Pour le Président du Consistoire, Joël Mergui, il faut « Accompagner la Alyah sans oublier notre responsabilité envers la communauté juive de France et les risques d’assimilation »
Des dizaines de Rabbins et responsables communautaires francophones installés en Israël ont participé ce lundi 17 février à une réunion avec le Président du Consistoire, Joël Mergui, au centre Bégin à Jérusalem, au cours de laquelle il a présenté une nouvelle initiative afin de resserrer les liens entre les communautés restées en France et celles d’Israël : l’installation d’une antenne consistoriale en Israël.
Cette antenne aura pour but de soutenir les communautés juives françaises qui choisissent de s’installer en Israël, d’anticiper et de répondre aux besoins et aux attentes des francophones résidant sur place.
Ce projet, évoqué depuis plusieurs années, a vu le jour à la suite d’un séminaire d’étude avec plus d’une centaine de Rabbins et chefs de communautés juives françaises. La majorité d’entre eux s’était montrée particulièrement inquiète face à la recrudescence de l’antisémitisme en France et s’était interrogée sur la manière d’accompagner le mouvement d’Alyah.
L’Ancien Grand Rabbin Séfarade d’Israël, Shlomo Amar, est venu spécialement s’adresser aux rabbins et chefs de communautés francophones : « J’ai rencontré personnellement de nombreuses communautés juives dans le monde entier. Cependant, il est difficile de trouver une communauté comme celle des juifs francophones, dont l’attachement et l’amour pour la Torah, la Terre et le Peuple d’Israël sont aussi forts ».
Joël Mergui a ouvert cette réunion en présentant la situation des juifs de France face à l’antisémitisme, l’assimilation et la Alya : « Depuis les années 2000, on vit une augmentation de l’antisémitisme parallèle à l’Intifada. Puis, il y a eu la mort d’Ilan Halimi et le drame de l’école Otzar Hatorah. De nombreuses mesures ont été prises depuis pour sécuriser les structures juives en France. C’est triste à dire, mais nous avons l’impression de vivre dans des forteresses. On voit aujourd’hui que la parole antisémite se libère et se banalise, prenant des tournures beaucoup plus violentes, comme en témoigne l’affaire du faux humoriste. Une vague d’Alyah se met en place. On peut dire que 2 000 Olims par an, ce n’est pas énorme, par rapport aux 500 000 juifs vivant en France. Cependant, sur une dizaine d’années, cela a une influence profonde sur la vie juive, car il s’agit principalement de personnes qui étaient impliquées dans les associations communautaires et militantes».
Le Président du Consistoire a exprimé sa préoccupation quant à l’avenir de la communauté juive de France : «Que faisons-nous pour ces dizaines de milliers de Juifs de France qui sont en train de s’assimiler, de s’éloigner, et que l’on risque de perdre définitivement ? Même si le mouvement d’Alyah ne cesse d’augmenter, la majorité des juifs français continuera à vivre en France dans les prochaines années. C’est donc le moment de redoubler d’efforts en France, afin de « remplacer » chaque juif qui quitte la communauté pour s’installer en Israël, par un autre qui était éloigné de son judaïsme par le passé ».
Sur place, de nombreux intervenants ont évoqué leurs attentes et leurs besoins en tant que communautés francophones d’Israël. Ces derniers ont soulevé les diversités qui caractérisent les différentes communautés d’Israël : « Chaque aide est la bienvenue et nous remercions le Consistoire pour cette initiative. Cependant, il faut principalement aider à l’intégration des nouveaux immigrants, entre autre par le biais des communautés et structures francophones existantes ».
Après avoir écouté les nombreux participants, le Président du Consistoire a conclu : « La vie communautaire juive française, si singulière, prend forme également en Israël dans le cadre de communautés qui se renouvèlent ‘à l’israélienne’ et dont vous faites partie. Ensemble, nous pouvons renforcer les liens et permettre aux nouveaux immigrants de garder quelques repères dans cette aventure magnifique qu’est la Alya».