Une étude menée par des chercheurs de l’Université de Tel-Aviv et de l’Université Stanford montre que, contrairement à l’opinion admise, nos reins sont capables de se régénérer d’eux-mêmes. Elle ouvre ainsi la voie à de nouveaux traitements et est même susceptible, dans l’avenir, d’éviter les transplantations rénales. L’étude, réalisée en collaboration entre les équipes du Dr Benjamin Dekel de l’Ecole de Médecine de l’Université de Tel-Aviv et du Centre médical Sheba, et du Dr. Irving L. Weissman de l’Institut de Biologie des cellules souches de l’Université Stanford en Californie a été publiée dans la revue Cell Reports.
L’insuffisance rénale est une maladie courante, qui tend à augmenter en occident, en parallèle avec l’obésité et l’hypertension artérielle. Les traitements actuels incluent la dialyse, processus difficile et contraignant pour le patient, et les transplantations, limitées par la pénurie d’organes disponibles. Les patients figurent par milliers sur des listes d’attente et meurent parfois avant qu’un donneur compatible ne soit trouvé.
“Cette étude renverse l’idée selon laquelle nos reins sont des organes statiques” affirme le Prof. Benjamin Dekel, spécialisé dans la recherche sur les cellules souches, la génétique et la néphrologie. “En fait, ils se régénèrent continuellement en produisant de nouvelles cellules pour remplacer celles que nous éliminons dans l’urine”. Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont utilisé des “souris arc-en-ciel”, génétiquement modifiées afin de doter leurs cellules de marqueurs fluorescents qui permettent de suivre leur évolution dans l’organisme. “L’utilisation de ces souris nous a permis de suivre le processus de régénération des cellules rénales in-vivo pendant sept mois” explique le Prof. Dekel. Selon lui, on savait que les cellules rénales pouvaient se reproduire à l’extérieur du corps, mais le processus qui se déroule à l’intérieur de l’organisme n’avait jamais été exploré.
“Notre objectif était d’utiliser une nouvelle technique pour aborder un problème ancien”. Les chercheurs ont été surpris de constater que le processus de régénération du rein était constant et suivait un modèle spécifique. “La croissance n’est pas basée uniquement sur celle des cellules souches, elle est multidirectionnelle et compartimentée”. “Chaque partie du néphron est responsable de sa propre croissance, chaque segment est responsable de son propre développement, comme un tronc d’arbre et ses branches – chaque branche se développe à un rythme différent et dans une direction différente.”
Les chercheurs ont réussi à identifier une molécule particulière responsable de la croissance cellulaire rénale appelé le “WNT.” Une fois activée dans les cellules souches spécifiques de chaque segment de rein, le WNT produit une forte croissance cellulaire et génère de longues “ramification” de cellules. Le Prof. Dekel ajoute “En fait, les cellules rénales ne cessent de croître”. “Si ce processus de régénération pouvait être accéléré, il pourrait éviter les greffes de rein dans la plupart des cas d’insuffisance rénale”. La prochaine étape est le développement de techniques pour améliorer ce processus dans le but d’éviter les transplantations rénales. “D’après cette étude nous savons que pour régénérer les différents segments rénaux, nous devrons utiliser différentes cellules souches cultivées à l’extérieur de l’organisme”. “De plus, si nous étions capables d’activer davantage la molécule WNT, nous pourrions accélérer la croissance cellulaire et véritablement “booster” la régénération des reins en cas de maladie ou de traumatisme. Cette étude est un tremplin pour le développement de nouvelles thérapies, permettant en outre de suivre la croissance et l’expansion cellulaire après le traitement “.
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