Autrefois présente avec deux villages, dont le Coral Beach, l’agence avait déserté le pays. Elle songe à s’y réimplanter avec un hôtel très haut de gamme.
Henri Giscard d’Estaing l’a révélé au cours d’un récent séjour à Tel-Aviv. Le nouveau projet du Club Med en Israël serait un hôtel grand luxe, situé sur la côte méditerranéenne, au sud de Haïfa. Pas d’immeuble en hauteur. Mais un bâtiment de deux ou trois étages au maximum, comptant 350 chambres et de grands espaces consacrés à toutes sortes d’activités sportives. Fidèle à la politique qu’il a initiée depuis son arrivée à la tête du groupe, Henri Giscard d’Estaing parle donc d’un produit très haut de gamme. « Israël est un des leaders mondiaux en matière de culture, histoire, archéologie et technologie, il mérite un club de vacances au top. » En clair, il s’agira d’un endroit réservé à une population plus qu’aisée, locale et internationale, désireuse de s’offrir des vacances entre prestige, raffinement et art de vivre façon XXIe siècle.
Problème : pour l’instant, tout est dans les limbes, et les spécialistes israéliens du tourisme sont sceptiques. L’endroit précis n’a pas encore été trouvé, de même que l’investisseur prêt à se lancer dans une aventure qui devrait coûter au moins 50 millions d’euros. Autre obstacle de taille : l’obtention des permis en tout genre du ministère israélien du Tourisme. Un long dédale de commissions qui, en Israël, peut se transformer en véritable chemin de croix, auquel peuvent s’ajouter les avis défavorables des organisations pour la protection de l’environnement. Cinq ans pour arriver au bout d’une bureaucratie tatillonne et d’entrepreneurs aux habitudes locales, cela peu paraître un peu juste. Mais le P-DG écarte la critique d’un revers de main : « Pourquoi être pessimiste ? Dans le monde entier, cela prend du temps d’obtenir tous les permis pour construire un nouvel hôtel. C’est comme cela ! Nous en tenons compte dans notre planning. Vous savez, si nous trouvons l’endroit voulu et le bon partenaire, nous expliquerons au gouvernement quelles sont les raisons pour lesquelles il doit nous aider. Notamment l’énorme contribution que peut apporter le Club à Israël en drainant une classe très privilégiée de touristes. »
Il y a loin de la coupe aux lèvres…
C’est d’ailleurs en raison de cette politique de villages 4, voire 5 tridents (l’équivalent des étoiles) menée depuis une dizaine d’années qu’il a été décidé de retirer, en janvier 2012, le label Club Med à l’hôtel d’Eilat, le Coral Beach, qui a connu un gros succès dans les années 1980-90. Mais avec la seconde Intifada et la qualité moyenne des séjours due au vieillissement des installations et du concept, la clientèle internationale n’était plus au rendez-vous. Quant aux touristes locaux, et même avec une nourriture devenue casher, ils ont préféré les chaines hôtelières traditionnelles offrant des prix souvent plus avantageux. Quant au village d’Achziv, près de la frontière avec le Liban, fermé en 1997 pour des raisons sécuritaires – un bombardement du Hezbollah avait fait deux morts en juin 1995 -, son style « historique » avec paillotes, toilettes et douches communes, ne faisait plus recette. Autres temps, autres mœurs !
Henri Giscard d’Estaing réussira-t-il son pari ? N’arrivera-t-il pas trop tard dans un environnement touristique israélien où les annonces d’inauguration d’hôtels luxueux – le premier Ritz-Carlton ouvrira à la fin de l’année – sont plus nombreuses que l’ouverture d’établissements destinés à des touristes aux revenus moyens ? Pour l’instant, la seule question sur laquelle il ne se prononce pas est d’ordre gastronomique : les restaurants seront-ils cashers ou pas ?