Enfin, après des mois et des mois de tergiversations et d’atermoiements, Barack Obama, avec un grand nombre de pays européens et de pays arabes, a décidé de mener une guerre à outrance contre l’Etat Islamique du calife El Baghdadi. Chacun semble avoir maintenant compris le danger mortel que représente cet Etat que le qualificatif de « barbare » ne suffit pas à caractériser. Cet Etat – encore que, pour ce qui le concerne, ce terme soit juridiquement impropre – cet Etat donc, pour le nommer ainsi, se prévaut d’un principe: celui de n’en respecter aucun. Est considéré comme loi ce qu’il décrète tel. Cette loi est simple: l’Islam, et l’Islam tel qu’il le comprend, pour toute la planète! Autrement, il n’est d’autre issue que la mort dans les conditions les plus abjectes, sans aucun respect, y compris pour les cadavres.
Pour l’instant, seules les forces irakiennes et kurdes sont engagées, militairement parlant, contre les unités de l’Etat islamique. Et il semble bien que la guerre en cours, là encore, soit menée à outrance. Ce n’est peut être pas le moment de faire des comparaisons avec l’opération israélienne menée contre le Hamas à Gaza mais puisque l’on évoque à ce propos d’éventuels « crimes de guerre » commis par l’armée israélienne sur ce théâtre d’opérations, il faut savoir qu’en Irak, du fait de la dissémination une fois de plus d’élément armés parmi les populations civiles, les bombardements de l’armée irakienne ont déjà causé un nombre considérable de victimes civiles, infiniment plus nombreuses qu’à Gaza.
S’agissant de la guerre décidée par les Etats Unis, l’on attend également de voir aussi comment elle sera menée. En l’occurrence, il ne s’agit ni de Sadam Hussein ni de Kaddafi. On l’a dit, l’Etat islamique ne respecte aucun principe, ne reconnaît aucune loi. Il inculque à ses adeptes le mépris de la mort et même sa recherche intentionnelle. Ce qui conditionne sa manière de combattre alors qu’il exerce son emprise sur d’importants contingents d’otages dont il n’hésitera pas un seul instant, en cas de nécessité, à faire l’usage que l’on peut imaginer sans peine. Sur les territoires dont il s’est emparé par de véritables actes de piraterie internationale, nul doute non plus qu’il saura dissimuler ses forces au sein des populations locales de sorte à pousser la coalition à commettre ce qu’il qualifiera cyniquement ensuite de « crimes de guerre ».
Pour l’instant, Obama en est au montage de cette coalition complexe pour ne pas dire hétéroclite où l’Iran traîne déjà des pieds et il doit y consacrer un temps considérable que l’Etat Islamique utilise d’ores et déjà pour parer à ses futures opérations. Des opérations dans lesquelles la France engagée au Mali et en centre Afrique se porte en première ligne, avec tous les risques sécuritaires qui s’ensuivent sur son territoire national, à commencer pour la communauté juive. Prés de 1000 djihadistes de nationalité française opèrent déjà pour le compte de l’Etat islamique. Autant en être conscients et s’y préparer.
Raphaël Draï, Radio J, 15 septembre 2014