François Hollande est arrivé dimanche à Jérusalem et il se rendra ce lundi dans les Territoires palestiniens.
Plutôt gêné aux entournures dans son costume de président,François Hollande manifeste un penchant de plus en plus évident pour l’uniforme de chef de guerre. Dès son arrivée en Israël dimanche, il a comblé, voire dépassé les attentes de ses hôtes en professant une fermeté sans équivoque sur le dossier du nucléaire iranien. «La France ne cédera pas sur la prolifération nucléaire. Tant que nous n’aurons pas la certitude que l’Iran a renoncé à l’arme nucléaire, nous maintiendrons toutes nos exigences ainsi que les sanctions», a-t-il déclaré en posant le pied à l’aéroport.
Pour bien montrer sa détermination, il a ajouté, en rappelant le précédent syrien: «Sur le nucléaire comme sur les armes chimiques, la France s’est parfois trouvée un peu seule. Mais il vaut mieux être seul sur une bonne décision que nombreux sur une mauvaise.» Si cette posture survit aux 48 heures que doit passer le président français en Israël et dans les Territoires palestiniens, elle augure une reprise tendue des négociations avec l’Iran en milieu de semaine à Genève. Incertain de l’attitude américaine face à Téhéran, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, s’est lancé dans une campagne de mobilisation internationale qui le verra, après la réception de son «ami François», se rendre à Moscou chez Vladimir Poutine, puis accueillir le secrétaire d’État américain John Kerry en Israël vendredi prochain.
À l’aune des déclarations du président, Israël peut estimer disposer d’un allié précieux au sein du groupe de négociateurs (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, plus l’Allemagne). À l’issue de son entretien avec le président Shimon Pérès, qui ne l’avait pourtant pas invité à la surenchère, le chef de l’État a de lui-même durci son propos: «Nous n’admettrons jamais que l’Iran puisse détenir l’arme nucléaire. C’est une menace non seulement pour Israël, mais pour l’ensemble du monde. Nous voulons, nous souhaitons un accord (à Genève). Mais celui-ci ne peut être obtenu que si l’Iran renonce définitivement à l’arme atomique.»
Jusqu’où le président est-il prêt à aller pour tenir parole? Benyamin Nétanyahou ne cesse de répéter qu’un mauvais accord ou un échec des pourparlers peut conduire à la guerre. La France envisagerait-elle de participer à des frappes aériennes contre les sites nucléaires iraniens une fois toutes les autres options épuisées? C’est un pas que François Hollande s’est gardé de franchir, mais il a rappelé que «les pressions, y compris militaires» sur la Syrie avaient permis d’atteindre l’objectif recherché de la destruction des armes chimiques.
En échange d’une telle profession de foi, les dirigeants israéliens ont rivalisé d’amabilités envers leur visiteur français. «Nous sommes pleins d’admiration pour votre position inflexible visant à empêcher l’Iran d’acquérir une arme atomique de destruction massive, lui a déclaré Shimon Pérès. Nous nous tenons côte à côte dans cet effort.» Benyamin Nétanyahou a renchéri: «J’ai toute confiance dans la sincérité de votre engagement. Ce projet d’accord est mauvais et dangereux mais je crains qu’il n’aboutisse. Israël ne sera pas engagé par un mauvais accord. Nous préserverons notre droit de nous défendre par nous-mêmes.»
La complicité inattendue entre un président socialiste et un dirigeant de la droite nationaliste israélienne transparaît jusque dans les déclarations très mesurées du président français sur la colonisation des Territoires palestiniens, dont il s’est refusé à dénoncer «l’illégalité», se bornant à appeler de ses vœux des «gestes réciproques». Ce lundi, devant le chef de l’Autorité palestinienne à Ramallah, François Hollande aura l’occasion d’être plus précis.
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