LES JUIFS DE TUNISIE SOUS LA BOTTE ALLEMANDE  
De Jean-Pierre ALLALI
Ce thème a été peu abordé de manière exhaustive par les écrivains. Plusieurs auteurs ont certes effleuré le sujet dans des ouvrages autobiographiques, sur la base de souvenirs personnels. Mais devant les fantasmes créés par l’occupation de la Tunisie par les Allemands, du 13 novembre 1942 au 7 mai 1943, il devenait nécessaire de témoigner au sujet de cette péripétie dramatique de l’Histoire que certains qualifient à tort de Shoah en Tunisie. En assimilant à la solution finale les problèmes vécus sans commune mesure pendant six mois par des victimes tunisiennes, on insulte en fait les six millions de Juifs morts par la barbarie nazie.
On apprend ainsi que les Juifs de Tunisie, grâce aux autorités italiennes, n’ont jamais été astreints au port de l’étoile jaune bien que quelques travailleurs forcés la portèrent, par anticipation, par fierté ou par provocation ou dans les villes de Sousse et de Sfax. Par ailleurs, il est à présent établi que le Bey Moncef n’a pas protégé ses citoyens juifs puisqu’il promulgua le statut des Juifs par le biais des décrets beylicaux des 30 novembre 1940 et 26 juin 1941 alors qu’il avait refusé de signer l’arrêté instituant le service obligatoire de travail pour les Musulmans. Il le fit peut-être sous la contrainte mais, en tant que haute personnalité morale arabe, il se serait grandi en refusant de signer un acte discriminatoire et en laissant cette responsabilité aux autorités françaises. Il le paiera cher puisqu’il fut contraint d’abdiquer le 5 juillet 1943 au profit de Sidi Lamine Bey.
Ce fut d’ailleurs aussi le cas pour le roi Mohamed V «qui finit par apposer son sceau au bas des dahirs et des arrêtés concernant le statut des Juifs du Maroc». L’auteur dénonce aussi, preuves à l’appui, la complicité de nombreux dirigeants du Néo-Destour, dont Habib Thameur, avec le Grand mufti de Jérusalem et les puissances de l’Axe. En revanche, il confirme que Habib Bourguiba avait tout fait pour conseiller à ses amis de prendre le parti des Alliés alors que d’autres pensaient que les Allemands pouvaient les aider à obtenir leur indépendance.
Ce livre est une véritable encyclopédie de l’histoire des Juifs en Tunisie, et pas seulement durant les six mois critiques. Il révèle de nombreux faits totalement ignorés parce que rien n’a été fait par les dirigeants juifs de Tunisie pour enseigner aux Juifs leur propre histoire. Il remet les pendules  à l’heure en ce qui concerne la réalité de l’antisémitisme tunisien qui s’amplifia avec l’arrivée des Allemands. La légende tenace prétendait que les Juifs de Tunisie avaient vécu en bonne entente avec les Tunisiens et n’avaient jamais rien subi de la part des citoyens arabes alors qu’au mieux, ils avaient vécu dans l’indifférence mutuelle. 
 
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