Joëlle Allouche et Geneviève Dermenjian, les deux co-directrices de cet ouvrage, ont eu la bonne idée de publier cet opus aux éditions des PUP, les Presses Universitaires de Provence.

Il y a eu des relations spécifiques entre les communautés juives d’Algérie et Marseille. Ces longs XIXe et XXe siècles peuvent en témoigner.
Je voudrais, ici, faire allusion à mes travaux en cours : Les Juifs d’Algérie durant la Grande Guerre (1914-1918). Souvent, Marseille apparaît comme le point d’entrée de ces jeunes juifs sur le territoire métropolitain, dans la société métropolitaine. Marseille comme une porte qui se ferme derrière eux car leur vie, désormais, se joue à Marseille, Lyon ou Paris. Qu’ils aient été civils ou soldats.

Revenons au contenu de ce livre.
Il s’agit d’un livre collectif. D’aucuns diront « un livre de plus sur l’histoire des Juifs d’Algérie… ». Non ! L’histoire des Juifs d’Algérie continue de s’écrire et c’est tant mieux. Nous aimerions que cette histoire des Juifs d’Algérie soit mieux connue et prise en compte tant en France qu’en Israël et en Algérie. Les institutions universitaires israéliennes, le ministère de l’éducation israélien sont un peu plus à l’écoute de ce que les historiens ont à dire sur cette Histoire et cette communauté. Et cet ouvrage arrive donc au bon moment.
Nous aimerions que nos collègues algériens soient un peu plus « partants » pour étudier, de leur point de vue, ou à travers des regards croisés, l’histoire des Juifs d’Algérie, communauté au long destin singulier sur cette terre algérienne. C’est une invitation que j’avais lancée en 1990, au moment de la publication de mon premier travail (« Les juifs de Mostaganem », éditions l’Harmattan, Paris, 1990).
Il n’est pas dans mon intention de résumer les 18 communications de cette publication. Pratiquement toutes abordent des aspects de cette histoire tout au long des XIX et XXe siècles.
Avant que d’aborder le contenu de certaines de ces communications, je voudrais saluer la qualité de l’ensemble. Les appareils scientifiques, les illustrations les cartes, la richesse de la bibliographie vont permettre aux lecteurs d’aller plus loin, avec de tels outils.
Denis Charbit aborde, avec son talent habituel, « L’historiographie du décret Crémieux ».

Ce que beaucoup des opposants farouches ont jugé comme intempestif ne l’est pas. Il y a eu, depuis 1830, une grande proximité d’Adolphe Crémieux avec les Juifs d’Algérie. Plus de 17 voyages. Dont certains pour défendre des juifs de ma ville natale, Mostaganem. Deuxième point, l’économie du décret Crémieux n’est qu’un point parmi l’immensité des décrets pris quant à l’administration de l’Algérie. Cette histoire du décret Crémieux s’inscrit dans un long continuum au travers de l’école française et des jeunes juifs, garçons et filles. Les demi succès de Napoléon III quant à la naturalisation individuelle de ces juifs, les demandes réitérées de certains conseils généraux, s’inscrivent dans ce continuum.
Il reste à savoir à qui a plus profité « le crime » ? À La France ou aux juifs d’Algérie ? La guerre de 1870 venait de se terminer sur une série de fiascos militaires, politiques et financiers, lourds de conséquences. La concrétisation de cette entrée de 70 000 individus dans la nation française ne pouvait que représenter des aspects positifs.
Je voudrais saluer la communication de Valérie Assan : « Les rabbins de France et d’Algérie face à la « mission civilisatrice ». Elle y trace les rôles importants de ces rabbins. Je songe à la magnifique thèse de notre ami Richard Ayoun( zal’’) sur Mahir Charleville.
La communication de Sabrina Dufourmont sur « Les interprètes juifs de l’armée française lors de la conquête de l’Algérie (1830-1870) ». Sans eux, sans leur participation, l’histoire de cette conquête aurait été différente. Ces interprètes juifs furent des passeurs de civilisation en quelque sorte !
Il est intéressant de souligner que de jeunes historiens américains portent leurs regards sur cette communauté comme Ethan Katz.
Une mention particulière pour la communication de Jean-Paul Durand sur « Le cimetière de Saint-Eugène, lieu de mémoire des juifs d’Alger ». Jean-Paul Durand a eu la générosité de mettre en ligne toutes ses recherches. Qu’il en soit ici remercié.
Eliezer ben Raphaël salue la présence des juifs d’Algérie en Israël.
Benjamin Stora et Annie Stora Lamarre (sa sœur) nous entraînent sur leur passé constantinois et familial…
À ce sujet une suggestion de lecture, le beau roman de Valérie Zebatti « Jacob, Jacob ».
Quand la Littérature vient au secours de l’Histoire.
Ainsi tout au long de ces 308 pages, c’est à une immersion dans la communauté juive d’Algérie que les co-directrices de cet ouvrage, Joëlle Allouche et Geneviève Dermenjian nous ont conviée. Deux historiennes dont je connais les beaux travaux et les belles personnalités.
Salut !

« Les juifs d’Algérie une histoire de ruptures » Aux PUP (Presses Universitaires de Provence), Aix-Marseille Université. 2015.
Bon commande juifs tlemcen

Norbert Bel Ange
Ashdod, le 22 décembre 2015.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Poster votre commentaire!
Entrer votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.