La Suède est une ancienne nation militariste, aujourd’hui douillette et ludique, située au nord de l’Europe, à des milliers de kilomètres, géographiques et politiques du Moyen Orient. Cela n’a pas empêché son nouveau gouvernement d’annoncer qu’il reconnaîtra unilatéralement un Etat palestinien dont à ses yeux tous les critères requis par le droit international sont réunis. Il est vrai: lorsque l’on tient à se convaincre soi même et à justifier une initiative motivée par des considérations tant de diplomatie externe que de diplomatie interne, la raison se fait serve de l’idéologie et de la supputation des intérêts réels ou supposés.
La Suède continuera ainsi de donner des leçons de convivialité à un Etat dont il faut être aveugle pour ne pas prendre en compte les menaces qui le visent: un Hamas qui n’a pas désarmé au sud, au nord un Hezbollah dont il faut se méfier 24 heures sur 24, et à l’est un terrorisme endémique destiné à démontrer qu’Israël n’est pas chez lui à Jérusalem. Après quoi l’on claironnera le slogan de « Jérusalem capitale de deux Etats » vivant côte à côte en sécurité.
Il n’en va pas autrement en France où dans cette même lancée des parlementaires, aiguillonnée par Hervé Hamon et Esther Benbassa, tentent de faire adopter une résolution allant dans le sens suédois. Cependant, en France, mis à part le fanatisme idéologique, il faut faire la part de la politique politicienne interne. Car il ne faut pas s’y tromper: par Israël et Etat Palestinien interposés la gauche de la gauche du Parti socialiste et la fraction la plus extrémiste des Verts visent François Hollande et Manuel Valls dont ils vomissent la politique économique, fiscale et sociale, sans proposer pour autant d’autres «solutions» que celles menant à un effondrement encore plus désastreux que celui actuel de la France.
Pour ces pétroleurs d’un nouvel âge, cet été, durant la guerre entre Israël et le Hamas, l’exécutif se serait montré par trop «pro-israélien», autant dire blasphématoire au regard d’une «vraie» politique de gauche puisqu’aujourd’hui, dans notre belle République, se proclamer en faveur d’Israël est devenu un crime et un péché. Pour les meneurs de cette partie de la gauche la plus sectaire de l’histoire contemporaine du socialisme, ce péché le président de la République et le premier Ministre doivent l’expier, comme ils doivent expier leur revirement vers les entreprises ou l’abandon d’une politique fiscale qui pourtant s’est révélée calamiteuse. A les entendre, le PS en est resté à 1956, à Guy Mollet et à l’expédition de Suez, et il faut l’en guérir. On penserait alors qu’ils veuillent mener la France vers 2050, vers le futur? En réalité leur horizon serait celui de 1793, lorsque les têtes tombaient comme feuilles mortes, place de la Concorde ou place de la Nation.
Mais on l’a dit, l’Etat d’Israël, entouré de flammes, n’est pas tout proche et ce n’est pas de sitôt qu’il s’exposera aux lubies de ces révolutionnaires de poche, bien à l’abri dans les lambris et les dorures des palais nationaux où ils peaufinent leurs «résolutions» irresponsables.
Raphaël Draï, Radio J