Il semblerait que l’Homme porte en lui l’image du Divin, il en a perdu la Ressemblance, mais est en passe de la retrouver même si la vision de la réalité immédiate du monde environnant nous ferait en douter.
Image du Divin de quoi parlons-nous ? Du commencement, car l’idée fondamentale c’est qu’il y eut commencement, et que depuis l’H/homme s’enfante à ce qu’il doit devenir pour retrouver la majuscule qui lui fait encore si cruellement défaut.
Expérimentant la connaissance du bien et du mal, il ne pourra entrer dans le mystère de la Création qu’en saisissant simultanément dans leur totalité et leur juste rapport les deux termes de l’antinomie constitutive qui le porte.
Dans cette quête, il finira par reconnaitre que ce qu’il nomme Bien et ce qu’il est convenu d’appeler Mal sont les deux pôles d’une même réalité inexprimable.
La Tradition nous enseigne que « le penchant au mal s’attache à l’homme aussitôt que celui-ci vient au monde, et ne le quitte jamais plus, même dans sa vieillesse et y compris à l’article de la mort ». Zohar Vayishlah 165b
Et le Zohar de continuer : « Lorsqu’il atteint l’âge de 13 ans, vient s’associer le penchant au bien: deux penchants, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche. Ce sont en réalité deux anges tutélaires qui se trouvent constamment avec l’homme ». Ibid.
Cette schizophrénie constitutive de la psyché, loin d’être un handicap, révèle en fait la réalité d’un formidable dynamisme, d’une perpétuelle mise en route vers la perfection de son être.
Ces apparences lumières/ténèbres, bien/mal, perfection/non-perfection, récompense/punition, moi/l’autre, forment la dualité expériencielle de l’existence. Incapable de les appréhender dans leur absolu, l’ignorant continuera de refuser l’expérience du dépassement des douleurs qu’elles provoquent.
Les événements que le monde traverse globalement, et les difficultés personnelles de chacun, loin de pousser au désespoir, nous indiquent que quelque chose échappe encore à l’humanité, toujours « prisonnière de ses dualismes infantiles relayés par les sciences ‘’humaines’’, elles-mêmes dupes de leurs gigantesques résistances à l’évolution salvatrice espérée ». Annick de Souzenelle in Le symbolisme du corps Humain Ed.Dangles 1984
L’angoisse moderne trouve là son terreau sur lequel prennent racines les extrémistes de tout poil, toutes obédiences et couleurs de barbes confondues.
Nous n’avons d’autre choix que de passer cette ‘’Porte des Hommes’’ que la Tradition nous a sans cesse invités à franchir.
Conquête de la Terre Promise, du Triangle Supérieur, du Paradis Perdu, de la Jérusalem Céleste, autant de signifiants de cette quête douloureuse, vers une information supérieure dont nous paraissons encore coupés.
Par engendrements successifs, de matrices en matrices, nous accouchons péniblement à chaque fois d’une version plus élaborée de notre être.
L’archétype de la sortie d’Egypte en est le prototype.
Appelés vers le haut, retenus par le bas. Le peuple ne voulait pas s’extraire de sa servitude. Paradoxale opposition, crainte de guérir, de recouvrer une santé dont il a perdu le souvenir.
« Peur de cette mort qu’est la naissance » nous avertissait Annick de Souzenelle .
Pourtant cette co/naissance est constitutive de l’humain.
Connaissance de soi, du monde.
Pour cela un prêt requis: sortir d’Egypte, de Mitsraïm, מצרים, de l’étroitesse des valeurs extérieures auxquelles nous donnons foi, sur le simple fait qu’elles nous paraissent tangibles, réelles.
Nous ne pouvons croire qu’à ce que nous pouvons croire…
Et ce ne sera qu’après avoir épuisé les expériences de fragilité, d’illusion et de vanité de ces pseudos valeurs que l’humain pourra enfin accéder à la porte que nous évoquons.
C’est paradoxalement au cours de la traversée de ses différentes Egyptes intérieures, grâce à l’expérience des oppositions bien et mal, Tov veRa, טוב ורע, et dans la dure servitude aux non-valeurs du monde, symbolisé par l’Egypte, que la conscience pourra (re)naitre, et enfin acquérir assez de forces et de structure pour s’élever du stade de l’avoir et atteindre l’étage de l’Etre, du Parle-Etre, du Médaber.
«Je dirais avec brutalité que ce que nous devons au monothéisme juif, ce n’est pas la révélation de l’Unique Dieu, c’est la révélation de la parole comme du Lieu où les hommes se tiennent en rapport avec ce qui exclut tout rapport » M. Blanchot in L’Entretien infini Gallimard 1960
Yehouda Guenassia
Psychothérapeute
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