Les futurs ingénieurs et managers se disent prêts à rogner leurs salaires d’embauche et se résolvent à passer par la case CDD
Les jeunes diplômés des grandes écoles de commerce et d’ingénieurs traînent volontiers une réputation d’arrogance quand ils débarquent sur le marché de l’emploi. Pourtant, un sondage, rendu public mercredi 16 avril par l’Observatoire des grandes écoles, révèle que les futures élites semblent revoir leurs ambitions professionnelles à la baisse.
Ainsi, deux tiers des 1.300 élèves interrogés dans treize grandes écoles par le cabinet de ressources humaines Gallileo, affirment qu’ils n’hésiteraient pas à rogner sur leur salaire d’embauche s’ils rencontraient « plus de difficultés que prévu à trouver rapidement un premier emploi ».
En revanche, l' »intérêt de l’emploi » choisi prime toujours pour une large majorité d’entre eux. Au point que si les candidats dénichaient un poste qui leur fait battre le cœur, ils se disent prêts à 66% à accepter un contrat à durée déterminée plutôt qu’un CDI, « même sans garantie de CDI par la suite ».
Même HEC
Les futurs ingénieurs et managers parlent-ils en l’air quand ils évoquent ces possibles concessions ? Pas vraiment. Car la quasi moitié d’entre eux (40%) se déclarent « très » ou « un peu inquiets » de ne pas trouver rapidement un poste une fois leur diplôme en poche. Même à la prestigieuse HEC, un tiers des interrogés envisagent une arrivée sur le marché du travail moins idyllique que prévue… Enfin, dernier point intéressant : les futures diplômées sont encore plus inquiètes que leurs homologues masculins (52% contre 31%).
D’emblée, on pourrait penser que cette enquête est l’énième manifestation du « French pessimisme« , ce sport dans lequel nos concitoyens excellent. En réalité, les élèves inquiets ont objectivement plutôt… raison de l’être.
Car, même diplômés des grandes écoles, les impétrants connaissent des conditions d’arrivée moins clémentes comparés à leurs aînés. Et cela depuis plus d’une dizaine d’années. Comme le révèle une enquête de la Conférence des grandes écoles publiée à la mi-2013, ils sont en effet moins payés qu’auparavant (en tenant compte du coût de la vie, ils touchent 26.500 euros par an contre 33.000 euros en 2002) et globalement plus mal lotis (ils étaient 85% à bénéficier d’un CDI six mois après leur arrivée sur le marché du travail en 2002, contre 76% en 2013).
« Rentabilité » moins éclatante
Ceci, alors que les écoles de commerce et (dans une moindre mesure) celles d’ingénieurs ont vu bondir leurs frais d’inscription au cours de cette dernière décennie. Où, en somme, la « rentabilité » de ces études longues, et souvent chères, est souvent moins éclatante.
Pour les écoles de commerce, une enquête 2013 de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) enfonce même le clou : un an après avoir rejoint le monde de l’entreprise, 30% des interrogés estiment occuper une « fonction inférieure à leur qualification » et 12% évoquent même un « job alimentaire ».
Arnaud Gonzague – Le Nouvel Observateur