Constatant que la crise au Moyen-Orient a pratiquement stoppé la capacité de ses voisins à envahir Israël, les nouveaux objectifs militaires israéliens consistent à réduire la taille de sa puissance de feu conventionnelle telle que les chars et l’artillerie, à se concentrer sur la lutte contre les menaces de guérilla, et à renforcer encore son déjà stupéfiant niveau technologique.
Le nouveau plan militaire israélien marque un changement radical par rapport à plusieurs décennies d’évaluation des principales menaces militaires auxquels Israël est confronté. Depuis la résistance à l’offensive multi-fronts déclenchée par les armées arabes durant la guerre de 1948, les planificateurs de la stratégique d’Israël, ayant le dos à la mer, étaient hantés par la crainte d’être envahis par les armées ennemies.
Les redoutables armées d’Egypte et de Syrie, qui ont combattu ensemble contre Israël à trois reprises en un quart de siècle, sont aujourd’hui embourbées dans des troubles internes. La guerre contre le président Bachar al-Assad a épuisé l’armée syrienne, et l’armée égyptienne est occupée à essayer de stabiliser le pays au milieu d’une crise politique.
Le ministre israélien de la Défense, Moshe Yaalon, a déclaré lors d’un discours public, que l’armée prévoit d’être moins dépendante des armements lourds. « Dans quelques années, nous verrons un autre Force de défense israélienne, a t-il dit. « Les guerres de militaires contre militaires, comme il y a 40 ans pendant la guerre du Kippour, sont de moins en moins pertinentes. »
Les planificateurs militaires israéliens, suite aux turbulences des « printemps arabes », ont assoupli certains des principaux risques pour la sécurité nationale israélienne et l’armée prévoit de supprimer des milliers de postes d’officiers de carrière, des unités de la force terrestre, et d’éliminer des escadrons de la force aérienne et navale, ainsi que des navires, sur une période de cinq ans, a déclaré un porte-parole de l’armée israélienne.
Les chefs de la défense et plusieurs analystes militaires s’accordent pour dire que la révision stratégique se concentrera sur la lutte contre les menaces d’armées de guérilla comme le Hezbollah et le Hamas au moyen de roquettes cachées dans des zones civiles, conflits connus sous le nom de guerre asymétrique.« La guerre asymétrie va continuer, mais grâce à la recherche avancée, elle ne sera plus forcément à l’avantage de ceux qu’on imagine. »
Israël se concentrera également sur la cyberguerre et la confrontation avec l’Iran, qui s’active à la construction d’une arme nucléaire.
M. Yaalon a déclaré que les futures « batailles » seront fondées sur la supériorité technologique de l’armée israélienne – et le retard abyssal de ses ennemis.
La réforme de l’armée en préparation est le plan de réforme le plus ambitieux depuis les années 90, quand le chef d’état-major de l’époque, Ehud Barak, avait proposé une cure de jouvence qui ferait de Tsahal une armée «petite et intelligente». Le plan ne fut jamais vraiment mis en œuvre, en raison du soulèvement palestinien.
Mais d’un autre coté, le traité de paix signé entre Israël et l’Egypte avait permis de réduire drastiquement les dépenses de défense, qui étaient de plus de 25% du PIB pour les ramener à moins de 10%.
L’hypothèse de travail des planificateurs militaires, au cours des 30 dernières années, était que les risques de guerre avec l’Egypte pour les deux années suivantes étaient hautement improbable, a expliqué Giora Eiland, ancien conseiller principal de la sécurité, dans une interview à la radio israélienne.
La révision actuelle ajoute trois ans de plus à la « zone de confort » des planificateurs militaires. «Dire qu’il n’y a pas de risque de guerre avec l’Egypte pour les cinq prochaines années est une décision audacieuse », a commenté Eiland.
Le « printemps arabe » a accéléré une situation en cours depuis des décennies au Moyen-Orient, estiment les analystes. Israël n’a pas combattu lors d’une guerre conventionnelle contre un rival militaire depuis 1973. Dans le même temps, les deux guerres en Irak ont éliminé la capacité de Bagdad à menacer Israël par l’est, par la Jordanie.
«Les changements annoncés sont sérieux. Un grand nombre de coupes militaires ne pourront pas être restaurées facilement [en cas de besoin]« , a déclaré Gerald Steinberg, professeur de sciences politiques à l’Université Bar Ilan. « La situation stratégique a évolué à un degré plus important que cela avait été envisagé dans les années 90. Il est difficile de croire que se produira encore le type de guerres qui ont été combattues jadis ».
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info
Pour contacter l’auteur de l’article original: Joshua Mitnick: Joshua.Mitnick @ wsj.com
Source : http://online.wsj.com/article/SB10001424127887324425204578599953517340808.html?mod=wsj_share_tweet