En général on bute sur les 4 fils de la Haggada sans se poser de questions sur les 4 koushiot (questions) ou sur les 4 kossot (coupes de vin) du soir du seder et pourtant tout est lié et pas seulement entre eux mais avec d’autres éléments que nous rencontrons dans la vie quotidienne. Le texte-même de la Haggada

Nous commencerons cette petite étude par celle du Tétragramme qui est pour nous la représentation de l’attribut de miséricorde qui s’adresse par ses quatre lettres aux différents types humains ceux qui sont parfaits comme peut l’être la lettre youd comme peut l’être à souccoth le cédrat ou etrog le ‘hé qui s’ouvre qui va vers les autres le vav qui se tient tout droit car il ne sait dans quelle direction aller et encore une fois le ‘hé qui aspire à apprendre : le Tétragramme est D qui s’adresse à tous.

La création s’est faite en 4 degrés si l’on peut dire :  par les quatre mondes qui composent la cosmogonie dans laquelle nous évoluons : עולם האצילות , עולם הבריאה, עולם היצירה ועולם העשייה………..

Le premier ou ôlam ‘haatsilout concerne les sphères supérieures (keter)

Le second ce sont les séraphins

Le troisième est celui des anges

Le quatrième celui de l’homme

Ces quatre mondes se situent à des degrés différents qui sont autant de degrés que l’homme est invité à gravir comme sur l’échelle pour arriver au sommet et à la perfection

Les quatre éléments et les quatre directions terrestres : le feu, l’air, l’eau et la terre et puis, l’est, le sud le nord et l’ouest.

En créant l’homme de la poussière, D a façonné les êtres humains de la même façon seulement voilà, chacun a son libre arbitre et chacun possède son caractère qui va faire pencher la balance vers l’un des éléments qui restera prépondérant chez lui et forgera sa personnalité ce qui fait que chaque être humain est particulier. Il l’est aussi parce qu’en créant l’homme à partir de la terre, D a disposé dans chacun de nous plusieurs éléments et donc plusieurs facettes se distinguent en nous provenant des quatre éléments : la terre (corps) l’eau (les humeurs, le sang), le feu (l’énergie) et le vent (l’âme) cependant, sur ces quatre éléments, l’un d’eux est prépondérant et c’est ce qui fait que nous sommes tous différents les uns des autres car les uns sont par exemple plus matériels que spirituels certains sont plus sanguins que d’autres et chacun saura donner à sa vie toute l’énergie nécessaire.

Bien que le rashâ de la ‘haggada soit présenté en premier et semble-t-il dénué de tout mérite (zekhout) il a, tout au moins,  par sa question le mérite de nous faire réfléchir : il pose sa question en s’excluant du klal Israël mais  c’est parce qu’en fait il ne sait avouer son ignorance qu’il déguise en agressivité et donc, par sa question, il va inciter le sage qui est présenté en second à chercher une réponse adéquate. Le rashâ ne l’est que par ignorance et par orgueil de ne pas se renseigner.Et de même que toi le Sage, le Hakham tu vas aller au-devant de celui qui ne sait pas même poser de question, et que tu vas aller aussi au-devant du naïf (si naïf qu’il est sans défaut, parfait : tam) toi le Hakham tu vas aller parler à chacun en t’adressant à chacun selon son caractère et sa personnalité pour lui expliquer ce qu’est Pessah.

De même pour les questions posées : elles vont tendre à expliquer pourquoi l’amertume est représentée et puis à la liberté (n’oublions pas que Pessah est hag ‘hahérout fête de la liberté)dont nous jouissons puisque désormais nous ne sommes plus des esclaves preuve en est que nous convions celui qui a faim de se joindre à nous et de profiter de la séôudat pessah   car  il est une mitsva qui est le souvenir : nous devons toujours nous rappeler de notre passé.

Dans l’ordre des quatre degrés de commentaires de la Torah on commence par le côté le plus simple : le pshatt, pour arriver aux allégories (le remez) à la dissertation (le drash) et au sens le plus élevé et le plus ésotérique qu’est le sod . Dans la Haggada de Pessah, on commence par celui qui est représenté comme celui qui n’a cure de tout ce rite parce qu’il s’y sent étranger par faute de savoir ; le Hakham qui doit accomplir son devoir didactique en ce soir de seder car Pessah est une fête dont la portée est immense sur les générations et surtout celles à venir auxquelles il incombe de disserter le soir du seder sur les trois éléments principaux du cérémonial :  Pessah Matsa ou Maror sans quoi nous n’aurions pas rempli notre devoir à tel point que quiconque n’a pas la possibilité de dire toute la haggada doit tout au moins s’acquitter du devoir d’évoquer le sacrifice pascal (segoulath Israël : différenciation d’Israël d’entre les autres nations), le pain non levé (la matsa  qui représente la libération de l’Egypte avec tout ce qu’elle représente et elle représente ce lien indissoluble entre nous et notre Créateur) et les herbes amères (maror est une mitsva mydérabanan bien qu’il en soit question dans la Torah et que la consommation du maror était liée au sacrifice pascal. Le Temple ayant été détruit les hakhamim ont décidé que ce maror nous était indispensable pour nous rappeler que nous sommes encore en exil tant que nous n’avons pas notre Temple.  Le maror vient nous rappeler notre condition de peuple sans temple donc d’un peuple qui ne peut faire le sacrifice pascal en espérant que de cette longue période en exil nous verrons le Temple reconstruit).

Le texte de la haggada nous enseigne que ce soir de seder, nous abordons un degré un peu plus immatériel : nous allons lire ces 4 verbes qui font allusion aux quatre façons d’envisager la guéoula :

והוצאתי  –  והצלתי  –  וגאלתי  –  ולקחתי

Les Sages nous font remarquer la chose suivante : la matsa, surnommée pain de misère est un aliment sans odeur et sans saveur et nous devons le soir du seder en consommer beaucoup. Le vin qui, en revanche, est pourvu d’un goût excellent est tout-à-fait différent de la matsa. Les Sages différencient les verbes ci-dessus de la façon suivante : les trois premiers verbes : vehotséti, vehitsaltivegaaleti se rapportent à la sortie d’Egypte, à la fin de l’esclavage et à la libération et ces trois verbes sont symbolisés par les 3 matsotshemouroth du seder et en même temps aux trois « catégories » d’Israël : Cohen, Lévy et Israël tandis que le quatrième verbe se rapporte au matan torah (le don de la Torah) et c’est pourquoi nous buvons du vin dont la saveur rappelle la saveur de la Torah………..et, les quatre coupes de vin rappellent donc l’ensemble de la guéoula.

Or, quelles sont les étapes spirituelles qui ont permis à ce peuple qui vécut 210 ans dans un pays du plus haut niveau d’impureté ? Ils ont dû opérer un grand remaniement et se reprendre en main totalement pour perdre les habitudes qui s’étaient incrustées en eux ; ce travail intense qu’ils firent sur eux-mêmes leur permit d’accéder aux deuxpremiers degrés l’un sur le plan spirituel et l’autre sur le plan physique et  devenir proches ainsi de la  pureté dans leur conduite et leur pensée. Ceci leur permit d’accéder au troisième niveau : devenir un peuple saint (goy kadosh) et c’est alors qu’ils furent prêts à recevoir la Torah qui est le quatrième échelon.

Caroline Elishéva REBOUH

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