Chemini
Lévitique 9:1-11-fin : l’entrée en fonction des prêtres et les lois de la cacherout sur les animaux purs et impurs
Et il arriva, le huitième jour chemini שְּׁמִינִי, que Moshé appela Aaron et ses fils, et les anciens d’Israël… Lévitique 9:1
Voilà arrivé le huitième jour, ce jour tant attendu où la gloire de D.ieu doit se manifester. Tout est en place, les lois ont été données, le Cohen Gadol entre en fonction pour la première fois après sept jours de préparation et d’étude. Le peuple est réuni et le culte peut commencer.
Le sacrifice expiatoire qui purifie, et l’holocauste qui élève, sont offerts pour les péchés d’Aaron, pour ceux du peuple, et suivis de l’oblation du pauvre et du Cohen et des sacrifices rémunératoires rendant grâce.
Cela fait des mois que le peuple attend. La Thora a été reçue en début de mois de Sivan de l’année précédente et nous voilà dix mois plus tard, le 1er du mois de Nissan, le mois de la délivrance comme nous l’avons vu dans la Paracha Pekoudé.
Ce huitième jour, premier Nissan, nous est décrit par S.R Hirsch comme un jour particulier avec une onction particulière. Le nombre six représente l’élément matériel, le sept l’esprit et le huit celui qui transcende et représente la transformation de l’homme, sa perfection. C’est le jour de la circoncision, donnée à l’homme pour parfaire sa nature charnelle par la consécration de l’organe reproducteur.
Une allusion à ce perfectionnement nécessaire, symbolisé par la circoncision, est faite au verset 6 du chapitre 9 :
Et Moshé dit, C’est ici ce, zé hadavar, זֶה הַדָּבָר que l’Eternel a commandé ; faites–le, et la gloire de l’Eternel vous apparaîtra.
Josué reprendra plus tard le même mot lors du rappel de la circoncision du peuple.
Et c’est ici la raison, zé hadavar, זֶה הַדָּבָר pour laquelle Josué les circoncit, tout le peuple qui était sorti d’Egypte, les mâles, tous les hommes de guerre, étaient morts dans le désert, en chemin, après être sortis d’Egypte… Josué 5:4
D.ieu nous confirme discrètement par là que le but de tout sacrifice c’est avant tout la circoncision de notre cœur afin qu’il puisse devenir ce Tabernacle purifié abritant Sa sainteté :
Circoncisez donc votre coeur, et ne raidissez plus votre cou.
Deutéronome 10:16
Aaron étendra alors ses mains pour bénir le peuple. Aujourd’hui encore, nous avons le privilège de recevoir cette bénédiction
Parle à Aaron et à ses fils, disant, Vous bénirez ainsi les fils d’Israël, en leur disant, L’Eternel te bénisse, et te garde ! L’Eternel fasse lever la lumière de sa face sur toi et use de grâce envers toi !
L’Eternel lève sa face sur toi et te donne la paix !
Et ils mettront mon nom sur les fils d’Israël et moi, je les bénirai. Nombres 6:23-27
Cette prière se fait en levant les mains. La main droite, représentant le principe de grâce, midat ‘hesed, est légèrement plus élevée que la gauche qui représente la mesure de jugement, midat din. Ce jour-là, la vocation d’Israël, son peuple, son histoire, son culte, ses offrandes, son rôle seront placés sous le signe de la faveur divine de la même façon que le nom de D.ieu, HaShem, s’était imposé à celui de Elohim après le péché du Veau d’or.
La Gloire de l’Eternel apparut et le feu céleste consumât les sacrifices. D’après le Talmud, ce feu se composait de cinq miracles :
- Il était tapi comme un lion sur l’autel
- Il scintillait comme le soleil
- Il était palpable
- Il consumait les matières sèches et les matières mouillées
- Il ne générait aucune fumée
Ce miracle déclencha l’adoration et la révérence des fils d’Israël qui se prosternèrent la face contre terre.
Puis, tout à coup, c’est le drame : les deux fils d’Aaron sont consumés sur le champ au milieu de la joie de ce jour d’inauguration !
