Depuis que le jour de l’Indépendance est célébré en Israël : le 14 mai 1948 ou 5 Iyar 5708, des controverses parfois sévères partagent l’opinion publique : certains soutiennent que l’ère messianique est enclenchée et d’autres affirment le contraire.
Analyse : Le 29 novembre 1947, l’ONU votait par 33 voix pour, 13 contre et 10 abstentions, le droit d’Israël à son indépendance et à son droit souverain de vivre et d’exister pour la plus grande joie des Juifs qui résidaient déjà en Israël et la liesse embrasa la population qui sentit qu’un « miracle » venait de se produire et que désormais, les Juifs pourraient rejoindre ce foyer national du peuple Juif.
La première alya[1] ayant eu lieu de 1882 à 1903 en provenance de Russie, de Roumanie ou du Yémen (25,000 Juifs), et la deuxième alya de 1904 à 1914 (35,000 Juifs) en provenance de Russie et de Pologne, c’est après la cinquième alya que sont arrivés les survivants de la Shoah et tous ceux qui ont décidé d’ouvrir un nouveau chapitre sur le sol promis aux patriarches. Certains y ont vu un miracle promesse de la venue prochaine du Messie, mais, d’autres non et parmi eux ceux qui ne parlent que le Yiddish pensant que l’hébreu n’est utilisable que pour les prières ou l’étude sacrée et que l’hébreu ne pourrait servir de langue vernaculaire qu’à la venue du Messie.
Le fait que l’Etat d’Israël soit dirigé et gouverné par des personnes non-observantes et non férues de Torah a entraîné la plupart des personnes juives orthodoxes dans les rangs de personnes ne se réclamant pas obligatoirement de sionisme.
Les raisons, souvent avancées par les « laïcs », du manque de sionisme des orthodoxes sont la plupart du temps mal interprétées ou mal véhiculées ainsi l’on entend souvent dire que pour profiter des institutions gouvernementales, les orthodoxes sont toujours les premiers mais, qu’au contraire, haïssant le pays, ils répugnent à servir dans l’armée. En fait, la vérité est toute autre : ils déplorent que, par manque d’observance, la casherout ne soit pas observée comme ils le souhaiteraient au sein des différentes unités militaires, et que la mixité soit tolérée avec trop de laxisme etc…
A l’heure actuelle, il est vrai que l’on relève d’avantage d’engagement du côté haridi en faveur de l’armée, de la police, du Mishmar Haguevoul ainsi que dans les rangs du Maguen David Adom, dans les hôpitaux et bien d’autres organismes. Les Nétouré Karta et/ou les Satmer s et/ou les « Toledoth Aharon » sont toujours à part dans leur extrémisme et dans le fait qu’ils suspendent des drapeaux noirs sur leurs maisons à la veille du Yom HaAtsmaôuth, mais boffff, si nous prenons en compte que chacun est libre de s’exprimer comme il le souhaite, nous ne devrions pas prendre ombrage de ces faits.
En revanche, il se pose un véritable problème dans l’ordre des choses cultuelles en effet, à la synagogue, devons-nous dire une prière spéciale, devons-nous chanter le Hallel (entier ou en partie), devons-nous supprimer les tahanounim à sharith et à minha ? Devons-nous allumer une ou plusieurs bougies ?
La réponse est fonction de la communauté dont on fait partie : si l’on prie dans une synagogue du genre « kippa serouga » ou calotte tricotée genre Yéshouroun/Bné Akiva/Poëlhamizrahi…….. alors la réponse est affirmative et il existe même un sidour de yom Haâtsmaouth où se trouve le texte du Hallel après la âmida du soir ou du matin et on ne dira pas les tahanounim si, au contraire, on va dans une synagogue orthodoxe (calotte noire) l’office sera régulier sans aucun ajout d’aucune sorte et la raison est la suivante : à leur sens la création de l’Etat d’Israël n’a rien de miraculeux et, de plus, nous subissons des attaques constantes de la part de nos voisins donc, d’après eux il n’est nul besoin d’ajouter quoique ce soit sur le plan liturgique alors que d’après ces mêmes personnes, il est utile de chanter le hallel pour le Yom Yéroushalayim (28 Iyar) qui lui est un miracle………
La vision des ossements du Prophète Ezéchiel (chapitre XXXVII, versets 1 à 10) a, elle aussi été controversée, car pour les uns il s’agit uniquement de la résurrection des morts alors que pour d’autres il s’agit aussi de la renaissance de l’Etat. Il est bon, à ce propos, de rappeler que le mot âtsmaouth (indépendance/autonomie) vient du mot êtsem = os (d’où le lien avec la vision des ossements). De toute façon je ne voudrais surtout pas clore ce propos sans aborder un aspect curieux de la réflexion juive : les codes (nous y reviendrons par la suite dans un article particulier). Il existe de nombreuses façons d’aborder des textes de Torah et parfois, les commentateurs ont recours à des codes bien établis (tsofen) ainsi, par exemple, il existe un code que nous connaissons tous c’est celui qui figure au dos de nos mezouzoth : là où est écrit « shemâ Israël » derrière les mots hashemelohenouhashem sont écrits les mots kouzo etc… c’est-à-dire que chaque lettre de hashem etc… a été remplacée par la lettre qui suit dans l’alphabet hébraïque et ainsi la lettre suivant la lettre youd est kak celle qui suit ‘h é est le vav et ainsi de suite. Mais, parmi les autres codes il y a celui surnommé « athbashgardak » car on met en parallèle la première lettre et la dernière (alef et tav), puis la deuxième et l’avant dernière (beth et shine) et ainsi de suite or, ce code nous permet de connaître à partir des sept jours de Pessah quel est le jour de la semaine auquel tombera une fête en particulier et nous verrons ainsi que le jour de l’indépendance d’Israël tombe le même jour que le septième jour de Pessah (sauf s’il est avancé en raison de la proximité du shabbat et/ou du vendredi) voici ce tableau :
Tishâ beav (ת) | 1er jr א |
Shavouôth et Yom Yéroushalayim (ש) | 2èmejr ב |
Rosh Hashana et le premier et huitième jour de Souccoth (ר) | 3ème jrג |
KriyathaTora (simhat Torah) (ק) | 4èmejr ד |
Tsom Kipour (צ) | 5ème jr ה |
Pourim précédant Pessah (פ) | 6ème jr ו |
Yom HaÂtsmaouthou 15 Av ( עצי המערכת) (ע) | 7ème jr ז |
HAG SAMEAH Caroline Elisheva REBOUH
[1] LISTE DES DIFFÉRENTES ALYA : 1ère : de 1882-1903 ; 2ème de 1904-1914 ; 3ème de 1914-1918 ; 4ème de 1924 à 1928 ; 5ème alya de 1929 à 1939 ; « sur les ailes des aigles « en 1949 ; puis la alya des Juifs du Maroc, d’Ethiopie, de Russie etc…………