Grâce à la généralisation des capteurs connectés, votre praticien pourra vous surveiller à distance et vous proposer une téléconsultation avant même les premiers symptômes.
Quel parent n’appréhende pas de devoir patienter deux heures dans la salle d’attente archibondée d’un médecin avec son bambin pleurnichant parce qu’il a mal à l’oreille ? Bonne nouvelle, c’est bientôt fini. Dans moins de dix ans, un petit otoscope connecté vous permettra de capturer de chez vous une vidéo du fond de l’oreille de votre enfant, puis de l’envoyer à votre médecin pour un diagnostic à distance. Dans la foulée, le praticien vous expédiera une ordonnance sur une appli sécurisée de votre smartphone, et le tour sera joué.
Bienvenue dans la médecine 3.0 !«Dans le parcours de santé de demain, tout le monde sera relié : le généraliste, le spécialiste, l’hôpital, le patient, le pharmacien et l’infirmière», prévoit Eric Couhet, généraliste à Nueil-les-Aubiers, dans les Deux-Sèvres. Fondateur de Connected Doctors, un lieu de réflexion sur cette pratique émergente, ce visionnaire suit déjà 70 de ses patients grâce aux données biologiques collectées par des appareils connectés, du tensiomètre au glucomètre en passant par l’oxymètre. «La vague numérique va bouleverser les pratiques médicales, poursuit notre blouse blanche. Mieux informé, le patient deviendra acteur de sa santé, et l’on va voir se développer une médecine à distance plus efficace et moins coûteuse.» Au passage, cette dernière permettra d’effacer les déserts médicaux, qui ne cessent de s’étendre avec la baisse de 20% du nombre de généralistes d’ici dix ans.
A quoi donc pourrait ressembler la pratique d’un «connected doctor» en 2025 ? Au lieu de recevoir des patients déjà malades, ce praticien assurera une médecine préventive individualisée. Chaque matin, d’un coup d’œil sur son écran, il pourra se faire une idée précise de l’état de santé de ses patients. Un logiciel expert scannera en continu les données expédiées sur son serveur sécurisé, avant de proposer alertes et aide au diagnostic. Sur son tableau de bord, les noms des malades dont les constantes (fréquence cardiaque, tension, glycémie, etc.) ne seront plus dans les clous clignoteront, tous les autres seront dans le vert. De quoi ne plus perdre son temps avec les malades imaginaires, comme c’est parfois le cas aujourd’hui. En cas de problème grave, une alerte retentira sur son ordinateur ou sur son smartphone et il pourra convoquer immédiatement à une téléconsultation vidéo son patient qui, souvent, n’aura même pas commencé à ressentir les symptômes de son affection. Installé chez lui, devant son écran, éventuellement assisté d’une infirmière capable d’aider le médecin à affiner son diagnostic, le patient n’aura plus besoin d’attendre en moyenne six jours, comme aujourd’hui, pour être pris en charge. Bien sûr, les nouveaux objets connectés ne pourront pas tout faire. Mais d’ici dix ans, ils seront capables d’effectuer un grand nombre de mesures biologiques. Et les capteurs seront regroupés dans un seul instrument doté d’un écran, comme une montre. Le médecin disposera d’un historique détaillé des données de son client, de quoi lui proposer un traitement véritablement individualisé. «L’idée n’est pas de déshumaniser la médecine, plaide le docteur Couhet. Tout au contraire ! En déléguant aux outils les tâches fastidieuses, on disposera de plus de temps pour mener un vrai dialogue avec le patient.»
Les avantages de cette révolution pourraient être nombreux : suivi à long terme plus facile, prise en charge très en amont, meilleurs résultats thérapeutiques, mais aussi diminution des coûts de transport et, bien sûr, de l’attente. «On assistera également à une baisse des coûts d’hospitalisation et à une réduction du nombre de journées de prise en charge des patients atteints d’une maladie chronique (diabète, insuffisance cardiaque, etc.)», estime le docteur Souclier, à la tête de la société H2AD, spécialisée dans la télémédecine. Car, explique-t-il, ces malades pourront être suivis à distance en continu par leur spécialiste et/ou par des médecins mobilisés 24 heures sur 24 au sein de plates-formes spécialisées, un dispositif que teste déjà sa société dans le cadre d’essais pilotés par la Sécu.
Patrick Chabert
http://www.capital.fr/
Voilà une bonne nouvelle pour tous ceux qui ont peur des médecins. Il faut peut être relativiser, que l’on puisse simplifier, faire les premiers diagnostics mais soigner devrait toujours nécessiter une relation avec de vrais professionnels. Les médecins ne peuvent devenir des informaticiens…