Selon le classement de l’OCDE, les résultats en mathématiques des élèves français sont très décevants.
Conduite depuis 2000 par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’enquête Pisa (Program for International Student Assessment) est la principale évaluation internationale des systèmes éducatifs. Portant sur 65 pays et mesurant les compétences acquises par les élèves de 15 ans en lecture, mathématiques et sciences, cette enquête élaborée tous les trois ans plaçait déjà la France en position médiocre en 2009: 21e rang en lecture, 22e en mathématiques, 27e en sciences!
Les résultats de la dernière étude ne seront connus que mardi 3 décembre. Mais le ministre a choisi depuis plusieurs mois de s’appuyer sur des résultats annoncés catastrophiques pour défendre le bien-fondé de sa politique, à commencer par celle de la réforme des rythmes scolaires ou celle sur le statut des enseignants. «C’est une tactique politique de sa part, pour que les syndicats changent d’attitude et cessent de s’opposer à toutes les réformes. Car, en France, nous n’avons toujours pas connu de “choc Pisa”, contrairement à d’autres pays qui ont su redresser la barre», analyse Bernard Hugonnier, ex-responsable de l’éducation à l’OCDE, aujourd’hui artisan du groupe de réflexion du Collège des Bernardins sur l’éducation. D’autres craignent à l’inverse que le ministre ne désamorce les effets négatifs de l’événement à force d’annoncer le pire…
De fait, le niveau des élèves français baisse depuis la première étude Pisa, il y a dix ans. «Nous n’avons pas de décrochage en matière de résultats bruts. Ces derniers restent sensiblement les mêmes qu’en 2009, en mathématiques, sciences et compréhension de l’écrit. En revanche, des pays nous passent devant, affirme un haut fonctionnaire du ministère de l’Éducation nationale. En dépit des réformes, malgré l’argent massif investi, les résultats des élèves ne s’améliorent pas.» Particulièrement attendus cette année, les résultats en mathématiques étaient très décevants en 2009, accusant une chute de quatorze points. Auparavant classée parmi les pays les plus performants dans cette matière, la France était alors descendue dans le groupe des «moyens»…
Les résultats soulignent par ailleurs que les inégalités entre ceux qui réussissent le mieux et les plus faibles ont tendance à croître. Selon Bernard Hugonnier, «la France offre un très bon système scolaire aux excellents élèves, ceux qui sont inscrits dans les meilleurs lycées de centre-ville. Elle se désintéresse des autres. Le décrochage est là. Notre rang global, au-delà de la vingtième place, est indigne et médiocre pour la cinquième puissance économique mondiale». La France occupait ainsi l’avant-dernière place en termes d’équité scolaire en 2009, juste devant la Nouvelle-Zélande… À l’inverse, sur les premières marches du podium figurent régulièrement la Chine, la Corée, la Finlande, le Canada ou le Japon.
Avec de médiocres performances en 2000, l’Allemagne a connu un véritable «choc Pisa». Pour remonter la pente, la conférence des ministres chargés de l’Éducation avait proposé des mesures dans sept domaines. Elles concernaient notamment l’amélioration des compétences linguistiques dès l’âge préscolaire, l’amélioration de l’enseignement à l’école primaire et l’amélioration continue des compétences de lecture. Mais aussi la mise en relation des mathématiques et des sciences pour une meilleure compréhension des liens interdisciplinaires.
L’étude Pisa ayant montré que les élèves issus de milieux défavorisés étaient particulièrement handicapés, un soutien a été mis en place en particulier pour les enfants et les jeunes issus de l’immigration. Avec succès.