Effet de la crise et du chômage ? D’une évolution des mentalités ? De plus en plus de jeunes vont tenter leur chance à l’étranger et y font leur vie, tant professionnelle que personnelle.
Faire les valises et dire « au revoir » à la France. Les Français sont de plus en plus nombreux à tenter l’aventure hors du territoire national. Le nombre de ces expatriés progresse nettement depuis une douzaine d’années.
Il est ainsi passé d’un million environ en 2001 à 1,6 million en 2013. Et encore ce chiffre ne tient-il pas compte de tous ceux – on estime leur nombre à au moins 500 000 – qui s’installent à l’étranger sans se faire immatriculer auprès des services consulaires.
« Cela montre bien qu’un nombre croissant de personnes intègrent les apports de la mondialisation tant dans leur carrière professionnelle que dans leur vie personnelle », observe Josette Mira, responsable de laMaison des Français de l’étranger (MFE), service rattaché au Quai d’Orsay qui dispense informations et conseils aux personnes tentées par l’expatriation.
« La multiplication des voyages et les possibilités offertes par l’Internet de communiquer avec des personnes à l’autre bout du monde ont sans doute facilité cette évolution », estime-t-elle.
RAISONS PROFESSIONNELLES EN TÊTE
À en croire l’étude publiée en avril dernier par la MFE, le départ est motivé avant tout, dans un cas sur deux, par des raisons professionnelles (51,3 %). Mais le facteur personnel ou familial (se rapprocher des membres de sa famille, du conjoint, retrouver ses racines, etc.) joue un rôle non négligeable, puisqu’il est cité en première position par près de trois sondés sur dix.
À noter d’ailleurs que l’expatriation est souvent une aventure de couple ou familiale : lorsqu’ils sont mariés, pacsés ou en concubinage, les expatriés sont, dans 95 % des cas, accompagnés de leur conjoint ; 75 % de ceux qui sont parents vivent avec leurs enfants ou au moins l’un d’entre eux.
Si les opportunités professionnelles, notamment la possibilité de promotions accélérées, n’expliquent pas totalement cet attrait de l’étranger, une fois sur place, les expatriés, très majoritairement (80 %), possèdent un travail, de surcroît plutôt rémunérateur, puisque 57 % d’entre eux gagnent plus de 30 000 € net par an.
Un chiffre à mettre en correspondance avec le profil le plus fréquemment rencontré parmi ces Français de l’étranger, souvent relativement jeunes et très diplômés. Plus de la moitié d’entre eux ont un niveau master (41 %) ou doctorat (12 %).
CRÉATION D’ENTREPRISE
Parmi ceux qui partent dans l’espoir de trouver de meilleures opportunités de travail, un nombre significatif créent leur propre entreprise. « Beaucoup, par exemple, soutiennent qu’il est plus facile de monter une société en Grande-Bretagne qu’en France. Deux jours de démarches et un faible investissement suffisent », raconte Josette Mira.
Pas moins de 7,8 % des inscrits au registre des Français de l’étranger le sont au Royaume-Uni, pays qui arrive en deuxième position après la Suisse (9,9 %) et juste devant les États-Unis (7,7 %).
Selon l’étude de la MFE, l’Europe occidentale demeure la première destination (31 % des expatriations), devant l’Afrique francophone (18 %) et l’Amérique du Nord (12 %). Mais comme le souligne Josette Mira, « les pays émergents, la Chine et, de plus en plus, le Brésil, exercent un fort attrait ».
« UNE POPULATION EN PERMANENT RENOUVELLEMENT »
Faut-il, comme l’a fait récemment Thierry Mariani, député UMP de la 11e circonscription des Français de l’étranger, s’inquiéter de cette« expatriation massive » ?
La responsable de la MFE soutient le contraire. « Les expatriés français forment une population en permanent renouvellement. Assez peu restent définitivement à l’étranger », note-t-elle.
L’étude menée par son service montre que 39 % vivent dans leur pays actuel depuis un à cinq ans, 13 % y séjournent depuis moins d’un an. « À l’étranger, ils sont des ambassadeurs de la France. À leur retour, ils rapportent dans l’Hexagone leur riche expérience. »