Plusieurs raisons sont évoquées :
Ils seraient entrés avec arrogance dans le Kodech Hakodachim, fiers d’avoir comme oncle le grand leader Moshé, comme père, le Cohen Gadol : trop d’honneur en même temps…
Ils avaient apporté un feu autre que celui de l’autel des sacrifices pour allumer l’autel d’encens…
Ils auraient été ivres, comme le suggère le verset qui suit l’épisode ordonnant à Aaron de ne pas boire de vin pendant son service …
Ils seraient rentrés dans le sanctuaire sans passer par les ablutions et sans avoir revêtu l’éphod…
Ils ne voulaient pas encore se marier, négligeant par là le devoir de procréation et la maturité en découlant. Or un sacrificateur devait être marié pour exercer…
Puis, Aaron reçoit l’étrange commandement de ne pas prendre le deuil de ses fils. Loin de nous la pensée de croire que D.ieu fait preuve d’insensibilité, mais la fonction éminemment sainte du Cohen lui interdit tout contact avec la mort, source d’impureté rituelle.
Comme nous allons le voir dans les prochains versets et Parachot, les notions de pureté et d’impureté dans le judaïsme sont liées avec la vie et la mort. Tout empêchement à la vie ou à la procréation est considéré comme impur car la mort est survenue suite au péché originel.
Aaron, dans son rôle de Grand Sacrificateur, ne devait pas être affecté par cette impureté rituelle. D.ieu nous appelle à vivre et Il est le D.ieu Vivant.
Suite à ce drame, voilà que la part sacrée du sacrifice du bouc expiatoire offert pour les péchés du peuple n’a pas été consommée alors qu’elle aurait du l’être pour l’expiation pour le peuple.
Trois boucs furent offerts ce jour-là nous dit Rachi :
- le bouc expiatoire du peuple
- le bouc de Na’hchon, le premier prince
- le bouc de la néoménie, celui du 1er Nissan, jour coïncidant avec l’inauguration.
C’est ce dernier qui fait l’objet de la méprise de Moshé. Aaron n’avait pas consommé la portion de ce sacrifice qui permettait l’expiation du peuple suivant le principe que nous avons étudié (voir Paracha Tsav) : le sacrificateur mange et le peuple est pardonné.
Mais Aaron va montrer respectueusement à Moshé « qu’il s’est trompé ». Rachi nous dit que le commandement de manger les portions saintes du sacrifice, même en période de jeûne, ne concernait que les sacrifices exceptionnels de cette journée du 1er Nissan et non pas ceux offerts régulièrement chaque nouvelle lune.
Aaron répondra que puisque la consommation de l’expiatoire de la néoménie doit servir à expier les fautes du peuple entier, comment nous, en état de disgrâce devant l’Eternel par la faute de Nadav et Avihou, pouvons-nous faire « kapara », expiation pour les péchés des autres ?
Ensuite viennent les lois de la cacherout. Ces lois permettent d’obtenir une maîtrise du corps et de ses appétits. S.R. Hirsch nous explique que « Deux actions sont essentielles à la vie de l’animal : la recherche de la nourriture et la défense de la vie. Ces deux actions sont également indispensables à la vie de l’être humain. Mais l’idéal juif les subordonne à un but spirituel. C’est pourquoi la Thora élimine tous les animaux qui possèdent les organes réservés à ces deux fonctions sous leur forme la plus robuste : les griffes de la bête féroce et l’estomac assimilant sans distinction toute nourriture hâtivement engloutie. Les ruminants aux pieds cornés ne connaissent pas ces organes de rudesse et de violence. Une grande leçon se dégage ainsi de cette loi qui, dans sa simplicité et sa grandeur, a contribué sans aucun doute à former le caractère spécifique d’Israël ».
Terminons en précisant que l’interdiction de consommer du porc nous indique que D.ieu recherche l’intégrité du cœur avant toute chose. Le porc a l’apparence de la piété par ses sabots fourchus, mais il ne rumine pas. Nous sommes appelés à avoir les apparences mais à « ruminer » également les mitsvot de la Thora. C’est alors que la réussite nous sera assurée !
Que ce livre de la Thora ne s’éloigne pas de ta bouche, et médite–le jour et nuit, afin que tu prennes garde à faire selon tout ce qui y est écrit ; car alors tu feras réussir tes voies, et alors tu prospéreras. Joshua 1:8
‘Hag Pessa’h samea’h
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