Le laboratoire français et l’américain unissent leurs efforts. L’objectif est de mieux comprendre et soigner cette maladie chronique.
Sanofi et Google unissent leurs forces pour faire reculer le diabète. Le premier groupe pharmaceutique français et le géant américain du numérique nouent un partenariat stratégique qui vise à rendre plus efficace la lutte contre ce fléau qui toucherait actuellement un peu moins de 400 millions de personnes dans le monde et qui, selon les projections de la Fédération internationale du diabète, pourrait frapper presque 600 millions de personnes en 2035. Le premier, un leader mondial du marché de l’insuline aux côtés du danois Novo Nordisk, apportera son expertise pharmaceutique. Le second, spécialiste du numérique, apportera ses compétences en matières de collecte et d’analyse de données (big data), de logiciels et d’électronique.
Mieux comprendre, mieux suivre, mieux traiter
Maladie chronique insidieuse dont les effets secondaires peuvent être dramatiques, le diabète est difficile à traiter. Contrairement à certaines maladies qui se soignent avec la prise régulière de comprimés ou à celles qui alertent le patient car elles provoquent des douleurs immédiates, le diabète frappe sur la durée entraînant des séquelles qui ne sont pas immédiatement perceptibles par l’organisme, mais qui peuvent provoquer des infarctus, des cancers, la cécité ou la gangrène nécessitant des amputations. Pour se soigner efficacement, les patients doivent mesurer régulièrement leur taux de glucose et s’auto-administrer de l’insuline dans des proportions qui varient en fonction de leur alimentation ou des efforts physiques qu’ils ont fourni. Résultat, dans un pays comme les Etats-Unis, près de la moitié des personnes souffrant de diabète ne seraient pas réellement suivies et une bonne part de ceux qui le sont, le serait de façon non satisfaisante.
L’objectif des deux partenaires est de développer des solutions permettant à la fois de mieux comprendre, de mieux suivre et de mieux traiter chaque patient. Google a déjà annoncé des partenariats pour développer de nouveaux capteurs (comme des lentilles de contact avec Alcon) pour mesurer le taux de glucose, ou des dispositifs médicaux pour injecter l’insuline. Avec Sanofi, il vise une approche globale qui permettra via une approche coordonnée d’être plus efficace. « On veut simplifier la vie du patient », explique Pascale Witz, vice-présidente exécutive qui dirige la nouvelle entité mondiale « diabète et cardiovasculaire » chez Sanofi.
Si la lutte contre cette maladie chronique s’avère plus efficace, cela pourrait convaincre à la fois les patients et les systèmes de santé de faire de la lutte contre le diabète une priorité. Sanofi, poids lourd de ce marché, pourrait ainsi en profiter. Le Lantus produit par le groupe est l’insuline la plus vendue au monde et, avec 6,3 milliards d’euros, représente le premier médicament de Sanofi en 2014. L’ensemble des activités « diabètes » génèrent un peu plus de 20% du chiffre d’affaires du groupe mais les brevets du Lantus est tombé dans le domaine public cette année et Sanofi doit innover tant sur le plan des produits que des services pour repousser ses concurrents. Si des solutions ou des produits spécifiques naissent de la coopération avec Google, les deux entreprises négocieront des accords de partage de revenus ou de licences dont les modalités restent à définir. « Nous avons progressé dans le traitement des maladies aigües. On doit progresser dans le traitement des maladies chroniques. Et pour être efficace, nous devons nous allier avec des partenaires qui ont des compétences dans d’autres domaines que nous comme Google dans la technologie, la miniaturisation, la connectivité, l’analyse de données… », détaille Pascale Witz. « On ne peut plus se dire que l’on fera tout, tout seul en étant expert dans tous les domaines », explique-t-elle, en ajoutant que « la santé, c’est plus qu’un médicament ».
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