בְּשַׁלַּח
Béchala’h
Exode 13:17-17:16 : La traversée de la Mer rouge
Haphtara : Juges 4:4-5:31 : Le cantique de Dévora
Or, lorsque Pharaon eut laissé partir béchala’h בְּשַׁלַּח le peuple, Dieu ne les dirigea point par le pays des Philistins
Exode 13:17
En route pour le Mont Sinaï !
Les voilà en route vers leur rendez-vous, vers leur appel et leur mission messianique ! La sortie d’Egypte avec Pessa’h n’était qu’une première étape dans le plan de Rédemption. Un long chemin va être nécessaire pour progresser dans la connaissance du D.ieu d’Avraham, de Yits’haq et de Yaakov.
A peine sorti d’Egypte, Pharaon envoie une puissante armée contre le peuple, et D.ieu va encore opérer des miracles renversant l’imagination. La peur va d’abord saisir les Bnei Israël, ils manquent de certitude quant à leur liberté fraîchement acquise. Puis c’est la démonstration éclatante de la puissance divine, la Mer rouge s’ouvre, engouffrant définitivement les ennemis et les anciens maîtres des Hébreux. La certitude est devant eux, les rives sont jonchées des cadavres de ces Egyptiens qui ont tant fait souffrir le peuple élu.
Cette liberté est parfois difficilement concevable ; la liberté ça s’apprend. C’est une éducation et une transformation totale de sa façon de penser. Et cela les Hébreux vont devoir l’apprendre, ils sont en route pour célébrer une fête à HaShem, de quelle nature ? Ils n’en ont pas encore saisi tout le sens.
Moshé chante un merveilleux cantique dont une partie est encore scellée et ne sera révélée qu’à la fin, aux temps messianiques : la vraie délivrance qui sera enfin pleinement vécue et consommée.
Une onction prophétique s’est répandue ce jour-là sur les enfants d’Israël qui ont entamé d’une voix commune le cantique, ainsi que nous l’indique le verbe conjugué au singulier :
Alors Moïse et les enfants d’Israël chantèrent yachir, יָשִׁיר, l’hymne suivant à l’Éternel. Ils dirent: « Chantons l’Éternel, il est souverainement grand; coursier et cavalier, il les a lancés dans la mer. Exode 15:1
Le Midrash relate cinquante miracles lors du passage de la Mer rouge. Ce fut une épopée fantastique où les enfants d’Israël virent et goûtèrent la protection et l’onction divine. Ils ne voulaient plus quitter les rivages témoins de la Majesté de D.ieu et Moshé les « fit quitter וַיַּסַּע » la Mer des joncs en direction du désert de Chour pour marcher trois jours en direction de Mara sans trouver d’eau.
Mara, c’est l’amertume, le manque d’eau fait murmurer les enfants d’Israël et en arrivant à Mara, ils ne trouvent pas d’eau potable, elles sont amères et insalubres.
Après la délivrance du joug et de l’esclavage, étapes nécessaires et primordiales avant tout service pour D.ieu, le peuple est éprouvé sur ses besoins de base, le boire et le manger avec les eaux amères et la faim.
Mais le manque d’eau, c’est aussi la soif de connaître D.ieu. Et c’est à ce stade que D.ieu veut les amener, à regretter Sa présence, et pas seulement les manifestations spectaculaires de Sa puissance.
Après trois jours de marche, ils sont épuisés et devant ces eaux imbuvables, le désespoir s’installe. Au lieu de prier, ils murmurent et D.ieu va encore opérer un miracle pour leur faire comprendre.
Il va « enseigner » un bois à Moshé, « vayoréhou וַיּוֹרֵהוּ» en hébreu. « Je vais t’apprendre quelque chose que tu ignores. Tu penses sûrement qu’il faut utiliser une plante douce pour rendre l’eau potable. Je vais te monter que j’adoucirai l’amer avec du bois amer ». [1]
Il va lui enseigner qu’Il peut adoucir l’amer avec du bois amer, que de l’amer peut sortir le doux et que d’une situation difficile jaillit la bénédiction. Le peuple d’Israël est en route pour célébrer une fête à l’Eternel, la préparation est nécessaire.
D.ieu attend la sainteté de Son peuple, l’épreuve est inévitable. La sainteté est nécessaire pour comprendre cette loi et ce décret qu’Il veut leur enseigner. Sont appelées ‘houquim les lois telles que la loi sur la vache rousse, le mélange interdit de certains tissus, la viande cuite dans le lait, le bouc émissaire…
Il est intéressant de voir que le fait de garder ces ‘houquim, ces lois qui semblent irrationnelles déclenche une promesse de la part de l’Eternel : Il ne les frappera pas des maladies envoyées sur l’Egypte.
Or les initiales des Dix plaies ont une valeur numérique de 501. D.ieu dit aux Israélites : « Toute maladie que (achère, אֲשֶׁר) j’ai envoyée sur l’Egypte, je ne te l’infligerai pas ». La valeur numérique de achère est également de 501 et cela confirme que l’observance de ces ‘houquim, ces lois voilées garderont les enfants d’Israël d’être frappés par ces plaies[2].
Les enfants d’Israël ont besoin de comprendre que D.ieu est au-dessus des lois naturelles, c’est une compréhension qu’ils doivent acquérir avant de célébrer la fête. Et la prochaine étape c’est Elim, אלים. Les lettres de ce mot composent le nom de D.ieu utilisé lors du fonctionnement des lois naturelles, Elohim אֱלֹהִים.
C’est ce nom qui apparaît dans le premier chapitre de Genèse et qui parle de la Création. Il est donc question dans cette oasis miraculeuse de la révélation d’un aspect particulier de D.ieu, Sa créativité, Ses principes en action.
Une autre explication nous est donnée concernant le rapport entre les douze sources et les soixante-dix palmiers[3]. Ces douze sources sont les douze tribus qui arrosent spirituellement les soixante-dix nations d’origine.
Après avoir souffert de la soif, Il les abreuve et leur enseigne à se reposer sur Lui. L’apprentissage est long et éprouvant, après le manque d’eau c’est le manque de nourriture, ou plutôt le manque de pain et de viande cette fois. Toujours le même combat entre la faim de la nourriture céleste et de la convoitise de la chair. Les enfants d’Israël après avoir eu soif de Sa présence, soupirent maintenant après Sa Parole…
Et c’est dans le désert que doit se résoudre cet antagonisme. Le désert, Midbar,מִדְבַּר signifie littéralement « parle ». D.ieu veut nous attirer dans le désert, face à nous-mêmes et seuls face à Lui.
Dans le désert D.ieu va pourvoir d’une façon dépassant l’imagination, le pain descendra du ciel chaque jour pendant quarante ans.
Le reste de la Paracha démontrera que le peuple a encore du chemin à faire dans la connaissance d’HaShem, et la rébellion commise à Massa et Mériba déclenchera l’attaque de l’ennemi ancestral d’Israël, le descendant d’Esav : Amalek… Son nom ne sera complètement effacé de la terre qu’à la venue du Machia’h…Békarov.
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