Rosalia Mera, cofondatrice de la marque de vêtements Zara, est décédée ce jeudi 15 août 2013.

 Une employée de Zara, une marque espagnole de prêt-à-porter qui appartient au groupe Inditex, le...

MIGUEL RIOPA / AFP

Une employée de Zara, une marque espagnole de prêt-à-porter qui appartient au groupe Inditex, le 14 mars2006.

Âgée de 69 ans, elle était la femme la plus riche d’Espagne. L’homme le plus riche du pays, Amancio Ortega, n’est autre que son ex-mari.

La cofondatrice de l’empire du textile espagnol Inditex (Zara), Rosalia Mera, la femme la plus riche d’Espagne selon la presse, est décédée jeudi 15 août d’une attaque cérébrale à l’âge de 69 ans. Avec son mari, Amancio Ortega Gaona, elle a fondé Inditex, la maison mère de Zara, dont tous deux étaient actionnaires.

UNE SUCCESS STORY ESPAGNOLE

Dans l’Espagne de l’après Franco, la jeune fille quitte l’école à onze ans pour devenir couturière. Elle rentre à la Maja, une chaîne de magasins de vêtement, confection et mercerie, où Amancio Ortega, de 8 ans son aîné, est un jeune commercial plein de talent.

« Amancio Ortega ambitionne d’être indépendant, de réussir et de se marier avec cette fille du travail à qui il fait la cour quand personne ne regarde », racontent ses biographes espagnols dans « Amancio Ortega, de cero a Zara » (De zéro à Zara, non traduit). Il parvient à ses fins et le couple se marie en 1966. Trois ans plus tôt, c’est Rosalia Mera et la femme du frère d’Ortega, qui avaient cousu les robes capitonnées, premier succès de la famille.

LA MODE POUR TOUS

Le vêtement est à la mode, mais trop cher pour beaucoup d’Espagnoles. La famille s’emploie à imiter la robe chic, tout en la rendant accessible à toutes les bourses. Succès immédiat. Le créneau de la future marque de prêt à porter est tout trouvé : démocratiser la mode. En 1963, Amancio Ortega quitte la Maja avec sa femme, son frère et sa sœur, pour fonder GOA, qui deviendra Inditex. Rosalia n’a que 19 ans.

Le concept se précisera avec le temps pour devenir le « fast fashion », ou « mode rapide ». L’idée est simple : imiter le plus rapidement possible les vêtements à la mode dessinés par les grands couturiers, à un prix abordable pour la ménagère espagnole qui ne roule pas sur l’or.

En 1975, Amancio Ortega ouvre sa première boutique Zara à La Corogne, dans le Nord-Ouest de l’Espagne. Il peut ainsi vendre directement ses produits, en évitant la case distributeur. « J’étais convaincu qu’il fallait maîtriser le client et en même temps être à ses côtés, ce que je pouvais seulement faire en lui vendant directement », déclare-t-il dans une de ses très rares interviews, citée par Les Échos.

PAS DE STOCKS

Avoir ses propres boutiques devient un autre élément essentiel du marketing de Zara. Ortega accorde une place importante à la conception et à l’emplacement de ses boutiques. Aujourd’hui encore, les chefs de boutiques disposent d’une indépendance importante : alors que la plupart des marques envoient des collections à leurs magasins en début de saison, les magasins Zara n’ont quasiment aucun stock.

Et ce sont les managers qui commandent des produits au fur et à mesure, en fonction de la demande. Inditex forme même ses managers à faire remonter les avis des clients sur les produits : « cette couleur est moche », ou « j’adore ce col » sont des informations essentielles pour Zara.

DÉLOCALISATIONS CALCULÉES

Pour répondre au mieux à la demande, Inditex a créé une structure qui lui permet de dessiner, produire et acheminer un vêtement en cinq semaines au total, quand il faut plusieurs mois à ses concurrents. Pour ce faire, alors que les H & M, Gap ou autre Uniqlo produisent essentiellement dans les pays asiatiques les moins chers, Zara a maintenu plus de la moitié de sa production à proximité de son marché d’origine, l’Europe.

En plus de son usine espagnole, Inditex a donc délocalisé chez des sous-traitants, au Portugal puis au Maroc ou en Turquie. C’est là que sont réalisées les pièces les plus « à la mode ». Les pièces classiques, qui ne se démodent, sont fabriquées là où la main-d’œuvre est la moins chère : Chine, Vietnam, et Bangladesh : La marque espagnole est impliquée dans le scandale du Rana Plaza, cette immense usine qui s’est effondrée sur ses ouvriers au Bangladesh, faisant 1 100 victimes.

Alors que le succès devient évident, le couple fondateur de Zara bat de l’aile. Selon ses biographes, la naissance de leur fils Marcos en 1971, gravement handicapé, aurait progressivement éloigné les conjoints : lui se plongeant dans le travail alors que Rosalia Mera s’investissait dans une fondation pour favoriser l’insertion des personnes handicapées.

SUCCESSION SUR LES RAILS

Aujourd’hui, c’est la dernière fille d’Ortega, issue de son second mariage, qui est pressentie pour prendre la direction de l’empire, abandonnée parOrtega en 2011. À vingt-neuf ans, la jeune femme est passée par une dizaine de services d’Inditex après avoir commencé comme vendeuse dans une boutique londonienne de Bershka, l’une des marques d’Inditex. Pour son père, pas question qu’elle reprenne le groupe sur un claquement de doigt : elle devra monter les échelons de l’entreprise.

Sa belle-mère, Rosalia Mera, était considérée par Forbes comme la « self-made woman » la plus riche du monde. Elle détenait également 30,6 % dans le capital de la chaîne d’hôtel Room Mate et avait accumulé un patrimoine de 6,1 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros). Ce qui en faisait, selon le journal ABC, la femme la plus riche d’Espagne.

Simon LEPLÂTRE

la-croix.com

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