Pendant qu’en France on parle du « mariage pour tous », en Israël on se divise sur « l’armée pour tous ». De quoi s’agit-il ?
L’enrôlement des juifs ultra-orthodoxes avait été un des sujets des dernières élections. Le parti de Yair Lapid « Yesh atid » en avait fait un de ses points forts. Jusqu’alors, les étudiants dans les écoles talmudiques -yechivot- étaient exemptés et seuls un petit nombre de quelques centaines à quelques milliers s’enrôlaient volontairement. Ce chiffre est bien inférieur à une classe d’age chez les Haredim (ultra-orthodoxes). En effet, leur nombre ne cesse d’augmenter en raison de différents facteurs : forte natalité-parfois plus de dix enfants par famille-, immigration de juifs ultra-orthodoxes, abandon par des jeunes Israéliens de leur milieu laïc pour se tourner vers le milieu haredi.
En clair, cette exemption du service militaire concerne de plus en plus de jeunes hommes juifs en âge de porter les armes, et est très mal vécue par les autres qui doivent supporter seuls le poids de la défense du pays, d’où le terme « d’égalité dans le fardeau », utilise lors des élections. Après la sortie des partis haredim de la coalition à la suite des résultats des élections, le vent semblait en poupe pour les partisans de l’incorporation des jeunes ultra-orthodoxes, et une commission avait été nommée à cet effet, la commission Shaked.
L’objectif était simple : raccourcir la durée du service militaire, -actuellement de trois ans-, de quelques mois, grâce à l’incorporation d’une masse de jeunes recrues venus du milieu religieux. Mais le milieu ultra-orthodoxe a gagné : il n’y aura pas d’incorporation en masse de jeunes ultra-orthodoxes pendant les quatre prochaines années. Les membres de la commission ont cherché d’autres solutions, comme l’augmentation de la durée du service militaire des jeunes filles qui serait portée de 24 mois à 28 mois. Une mesure très injuste, étant donné que plus de la moitié des jeunes filles échappe au service militaire. On ne voit pas pourquoi celles qui sont prêtes à le faire seraient pénalisées. Autre solution examinée : l’augmentation du service militaire pour les jeunes juifs sionistes religieux qui le font déjà dans le cadre de certaines yechivot et sont vus comme des soldats d’élite. Les propositions de la commission seront examinées a la Knesset et votées et auront ensuite force de loi.
Bref, le service militaire « pour tous » n’est pas prêt d’arriver. Les Arabes, les ultra-religieux, garçons comme filles, continueront d’en être dispensés, et n’effectueront même pas un service civil. Ce seront les jeunes garçons et filles, venus des milieux laïcs, traditionalistes ou sionistes religieux qui continueront à assurer la défense du pays.
Triste !
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