélien durant cinq ans.
Kadishman lui-même affirmait que sa carrière artistique n’avait pas commencé avec des moutons, mais avec un arbre. Il en peignit un sur le mur du musée d’Israël à l’occasion de son 25eanniversaire.
Son art ne connut pas immédiatement la reconnaissance et le succès. Mais le jeune artiste ne se laissa pas décourager pour autant et continua ses expérimentations sur le thème de la nature et de l’art en exposant des arbres décorés et des sculptures au milieu de la forêt, comme à Montevideo en Uruguay, puis à Central Park à New York.
Il alla plus loin dans son art avec les Negativetrees (Arbres en négatif), qu’il exposa au Lac Berta , à Duisbourg en Allemagne.
Plus tard, Menashe Kadishman abandonna les arbres et la forêt pour se consacrer aux feuilles. Son installation Shalechet (Les Feuilles mortes) représente des visages à la bouche grande ouverte,comme Le Cri de Munch. Elle est située dans l’un des espaces vides du bâtiment de Libeskind du Musée juif de Berlin, où plus de 10 000 visages découpés dans de lourds disques d’acier recouvrent le sol. Ces visages ont vocation à rappeler aux visiteurs les victimes innocentes d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
Kadishman naît en 1932 à Tel Aviv, en Palestine sous mandat britannique. Il se voit comme un pionnier et devient berger dans un kibboutz. Il entame ensuite une carrière artistique en étudiant la sculpture avec Rudi Lehmann et Moshe Sternschuss.
Ensuite, il s’installe à Londres, où il poursuit ses études à la Saint Martins School of Art et à la Slade School of Fine Art. Il reste 12 ans en Angleterre, où il expose pour la première fois des sculptures crues et imposantes qui traduisent sa perception d’Israël.
Même après son retour en Israël, il réalise de nombreuses expositions en Amérique et en Europe. Il représente ainsi son pays à la Documenta de Cassel en 1968, et en 1978 à la Biennale de Venise où, revenant à son sujet de prédilection, il transforme son stand en étable et lui donne vie avec des moutons exposés en chair et en os.
Il reçoit le prix Israël en 1995.
Nicole SURKES (Artists Planet)