L’Iran soutient le Djihad islamique, qui attaque Israël, qui attaque Gaza, dans un cycle infernal de violence
Alors que la tension monte dans la bande de Gaza et dans le sud d’Israël, que les deux parties échangent des coups de poing militaires et que les dirigeants israéliens promettent une réponse « forte », les options sont en fait limitées pour Israël.
L’escalade lente et glissante a commencé – comme souvent dans la région – accidentellement, aucune des parties concernées n’ayant le désir ou l’intention de se retrouver dans un nouveau cycle d’hostilités.
Tout a commencé début mars par ce qui semblait alors être un autre incident isolé, à 1500 kilomètres d’Israël. Après des mois de collecte de renseignements et de surveillance, la marine israélienne a capturé dans la mer Rouge le navire Klos-C, qui transportait des missiles fabriqués en Syrie, des obus de mortier et des balles en provenance d’Iran à destination du Soudan. De là, le plan iranien était probablement de passer les armes à Gaza.
Tout porte à croire qu’elles étaient destinées au Djihad islamique palestinien (DIP), un groupe entièrement financé par l’Iran. Contrairement au Hamas, qui a rompu ses liens avec l’Iran dans la foulée de la guerre civile sanglante en Syrie, le DIP est resté fidèle à Téhéran. L’Iran, qui a récemment conclu un accord intérimaire avec les grandes puissances au sujet de son programme nucléaire et qui tente de désamorcer les tensions avec l’Occident, a nié l’allégation israélienne selon laquelle il était responsable de l’expédition.
Pourtant, l’incident en haute mer pourrait être lié à ce qui se passe aujourd’hui entre Gaza et Israël. Il ne faut pas écarter la possibilité que l’Iran ait demandé à son client, le DIP, de lancer des roquettes contre Israël. Ses objectifs sont triples: exercer des représailles pour la saisie du navire, hausser la tension et embarrasser et punir le Hamas pour son indépendance et sa désobéissance.
Le Hamas est arrivé au pouvoir par un coup d’Etat militaire en 2007, renversant le gouvernement de l’Autorité palestinienne.
Depuis, le Hamas danse sur une corde raide, exécutant alternativement des pas en avant et des courbettes en arrière. Il a été parrainé par l’Iran et par la Syrie, puis par Egypte des Frères musulmans. Au cours de la dernière année, depuis que l’armée est au pouvoir en Egypte, le Hamas s’est retrouvé sans patron ni sponsor, et manque d’argent.
Les manœuvres délicates du Hamas incluent également de lancer des roquettes et des missiles contre Israël, et d’ensuite accepter deux cessez-le feu, en 2010 et en 2012. Ou encore, il ferme les yeux lorsque le DIP lance indépendamment des roquettes, violant ainsi les trêves avec Israël d’une part, tout en essayant de le retenir de l’autre.
Il semble que cette fois le Hamas n’a pas réussi à contrecarrer le plan de l’Iran et du DIP.
Ce qui a déclenché ou a été utilisé comme excuse pour se lancer dans le cycle actuel de la violence est le fait que les membres du DIP s’étaient préparés en début de semaine à lancer des roquettes contre Israël. Leur effort a été déjoué par les forces israéliennes, qui ont tué les trois membres de l’unité.
Le DIJ a riposté en lançant plus de 100 roquettes mercredi soir et jeudi. Les forces aériennes israéliennes ont pour leur part attaqué 29 cibles du DIJ et du Hamas à Gaza. Il s’agit de la plus féroce bataille entre Israël et Gaza depuis l’opération militaire de novembre 2012, qui a pris fin avec un cessez-le feu.
Les dirigeants israéliens et les chefs militaires débattent actuellement de la stratégie à choisir. Ils veulent empêcher tout glissement vers une série indésirable d’action/réaction. Ils veulent casser ce cercle vicieux et rétablir le cessez-le feu. Mais ils savent aussi que leurs options sont limitées. Le calme à long terme peut être obtenu de deux façons.
La première, préférable, est de signer un accord avec l’Autorité palestinienne (AP), tel que le cherche actuellement le secrétaire d’Etat américain John Kerry. Mais un tel accord devrait être mis en œuvre non seulement dans la Cisjordanie contrôlée par l’AP, mais également à Gaza. Cependant, la possibilité d’une telle entente globale est nulle. Le Hamas n’acceptera pas de faire partie de tout accord en Israël et l’AP et ne voudra certainement pas accepter la demande israélienne d’être désarmé.
Donc, il reste seulement l’autre option, indésirable, à Israël. Il s’agit d’envahir Gaza, de renverser le gouvernement du Hamas et de démanteler et de désarmer tous les groupes terroristes qui y opèrent – Hamas, le Djihad islamique et les groupuscules renégats inspirés d’al-Qaida. Une telle solution est préconisée par le ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman. Mais il n’a ni le soutien ni l’enthousiasme des membres du cabinet pour cette option. Ils savent qu’une telle solution signifie une guerre totale qui se traduirait par de lourdes pertes des deux côtés et par la condamnation de la part des pays arabes qui soutiennent secrètement les efforts israéliens pour empêcher un Iran nucléaire. Ainsi, une invasion d’Israël serviraient les intérêts de l’Iran.
Donc, de manière plus réaliste, on peut s’attendre à davantage de ce à quoi nous assistons présentement. Cessez-le feu, sa violation, lancement de roquettes à partir de Gaza et frappes israéliennes.
Yossi Melman
expert dans les secteurs relatifs à la sécurité et au renseignement en Israël.
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