L’agression commise par un islamiste fanatisé contre le commissariat de Joué-lès-Tours a été soldée par la mort de l’agresseur, une mort couverte par le principe de légitime défense. Et pourtant l’on aurait pu penser que les fonctionnaires de police s’en tirent uniquement en visant l’agresseur aux jambes. Mais aussitôt rendu sur les lieux le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a salué la détermination et le professionnalisme de ses fonctionnaires et donc justifié par avance leur action.
Il ne s’agit pas ici de mettre en question la réaction des policiers menacés d’un coutelas au cri de « Allah Ou Akbar », ni la réaction du ministre de tutelle. Il s’agit de se demander pourquoi lorsque des faits analogues commis dans la banlieue de Jérusalem ou à la gare routière de Tel Aviv, provoquant une réaction elle aussi analogue des agents de sécurité en faction, ces fais entraînent des jugements complètement opposés qui vont jusqu’à mettre en question la politique globale du gouvernement israélien en matière sécuritaire, la personnalité de ses dirigeants, si ce n’est la légitimité de l’Etat d’Israël.
En réalité il se pourrait que cette différence de traitement nourrisse d’elle même non seulement le terrorisme qui sévit contre la population israélienne mais encore celui qui vise partout en Europe et plus particulièrement en France les représentants de l’Etat. Et ce n’est pas faute pour la France d’avoir donné massivement des gages au bénéfice d’un Etat palestinien qui ait empêché quoi que ce soit contre le commissariat de Joué-lès-Tours. Même s’il s’en est fallu de peu que le Sénat français repousse la motion portée par la Gauche en ce sens, pour l’opinion publique palestinienne et plus largement arabe la France fera pression sur l’Etat d’Israël afin de le conformer à ses vues. Comme quoi l’on a tort de lier ces deux éléments: la reconnaissance d’un Etat palestinien, et l’instauration d’une paix réelle et durable au Moyen Orient.
N’en déplaise à Laurent Fabius, la création d’un Etat palestinien ne saurait se décider par un ultimatum de la France ni de tout autre pays mais par l’instauration préalable d’un Etat qui en soit un, qui assume ses responsabilités et qui ne préfigure un Etat islamique ainsi fanatisé. C’est d’ailleurs ce que les Etats-Unis viennent de signifier à l’Autorité palestinienne en menaçant d’opposer leur veto à toute nouvelle tentative de sa part devant le Conseil de sécurité qui ne satisferait pas à l’obligation incontournable de négociations préalables entre les deux parties directement concernées.
Les musulmans ont parfaitement le droit de proférer leur credo: « Allah ou Akbar » partout dans le monde, à condition que ce soit dans les mosquées et autres lieux de culte mais nullement en montant à l’assaut contre des commissariats de police, ni contre des églises ou des synagogues, ni en se précipitant sur les passants dans l’intention de leur couper la gorge. Autrement et dans peu de temps même le père Noël devra solliciter les services d’une protection policière rapprochée.
Raphaël Draï, Radio J, 22 décembre 2014