Au fur et à mesure des semaines c’est une véritable offensive que l’on voit se mettre en place contre l’Etat d’Israël afin de lui imposer une solution impliquant la création d’un Etat palestinien et la division de Jérusalem. Cette offensive comporte deux volets principaux: faire régner l’insécurité dans toute la cité, ce que l’on appelle à présent « la bataille de Jérusalem », d’une part, et d’autre part, inciter nombre de parlements étrangers, principalement ceux de l’Union Européenne, parmi lesquels et désormais le Parlement français, à voter des résolutions allant dans ce sens. Et ces derniers jours, Frederica Mogherini, en visite en Moyen Orient affirmait que toute l’Union Européenne appuyait cette initiative. Il s’agit alors de savoir, si face à une telle menace, unique dans l’histoire contemporaine – 28 états ligués contre un seul – la communauté juive de France, se contentera du rôle de spectatrice impuissante et sidérée.

Car cette initiative unanimiste qui se prévaut du droit international le plus contraignant en constitue la violation la plus manifeste. Depuis quand, dans un conflit entre deux entités politiques, une pareille ingérence se justifie t-elle? Est-ce la vocation des parlements nationaux de s’en faire les instruments, chacun ayant ses raisons, ses prétextes ou ses alibis? En France, l’initiative a été activée au Sénat et à l’Assemblée nationale, répétons le, par des parlementaires dits « frondeurs », écologistes ou du Front de gauche. Une coalition anti-Hollande et anti-Valls où l’écologie se dévoie auprès de ce qu’il reste du communisme à la française, nostalgique d’un stalinisme qui ne connaissait que la force, le mensonge et la terreur, tandis que des socialistes impuissants à régler les problèmes de toutes sortes qui se posent à leur pays se lancent impunément dans cette diplomatie de la canonnière d’un nouveau genre.

Il faut désormais poser la question au sommet de l’Etat, au président de la République : est-ce la fonction du Parlement de la Vème république, est-ce la vocation de la France dont la communauté juive est partie intégrante de s’adonner à cette politique de pression multiple qui viole toutes les normes et tous les usages des démocraties parlementaires? Le Parlement français s’y autoriserait-il si la communauté internationale comportait autant d’Etats juifs que d’Etats arabes et musulmans?

Il faut prendre toute la mesure du danger à suivre ce cortège de panurges: pendant le périple de Mogherini dans cette partie du monde propice aux fixations psychiques, le Hamas par une série de messages violents et d’explosions interdisait notamment l’accès de Gaza au premier Ministre palestinien Rami Hamdallah en personne. Après quoi l’on viendra soutenir que la création d’un Etat palestinien ne saurait être différée parce que toutes les conditions gouvernementales, de population et de continuité territoriale sont réunies. La vivisection de Jérusalem n’aurait, ce qu’au Ciel ne plaise, pour seul résultat prévisible que la propagation des troubles actuels à ce qui serait redevenu Jérusalem-Ouest en attendant sa nouvelle et complète ré- islamisation. Aucun des problèmes qui se posent au Moyen Orient de Mossoul à Kobané n’en sera résolu pour autant, au contraire. L’islamisme mondial et européen battra des ailes plus fort encore. Est-ce un tel désastre que l’on ose appeler un « avenir de paix »? L’Europe ne guérira t-elle jamais de son passé?

Raphaël Draï

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