Retraite, protection sociale, placements… Tout change à l’étranger. Mieux vaut donc anticiper avant de partir.
Face à cet engouement, plusieurs salons dédiés à l’expatriation ont vu le jour. «S’expatrier,mode d’emploi», organisé par les pouvoirs publics (Assurance-maladie, notaires, Direction générales des finances publiques….) et des entreprises privées (Humanis…), se tiendra d’ailleurs à Paris, vendredi (27 mars).
Qu’elle soit professionnelle ou pour sa retraite, l’expatriation doit se préparer en amont. «La retraite, l’épargne et la protection sociale sont des sujets complexes qu’il est important de bien examiner», souligne Vincent Joulia, directeur de la Banque privée à la Banque Transatlantique. Les candidats à l’exil ne seront plus affiliés à la Sécurité sociale après leur départ. «Les expatriés qui ne sont pas pris en charge par leur entreprise devront s’assurer par leurs propres moyens en plus de la protection sociale locale si elle ne suffit pas», explique Anne-Laure Chesneau, de la Caisse des Français de l’étranger (CFE), qui propose aux expatriés de continuer à cotiser au régime général français (maladie-maternité, accidents du travail), pendant le séjour à l’étranger, au retour et pendant les séjours temporaires en France. Les assurés sont remboursés sur la base des tarifs de la Sécurité sociale française. Ils peuvent, en plus, souscrire une mutuelle.
Les expatriés actifs, de loin les plus nombreux, doivent aussi anticiper leur future retraite. En quittant le pays, ils cessent en effet de cotiser au régime général. «Ils doivent comprendre les choix qui s’offrent, par exemple, entre le maintien de prestations de retraite françaises, l’adhésion aux systèmes de retraite locaux ou la constitution d’une épargne personnelle», explique Vincent Joulia.
Des conditions variables selon le pays d’accueil
Ceux qui travaillent avec un contrat local pourront cotiser pour leurs vieux jours dans leur pays d’accueil. Mais «les conditions d’attribution de la retraite varient selon les pays», rappelle Anne-Laure Chesneau. Certains imposent notamment des conditions de résidence ou de durée minimale de cotisation (jusqu’à cinq ans dans certains pays européens) pour pouvoir prétendre à une pension. Mieux vaut donc se renseigner avant de partir (y compris pour les plus jeunes, même si l’échéance est très éloignée), afin de ne pas prendre le risque d’amputer sa retraite future. Là aussi, il est possible de continuer à cotiser au système français via la Caisse des Français de l’étranger (qui compte 220.000 assurés).
De façon générale, les expatriés, comme ceux qui restent dans l’Hexagone, doivent continuer à épargner pour leurs vieux jours. Reste à savoir où investir? En France ou dans le pays de résidence? Avant de se décider, «il faut évaluer l’attrait des solutions d’investissement locales et celles que l’on peut continuer de se voir offrir en France ou ailleurs en Europe, notamment en terme de fiscalité, de sécurité et de liquidité», conseille Vincent Joulia. L’assurance-vie, dans la mesure où le contrat d’assurance est adapté aux règles du pays de résidence, peut continuer à être abondée. Tout comme les comptes titres. «Il est important de rester prudent en terme de choix de gestionnaire et de souscription de placements proposés localement car la commercialisation de produits financiers n’est pas toujours aussi encadrée qu’en Europe et cela peut donner lieu à de mauvaises surprises», prévient Vincent Joulia.
La protection sociale française manque aux expatriés
Après la culture et la gastronomie, c’est la couverture sociale qui manque lplus aux Français vivant à l’étranger. Malgré tout, les deux tiers ne comptent pas rentrer dans l’Hexagone.
Ils sont 1,68 million de Français à vivre à l’étranger et ne regrettent pas trop l’Hexagone. Les deux tiers des expatriés n’envisagent pas de revenir en France dans les cinq années à venir, révèle le baromètre Humanis/Lepetitjournal.com. Officieusement, les Français seraient bien plus nombreux hors du territoire: le chiffre gonfle à 2,5 millions d’expatriés. «Le chiffre officiel ne comprend que les expatriés enregistrés dans les consulats», explique Alexis de Saint Albin, directeur du développement international d’Humanis.
En moyenne, les exilés à l’étranger ont 48,9 ans et sont majoritairement des femmes, à 58%. Parmi eux, il y a ceux qui partent par le biais de leurs entreprises et «plus nombreux» ceux qui rêvent d’aventures. Ils sont 80% à estimer «qu’ils acquièrent à l’étranger des compétences qu’ils n’auraient pas pu avoir en France». La crise est elle aussi responsable de certains départs. 31% des interrogés évoquent «le chômage, l’insécurité ou encore le peu d’opportunités professionnelles et le matraquage fiscal», précise l’étude.
Le salaire enfin est l’une des trois motivations principales pour quitter l’Hexagone. «Aujourd’hui, près de 20% des expatriés gagnent entre 36.000 et 60.000 euros net annuel» déclare Hervé Heyraud, fondateur et gérant du site lepetitjournal.com. «La crise a notamment amené les jeunes à partir à l’étranger. Mais elle n’est pas l’unique raison, précise Alexis de Saint Albin. Il y a un véritable changement de mentalité, un rattrapage par rapport à nos voisins européens».
Près de la moitié des expatriés n’anticipent pas la couverture sociale
S’ils sont ravis de vivre à l’étranger, les Français restent attachés à la culture et à la gastronomie de l’Hexagone. Pour 70% d’entre-deux, la protection sociale «à la française» et le système de soins font partie des manques principaux dans la vie à l’étranger. Ils sont quand même près de 87% à posséder au moins une couverture sociale. Parmi les protections proposées, la couverture santé qui prend en charge tout ou une partie des dépenses et des biens médicaux est prédominante à 83%.
«Tout le monde n’a pas besoin de conserver une couverture sociale française, ajoute le spécialiste. Tout dépend du pays où l’on part. Globalement, les pays de l’OCDE possèdent des protections santé». Pour les employés partant par le biais de leur entreprise, l’employeur a une «obligation d’information mais dans la majorité des cas ils conservent la protection». Un tiers des expatriés attend tout de même de rentrer en France pour faire certains soins. «Ils sont attachés à leurs dentistes, à leurs médecins». «L’image de coût élevé des complémentaires est de loin le principal frein à la souscription», précise l’étude. D’ailleurs, près de la moitié des expatriés n’anticipent pas la problématique de la couverture sociale avant son départ à l’étranger. Seuls 17% sont bons élèves et disent avoir tout préparé en s’y prenant à l’avance.
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