Depuis ce samedi, les jeunes de 15 ans peuvent prendre le volant en toute légalité, au lieu de 16 ans auparavant. L’objectif est notamment d’obtenir ensuite un meilleur taux de réussite au permis.
Finie la clandestinité des parkings de supermarché. Les jeunes de 15 ans peuvent, à partir de ce samedi 1er novembre, prendre le volant en toute légalité, dans le cadre de la conduite accompagnée. Les jeunes candidats au permis de conduire qui choisiront cette formule pourront passer le permis plus tôt, dès 17 ans et demi, «afin de pouvoir conduire au premier jour de leur majorité», précise le ministère de l’Intérieur. Le jeune mineur titulaire du permis ne pourra toutefois pas conduire seul avant ses 18 ans, mais cela lui permettra de prendre la route dès le tout premier jour de sa majorité.
L’objectif du ministère de l’Intérieur avec cette réforme est de développer le nombre de jeunes en conduite accompagnée. D’ici à 2017, les autorités aimeraient voir passer de 30 à 50% le nombre de jeunes conducteurs. Pour ce faire, Bernard Cazeneuve entend également développer un dispositif permettant aux jeunes dont les parents ne peuvent assurer l’accompagnement de bénéficier de celui de bénévoles.
«Plus d’expérience au volant, c’est un meilleur taux de réussite»
«Avancer d’un an l’accès à la conduite accompagnée offre aux candidats et à leur (ou leurs) accompagnateur(s) davantage de temps pour organiser les séquences d’apprentissage de la conduite et réaliser les 3000 kilomètres à parcourir», estime le ministère de l’Intérieur. «Les jeunes conducteurs seront ainsi mieux formés, et la sécurité en sera renforcée: grâce à l’apprentissage anticipé de la conduite, l’accidentologie est diminuée de 27% la première année du permis pour les 18-19 ans, et de 25% pour les 20-21 ans».
Ces affirmations sont toutefois contestées par Chantal Perrichon, la présidente de la Ligue contre la violence routière. «La conduite accompagnée telle qu’elle se pratique en France ne suffit pas, affirme-t-elle dans Le Parisien . Dans les pays nordiques, où le système marche bien, ce n’est pas 3000 mais 7000 km que doivent faire les jeunes.» La Ligue contre la violence routière voudrait aussi «exiger des accompagnateurs qu’ils n’aient jamais fait l’objet de suspension de permis, ce qui n’est pas le cas pour l’instant».
L’Allemagne dispose également d’un programme de conduite accompagnée, mais dès 17 ans et demi. Outre-Rhin, on compte 41 morts sur la route par million d’habitants en 2013 contre 50 par million d’habitants dans notre pays, selon les chiffres de la Commission européenne. Aux Etats-Unis, la plupart des Etats laissent les jeunes conduire seuls dès 16 ans, avec des programmes de conduite accompagnée dès 14 ans.
98 jours d’attente
«Plus d’expérience au volant, c’est également un meilleur taux de réussite au permis de conduire: 73,9 % de succès, contre 55,2 % par la voie traditionnelle», assure le ministère. Grâce à cette réforme, ce dernier espère ainsi réduire les délais de passage de l’épreuve pratique, et le coût induit pour les jeunes et leurs familles. Le coût moyen du permis de conduire est de 1500 euros, pour qui l’obtient du premier coup . Sans quoi, après un premier échec, s’ensuit une période d’attente de 98 jours en moyenne durant laquelle il faut prendre de nouvelles leçons, faisant grimper la facture.
Cette réforme n’a pas été évidente à mettre en place, entraînant des mouvements de grève des inspecteurs du permis de conduire en juin et en septembre. Les organisations syndicales des auto-écoles avaient carrément quitté la table des négociations en octobre dernier. «Tout est orienté vers la baisse des coûts à tout prix en ne tenant pas compte des impératifs de sécurité routière», avait déploré le vice -président de l’UNIC (Union nationale des indépendants à la conduite) , Thibault Droinet auprès du Figaro . Depuis le 1er août, l’épreuve de conduite a également été réduite de 35 à 32 minutes afin de permettre aux inspecteurs de faire passer un candidat supplémentaire par jour (13 au lieu de 12).