Le comédien Dany Boon, qui va incarner un loser aux côtés de Charlotte Gainsbourg dans le prochain film d’Yvan Attal, parle de son rôle, de l’antisémitisme et de « l’esprit Charlie ».
Vous jouez dans l’un des cinq sketches du prochain film d’Yvan Attal. Quel est votre rôle?
J’incarne un Juif banlieusard totalement fauché. Et il finit par se convaincre que non, il ne peut pas être juif tellement il est dans la lose. Du coup, il a décidé de renier son identité, il en vient même à forcer sa fille à manger du jambon. Il refuse d’avoir les inconvénients, sans les avantages supposés, à savoir l’argent, le pouvoir… Ce sont des choses que j’ai moi-même pu entendre, notamment au moment de ma conversion au judaïsme. Un journaliste m’avait balancé : « Maintenant, que vous êtes juif, vous êtes riche. » Je l’ai immédiatement rassuré : « J’étais riche quand j’étais catholique et il existe aussi des juifs pauvres. » J’ai compris que ma conversion était réussie quand j’ai été inondé d’insultes et de menaces anonymes. C’était il y a treize ans, et ça continue encore aujourd’hui.
Et vous le vivez comment?
Je suis rodé en matière de racisme. Dès mon enfance, j’ai connu le rejet avec un père kabyle musulman laïc et une mère catholique. J’ai vu le racisme contre les Kabyles de la part des Algériens, mais aussi l’exclusion de ma famille maternelle qui prenait mon père pour un Arabe. J’étais une minorité dans ma propre famille, où l’on vivait une forme d’exil intérieur. Comme mon père était boxeur, on ne l’emmerdait pas trop. J’étais moins costaud, donc j’ai opté pour l’humour. Je voulais comprendre pourquoi on me rejetait. La meilleure façon de se faire accepter est d’aller vers l’autre pour le faire marrer. Pour moi, le rire a toujours été une forme de réparation.
Extraits de l’entretien du JDD.
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