Pris dans une sombre histoire de surfacturation, François Copé crie au complot mondial et déclare la patrie en danger. Pas d’affolement toutefois. Il s’agit juste d’un nouveau coup de Jarnac signé par ses ennemis intimes au sein de l’ UMP. A se demander ce qui provoque une haine aussi irréductible entre des personnalités qui prises séparément sont en général de bon aloi et qui mises en communauté semblent atteintes du syndrome de la vache folle. Le tout broché sur fond d’idéologie gaullienne dilatée, avec références obligées à l’ homme du I8 juin dont on feint d’oublier qu’il fut aussi celui du 13 mai.
Il semble pourtant que ce soit au sein même du mouvement gaulliste qu’on n’ait plus du tout conscience de la dégradation intellectuelle et politique de la situation. François Copé est accroché à un radeau en comparaison duquel celui de la Méduse ressemble au vaisseau de l’Agha Khan. François Fillon, lui, s’est attaché au mât du navire et se bouche les oreilles pour ne pas entendre les sirènes sarkozistes tandis que l’ancien président de la République répète devant sa glace les gestes de Spiderman. En foi de quoi la Gauche n’a qu’à bien se tenir!
Tout cela paraît décalé ou franchement onirique. A si brève échéance des Municipales, et en attendant les Européennes les pronostics s’imbibent du marc de café requis par la voyance extra-lucide. Depuis plusieurs mois, la France de droite, de gauche, du centre, d’en haut, d’en bas et d’ailleurs se trouve pour ainsi dire en état de flottaison intersidérale. On évoque la possibilité d’un gouvernement « resserré » mais l’on ne sait toujours pas à quelles fins. L’arrivée de Ségolène Royale est dans les esprits, ce qui suffit à démontrer ou que le salut est proche ou que les thèses de Durkheim sur le suicide altruiste vont être actualisées. Selon un sondage récent, plus de 40% des jeunes de France se déclarent en état de maltraitance collective et chronique, économique, sociale et culturelle.
Un symptôme apparaît en ce sens particulièrement parlant: les comiques ne font plus rire grand monde et déclarent ouvertement que leur profession est sinistrée. Les seules émissions de télé qui font parler d’elles sont celles dont les invités quittent en furie le plateau avec le désir tout juste réprimé de découper au canif le présentateur ou la présentatrice. Sur les chaînes surexploitées du cinéma, à force de revoir pour la cinquantième fois Le Corniaud les oreilles vous en tombent et à force d’entendre le fameux train de Fred Zinneman siffler trois mille fois, l’envie vous prend de voyager en avion. Heureusement les librairies n’ont pas toutes déposé leur bilan et il reste sur les quais des bouquinistes qui savent retrouver les « Robinsons suisses » de notre enfance, dans l’édition Nathan. Bonheurs d’occasion Occasions de bonheur.
27 février
Raphael Drai