Le chanteur a contracté en 2007 un emprunt au montage financier complexe auprès d’une filiale de Landsbanki, une banque islandaise fauchée par la crise de 2008 et aujourd’hui en liquidation. Il estime que sa condamnation «n’a aucun sens» et va faire appel.
«J’avoue qu’en apprenant la nouvelle, sur le coup, j’ai un peu paniqué, a confié Enrico Macias au Parisien/Aujourd’hui en France . Puis j’ai appelé mes avocats qui m’ont rassuré. Cette décision n’a aucun sens et n’est pas exécutoire en France. Bien entendu, nous allons la contester, ajoute le chanteur âgé de 75 ans. Je n’ai pas touché cet argent, mais on me le réclame quand même. Je n’ai pas peur de dire que je soupçonne la justice luxembourgeoise d’être de connivence avec cette banque», poursuit-il.
Lorsqu’Enrico Macias contracte le prêt de 35 millions d’euros, il gage deux biens immobiliers, dont une villa à Saint-Tropez. Il reçoit 9 millions d’euros en liquide, et le surplus de 26 millions d’euros est placé dans trois polices d’assurance-vie: deux de 11 millions chacune et un contrat de 4 millions. Mais en 2008, la banque islandaise est déclarée en cessation de paiement puis en liquidation et la valeur du portefeuille d’assurance-vie s’écroule. Les biens gagés ne permettant plus de couvrir les ratios de couverture du contrat prêt, la liquidatrice réclame en 2009 le remboursement intégral du prêt. Les contrats d’assurance-vie de l’artiste sont saisis auprès de la compagnie Lex Life & Pension (entreprise qui était liée à la banque islandaise), afin de s’assurer du recouvrement des 30 millions d’euros à la liquidatrice de la banque.
«Tromperie»
Le chanteur défendu par le cabinet Carbonnier Lamaze Rasle & Associés demande la nullité du contrat. Il s’estime victime d’une escroquerie de grande ampleur qui touche l’ensemble des emprunteurs particuliers de la banque Landsbanki Luxembourg. Dans un communiqué, Me Edouard de Lamaze assure que l’établissement «a été mis en examen pour escroquerie» devant la justice pénale française, à l’initiative du médiatique juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke. L’ensemble des créances qu’elle détenait contre la centaine de parties civiles ont été saisies, et elle a été condamnée à verser «une caution record de 50 millions d’euros», poursuit l’avocat.
Dans le jugement, les juges luxembourgeois ont estimé que le chanteur était «un investisseur averti» et qu’il avait contracté le prêt de 2007 «en toute connaissance de cause». Ils l’ont donc condamné à payer 30 millions d’euros à la banque en liquidation, avec les intérêts conventionnels à compter du 1er janvier 2013. Par ailleurs, les juges ont validé la saisie-arrêt sur les contrats d’assurance-vie.
L’avocat de l’artiste voit dans cette «décision inique» la volonté des juges luxembourgeois de «protéger les montages financiers frauduleux mis en place par la banque Landsbanki Luxembourg» et «protéger les intérêts de la Banque centrale du Luxembourg qui a assumé les dettes de la banque lors de la liquidation». Enrico Macias fera appel de la décision, «qui ne pourra pas être exécutée en France», précise-t-il.
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