Deux rabbins soutenus par les partis ultra-orthodoxes , Yitzhak Yossef pour les séfarades et David Lau pour les ashkénazes, ont été élus mercredi au poste de Grands Rabbins d’Israël pour les dix prochaines années.
Cette élection qui s’est tenue dans un hôtel de Jérusalem au sein d’un collège de 150 responsables religieux, laïcs, notamment des maires de grandes villes a été marquée par la défaite des candidats du courant sioniste religieux soutenus par Naftali Bennett, ministre des Cultes et le chef du Foyer juif, un parti nationaliste religieux de la majorité.
Parmi les vaincus figure également le rabbin de Safed dans le nord d’Israël, Shmuel Eliahyu qui s’était livré à des propos racistes anti-arabes ces dernières années.
FILS D’OVADIA YOSSEF
Le nouveau Grand Rabbin séfarade (juifs orientaux) Yitzhak Yossef est fils du rabbin Ovadia Yossef fondateur et dirigeant spirituel du parti ultra-orthodoxe Shass (opposition, 12 députés). Yitzhak Lau, fil d’Israel Meïr Lau, un ancien Grand Rabbin ashkenaze (juifs d’Europe de l’est) était lui aussi soutenu par les ultra-orthodoxes, qui conservent ainsi leur hégémonie sur le Grand Rabbinat.
Les institutions que président les deux Grands Rabbins ont une influence décisive sur le statut personnel des juifs israéliens, dans un pays où la séparation entre l’Etat et la religion n’existe pas. Les juifs ne peuvent pas se marier ou divorcer sans passer par des rabbins. De plus pour convoler en justes noces, les fiancés doivent apporter la preuve qu’ils sont bien juifs devant un tribunal rabbinique.
MARIAGE ET CACHEROUT
Ce monopole sur l’état civil pousse de milliers d’Israéliens laïcs ou qui ne peuvent prouver qu’ils sont juifs à se marier civilement à l’étranger, quitte à ce que leur union soit ensuite reconnue par le ministère de l’Intérieur.
Le Rabbinat délivre en outre les certificats de cacheroute, un document qui atteste que la nourriture servie dans les restaurants, les cantines et les produits alimentaires vendus dans les magasins respectent les prescriptions alimentaires prévues par la loi juive.
Les femmes ne sont pas représentées au sein du Grand Rabbinat ni dans les tribunaux rabbiniques. Mais pour la première fois, dix femmes ont fait partie du collège électoral ayant élu les deux nouveaux Grands Rabbins.
Source AFP
Grands perdants des dernières élections israéliennes face aux nationalistes religieux, les juifs ultra-orthodoxes, relégués dans l’opposition, ont pris leur revanche en faisant élire leurs candidats aux postes de Grands rabbins d’Israël.
Pour Dan Margalit, l’éditorialiste du quotidien Israel Hayom, proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu, « la conséquence politique de cette élection est claire : Shass a battu le Foyer juif, (le principal parti nationaliste religieux, qui appartient à la majorité), et Netanyahu a conservé ses bonnes relations avec Shass ».
Selon lui, « Netanyahu, par son refus de soutenir les candidats du Foyer juif, a permis au rabbins ultra-orthodoxes de remporter ce scrutin ». Pour certains analystes, Benjamin Netanyahu n’a pas renoncé à rallier les ultra-orthodoxes à sa coalition, au cas où le Foyer juif, très proche du lobby pro-colon, ferait défection dans l’hypothèse d’un succès des négociations de paix israélo-palestiniennes.
Le Shass est traditionnellement considéré comme plus modéré sur la question palestinienne alors que le Foyer Juif est opposé à toute concession territoriale et à la création d’un État palestinien.
UNE MANŒUVRE DE NETANYAHU
Les nouveaux Grands Rabbins ont obtenu 68 voix chacun, une partie des voix venant d’électeurs ne faisant pas partie du monde ultra-orthodoxe, qui était minoritaire au sein du collège électoral, ce qui a alimenté les rumeurs au sein des médias sur une « manoeuvre » de Netanyahu.
Peu après l’annonce des résultats décevants pour lui, le ministre des Cultes, Naftali Bennet, l’ambitieux chef du Foyer juif, a annoncé qu’il voulait annuler l’un des deux postes de Grand rabbin, pour ne plus faire de différence entre séfarades et ashkénazes, un projet auquel le Shass s’oppose fermement.
Par Michael Blum