Lou Reed, légende du rock américain et ancien leader du groupe Velvet Underground, est mort à l’âge de 71 ans, affirme le magazine américain Rolling Stone. Son décès a été confirmé par son agent aux quotidiens britannique The Guardian et américain The New York Times.
La cause de la mort du chanteur, guitariste et compositeur n’est pas encore connue, indique le magazine. Le chanteur avait subi une greffe du foie à la Mayo Clinic de Cleveland en mai, une intervention « lourde » selon sa famille. ll avait dûannuler une série de concerts en avril et notamment deux soirées au festival de Coachella en Californie.
DROGUE ET ALCOOL
« Je ne pense pas qu’il s’en remettra totalement, mais il reprendra des activités dans quelques mois. Il s’est déjà mis au Tai Chi », avait déclaré sa femme Laurie Anderson, avec laquelle il résidait à New York. « Je suis un triomphe de lamédecine moderne, disait de son côté l’artiste dans un message posté le 1er juin dernier sur son site Internet. « e suis plus grand et plus fort que jamais. » Il se disait alors impatient de remonter sur scène et d’écrire de nouvelles chansons pour« entrer en connexion avec vos cœurs, vos âmes et l’univers ».
Lou Reed a longuement évoqué ses problèmes avec la drogue et l’alcool dans le passé : « J’ai essayé de me débarrasser de la drogue en buvant, a-t-il écrit en 1992. Mais ça n’a pas marché. »
SUJETS TABOUS
En 1965-1970, Lou Reed fonde le Velvet Underground, avec John Cale, Sterling Morrison, Maureen Tucker et enregistre plusieurs disques : The Velvet Underground & Nico (dont la chanson Sunday Morning), White Light/White Heat,The Velvet Underground, Loaded.
Aux hymnes pour teenagers, le quatuor préfère les sujets tabous. Perversion (Venus in Furs), usage des stupéfiants (Heroin, White Light/White Heat) et désillusion (Pale Blue Eyes) constituent la base d’un répertoire qui joue aussi bien de la candeur acoustique que du déluge sonique.
En 1970, l’artiste lance une carrière solo, qui connaîtra plusieurs phases. Il s’abîme d’abord dans la vie interlope (Walk on the Wild Side) et met en scène la décadence new-yorkaise.
En 1973, Berlin, album conceptuel, transpose les bacchanales warholiennes dans l’Europe de Brecht et Kurt Weill. Les échecs commerciaux accentuent son instabilité. Des guitares graisseuses (Rock’n’roll Animal) au fracas industriel(Metal Machine Music), des ballades de crooner délétère (Coney Island Baby) au jazz fissuré (The Bells), le parcours est erratique.
Ses postures avant-gardistes, avec collier de chien autour du cou et regard outrageusement maquillé, ouvrent une brèche dans laquelle de nombreux artistes s’engouffrent, à commencer par David Bowie et son look androgyne. A l’image d’un Bob Dylan ou d’un Neil Young, Lou Reed est devenu une figure tutélaire du rock.
SOBRIÉTÉ
En vieillissant, ce Pasolini du rock laissera pourtant tomber la luxure pour observerdes personnages plus simples. Aux envolées lyriques celles de Jim Morrison ou Patti Smith, par exemple, autres figures de la poésie rock, Lou Reed a toujours préféré une économie de moyens, une sobriété, plus influencée finalement par Chuck Berry que par Baudelaire.
Des albums comme New York, Songs for Drella (un hommage à Warhol) etMagic and Loss le remettront en selle dans les années 90. La publication deParole de la nuit sauvage (10/18 « Domaine étranger »), une anthologie de ses poèmes et chansons de 1965 à 1990, consacre un auteur que Jack Lang fera, en 1992, chevalier des Arts et des Lettres.
Dans les années 2000, Lou Reed s’était produit sur scène à plusieurs reprises en Europe. A l’occasion, notamment, de la reprise de son album sulfureux Berlin,échec commercial de 1973.