Le passage à tabac d’un jeune soldat originaire d’Ethiopie, par des policiers doit être condamné sans appel et il faut le combattre par tous les moyens offerts par la loi. Et si comme l’a expliqué, lundi à Byniamine Netanyaou, une mère juive éthiopienne « mes 5 enfants se sentent prisonniers en Israël à cause de la couleur de leur peau », il est grand temps que l’Etat prenne les mesures pour balayer ce douloureux sentiment.
Mais, qualifier Israël d’état raciste comme se sont empressés de faire certains, comparer Tel Aviv à Baltimore, et répondre à la violence de la police par la propre violence, c’est simplifier un problème complexe et c’est aussi faire montre d’une certaine ingratitude .
C’est oublier le décret courageux du rav Ovadia Yossef zatsal reconnaissant la judaïté de cette communauté du Beta Israel déconnectée pendant deux millénaires de l’ensemble des diasporas juives.
C’est oublier que c’est à l’appel pressant de cette communauté de Beta, menacée par la guerre civile, par la famine et par le régime anti-israélien de Mengistu, que ce même état d’israël a organisé deux des plus extraordinaires opérations de sauvetage de son histoire, les opérations Moché(84) et Salomon(91). C’est oublier qu’outre les 20.000 Juifs éthiopiens accueillis alors, l’Etat d’Israel a accepté d’acheminer au fil des ans plusieurs dizaines de milliers de Falachmouras dont l’identité juive était plus controversée.
C’est oublier que cette communauté a subi lors de son alya un choc culturel, religieux et familial sans précédent, en étant projeté en quelques jours, d’un d’un pays sous développé, sans eau courante sans électricité vers un Etat parmi les plus modernes au monde. Un passage qui ne pouvait se faire sans séquelle.
C’est oublier que d’emblée, les spécialistes avaient prédit qu’il faudrait à cette communauté plusieurs décennies avant de s’intégrer pleinement dans la société israélienne.
S’en prendre violement aujourd’hui à l’Etat d’Israël, c’est oublier que ce pays en guerre qui doit consacrer un tiers de son budget à la Défense Nationale , a accordé 7 fois plus de budgets aux olim éthiopiens qu’aux autres . Ce qui visiblement ne suffisait pas pour leur permettre de combler les fossés éducatifs et sociaux qui les séparaient du reste de la population.
Mais au-delà , fustiger Israël et le traiter de raciste, c’est faire abstraction des réussites obtenues par cette communauté au fil des ans. C’est profaner la mémoire des soldats de cette communauté tombés pour la défense de ce pays . C’est oublier que le médecin chef de la délégation israélienne au Népal le colonel Avi Itzhak est noir de peau. C’est oublier que l’ambassadrice d’Israël en Ethiopie Blaich Zabaïdé est elle-même originaire de ce pays.
Certes tout n’est pas parfait. Comme le dit Pirkei Avot, le temps est court et le œuvre est immense ». Mais il est indispensable de relativiser, et de comparer ce qui est comparable.
Non Tel Aviv n’est pas Baltimore! A Baltimore, il y a eu mort d’homme tandis que le soldat Dames Pikada est bien vivant. Et il a fallu près de deux siècles, le fléau de l’esclavage et une guerre civile pour que les Noirs soient considérés comme citoyens à part entière de la nation américaine. Fort heureusement , en Israël nous n’avons pas eu besoin de cela.
S’il faut être à l’écoute de cette communauté, il faut aussi savoir se montrer indulgent envers l’Etat qui l’a accueilli. Un sondage soulignait que « seulement » 54% des jeunes israéliens d’Ethiopie avaient un niveau bac contre 75% de la population totale. Il aurait fallu remplacer ce « seulement » par « déjà ». Car qui aurait pu imaginer, il y a 30 ans, que la moitié des Éthiopiens atteindraient un tel niveau !
Dans ce dossier, il est temps de voir la réalité d’un œil positif. Il est temps de contempler la moitié pleine du verre et laisser à d’autres la moitié vide.
Et pour terminer une image : celle, vue cette semaine, dans une synagogue de Mevasseret dans laquelle Israéliens d’origine marocaine et Israéliens d’origine éthiopienne, priaient cote à cote en toute fraternité. N’est-ce pas cela le rassemblement des exilés ?
Daniel Haik pour Hamodia