Les Juifs doivent quitter l’Europe, maintenant, déclare Robert Wistrich Assiste-t-on à la lente agonie de la vie juive en Europe ? Le professeur Robert Wistrich, une des autorités mondiales en matière d’antisémitisme et qui occupe la Chaire Neuberger d’Histoire Juive et Européenne Contemporaine, à l’Université Hébraïque de Jérusalem et dirige le Centre International Vidal Sassoon d’Etude de l’Antisémitisme, exhorte les Juifs à quitter l’Europe. La France, la Hongrie, la Grèce et l’Ukraine sont les pays où la situation est la plus préoccupante.
Les différentes études sur l’antisémitisme en Europe, notamment celle de l’Université de Bielefeld pour la Fondation Friedrich Ebert, analysées par Manfred Gerstenfeld du Jerusalem Center for Public Affairs, démontrent que plus de 150 millions d’Européens sont convaincus qu’Israël mène une guerre d’extermination contre les Palestiniens (voir : The Untold Truth : 150 Million Europeans Hate Israel). C’est en effet ce que croient 47.7% d’Allemands, 42.4% de Britanniques, 38.7% de Hollandais, 37.9% d’Italiens, 48.8% de Portugais, 63.3% de Polonais, 41% de Hongrois (la question ne fut pas posée aux Français). Cette croyance généralisée qu’Israël est un pays diabolique est une nouvelle mutation des croyances diaboliques sur les Juifs prévalentes au Moyen Age et de celles promues plus récemment par les nazis et leurs alliés.
Manfred Gerstenfeld est parti des constats suivants : il y a plus de 500 millions d’Européens dont 80%, soit 400 millions d’individus, ont 16 ans ou plus. 40% de la population adulte européenne a une image proprement diabolique d’Israël. « C’est ainsi qu’on peut conclure que plus de 150 millions de citoyens de l’Union européenne considèrent qu’Israël est une nation génocidaire », explique-t-il. Ces chiffres sont ahurissants, mais l’aspect positif est que 250 millions d’Européens ne partagent pas de pareils sentiments, soit par indifférence soit parce qu’ils ne sont vraiment pas antisémites – cela étant les Juifs devraient effectivement se poser la question si leur avenir est en Europe.
Sans contester les chiffres, le professeur Robert Wistrich, estime que cette croyance n’en fait pas pour autant 150 millions d’Européens antisémites, mais plutôt des ignorants qui n’ont pas la moindre idée de ce que représente l’extermination d’un peuple. « Une personne qui dit [qu’Israël mène une guerre d’extermination contre les Palestiniens] est a) un idiot fini, b) n’a pas la moindre idée de ce qu’est une guerre d’extermination et c) n’a pas la moindre idée sur l’Holocauste ou le conflit israélo-palestinien. Ca ne me prouve pas qu’il est un antisémite ; ça me prouve qu’il est un idiot fini et un ignorant crasse », a-t-il affirmé.
Robert Wistrich dépeint néanmoins une situation très préoccupante. Partout dans le continent européen, l’opinion est « très, très hostile à Israël et cela affecte automatiquement les Juifs », a-t-il déclaré. « Les seuls Juifs que ne se sentent pas affectés sont ceux qui dénoncent Israël très fort et avec beaucoup d’ostentation. Pour le moment ils sont en sécurité, mais ça finira par changer pour eux également… Nous sommes arrivés au stade où la tendance irréversible ».
Le rabbin Abraham Cooper, du Centre Simon Wiesenthal de Los Angeles, commentant l’analyse de Gerstenfeld, explique que le fait qu’il y a 150 millions d’antisémites en Europe ne le surprend pas. « Je pense que les statistiques citées sont alarmantes mais elles ne sont pas alarmistes. Elles sont profondément troublantes », a-t-il confié à Times of Israel. « Si collectivement nous voulons être honnêtes avec nous-mêmes, nous devons admettre que les statistiques qui sont citées sont probablement plus proches d’une réalité que beaucoup d’entre nous refusons d’admettre ».
Raphael Ahren
Times of Israel.