Dès aujourd’hui, l’utilisation des appareils électroniques en mode «hors ligne» est étendue au décollage et à l’atterrissage à bord des cabines européennes. Les communications, elles, pourraient être autorisées dès le début de l’année prochaine, à condition de demeurer «silencieuses».
C’est une petite révolution dans son genre. Quelques semaines après son homologue américain, l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESE) a décidé d’assouplir l’usage des appareils électroniques à bord des avions. Sauf indications contraires des équipages, les passagers voyageant via des compagnies soumises à la législation communautaire pourront désormais utiliser leurs smartphones, tablettes, consoles ou liseuses lors des décollages et atterrissages, à condition de rester en mode «hors ligne».
Dans les faits, cette nouvelle mesure ne devrait pas être effective immédiatement. La Commission européenne évoque plutôt un délai de quelques semaines, le temps pour les transporteurs d’adapter leur procédures opérationnelles. Surtout, elle pourrait constituer un premier jalon vers une autorisation pure et simple des communications lors des vols, une éventualité que n’exclut plus aujourd’hui le commissaire européen aux Transports, Siim Kallas.
Celui-ci a demandé à l’AESA de lui livrer au plus vite un audit de sécurité sur l’utilisation connectée des dispositifs et d’établir de nouvelles lignes directrices pour 2014. D’ores-et-déjà, on sait que ces communications devraient être restreintes à l’échange de mails, de messages textes ou de données bluetooth. «Il faut respecter le silence. Pas question de conversations privées», a averti le fonctionnaire européen dans un communiqué.
Actuellement, la connexion de petits équipements électroniques au réseau ne peut se faire qu’à bord d’aéronefs spécialement équipés d’un dispositif relais embarqué. Si l’UE décidait d’étendre cette pratique à tous les vols européens, il reviendrait aux compagnies de décider des modalités d’accès au service et de fixer les frais de connexion elles-mêmes. Liberté leur serait également laissée d’interdire tout usage de smartphone à leur bord.
Les Américains entre engouement et scepticisme
Après une consultation d’un an, la plus haute autorité de l’aviation civile américaine, la FAA, a décidé le 31 octobre dernier d’étendre l’utilisation des appareils électroniques «non connectés» à toute la durée des vols intérieurs et extérieurs. Dans la foulée de cette décision, la Commission fédérale des communications (FCC) a confirmé, elle, réfléchir à un éventuel rétablissement des appels téléphoniques dans les cabines, passé le cap des 3 000 mètres. Une annonce qui a laissé plus d’un Américain dubitatif.
«Cela ne ferait que dégrader des conditions de voyage déjà précaires. En tant que passager régulier et citoyen concerné, j’appelle l’Administration à tuer le projet dans l’œuf», écrit l’auteur d’une pétition postée sur le site de la Maison-Blanche, laquelle a récolté plus de 4 000 signatures. À la grogne de certains voyageurs s’est jointe celle de nombreux stewards et hôtesses américains, par l’entremise du puissant syndicat APFA (Association of professional flight attendants).
Loin de se laisser démonter, l’un des cinq membres de la Commission, le démocrate Tom Wheeler, avait assuré que «les technologies modernes fournissent des services de connectivité aérienne sûres et efficaces». Et d’ajouter: «Le temps est venu de revoir ces politiques obsolètes, vieilles de plus de vingt ans». Le gendarme fédéral des communications devrait soumettre sa proposition à l’avis de l’opinion d’ici au 12 décembre, avant un vote final prévu dans les prochains mois. Hasard ou pas, les agendas européens et américains seraient, le cas échéant, parfaitement synchrones.
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