C’est l’histoire incroyable d’un port abandonné aux rats et à la poussière du temps, qui renaît, comme un mort qui se lèverait de son cercueil.
Tel-Aviv, ville de bord de mer , ne manque pas d’espace le long de ses plages. Son port, le Namal, commença à être supplanté il y a près de 40 ans, par un autre port au sud de la ville qui accapara la totalité du fret maritime, le Namal fut abandonné et tout le monde pensait qu’il ne serait jamais réhabilité. Il y avait tant d’autres endroits pour profiter de la mer.
Pourtant, durant les dix dernières années, on a pu assister à la renaissance du Namal mais cette fois ci comme un espace de détente et de loisir au bord de la mer. Une promenade le long de la plage avec des restaurants, des boutiques, un marché de paysans, en a fait une destination de tourisme plutôt que de business.
JUSTE APRÈS LE KOTEL
L’an dernier, l’endroit a attiré 4,3 millions de visiteurs, ce qui en fait le site le plus visité en Israël, juste après le Kotel!
La promenade en bois, « les planches », comme à Deauville, a été achevée et ouverte au public en 2007. Elle est la création d’un couple d’architectes, Udi Kassif et Ganit Maislits Kassif. La promenade offre des creux et des bosses pour rappeler le mouvement des dunes de sable sur la plage. Cette réalisation a remporté le premier prix d’architecture du paysage à la Biennale Européenne du paysage en 2010.
Les touristes qui déambulent sur les planches trouvent, à la place des hangars, des boutiques, des restaurants et même un hall de concert où se produit l’Orchestre Philharmonique National dirigé par Zubin Mehta.
La grande attraction du Namal, c’est la mer qui se fracasse sur les digues ou qui vient ourler délicatement le bord de la plage. C’est aussi la brise marine ou le vent qui viennent rafraîchir les promeneurs ou bousculer les parasols et c’est l’espace : pas trop de terrasses de café, des aires de jeu où des gamins refont les passes de Messi. C’est aussi, quand on y réfléchit, une qualité de silence et de bruits : pas de moteurs, pas de cris sauf ceux des mouettes, le souffle du vent et le halètement des vagues.
BAYIT BA NAMAL
Le complexe » Bayit ba Namal » a été ouvert au public dès 2005 mais un orage l’ayant gravement endommagé en 2011, il fut rebâti en plus grand pour accueillir plus de boutiques et de grands magasins.
« Quand quelque chose de mauvais arrive, on peut en tirer quelque chose de bien » a déclaré son propriétaire Sybil Goldfainer.
Au Namal, il y a chaque vendredi un marché de paysans avec 40 vendeurs spécialisés dans les produits organiques et bio. Ce marché s’est installé en 2008 et attire les commerçants et les producteurs de tous les coins d’Israël. Le succès rencontré par ce marché a permis l’ouverture en 2010 d’un marché couvert qui n’est fermé qu’un jour par semaine.
Un des commerçants installés au Namal résume en une phrase l’activité qui y règne: « Il y a un monde fou qui circule, c’est le meilleur emplacement commercial d’Israël! »
VINGT MILLIONS D’EUROS
Évidemment, selon la loi numéro un des affaires, les investisseurs se sont précipités au secours de la réussite : on prévoit dans les cinq ans à venir des travaux d’agrandissement et de création qui coûteront vingt millions d’euros.
Ce qui paraît peu élevé quand on prend connaissance du programme envisagé. D’abord refaire du Namal un port, mais cette fois ci on oublie la Marine Marchande et les cargos porte conteneurs, on crée un port de plaisance avec 120 anneaux. On installe une Grande Roue qui attirera les familles, les enfants, les jeunes et les amoureux.On construit et on équipe un petit hôtel de charme de 45 chambres dont on peut prévoir le taux de remplissage.
Pour ne négliger aucun moteur de croissance et attirer toutes les clientèles, il est prévu d’installer un cinéma et y aura une grande salle de sports comme à Londres sur le Canary Wharf. Et avec 4.000 m² supplémentaires de bureaux et encore des espaces pour de nouvelles boutiques et de restaurants à succès, on peut estimer que l’investissement trouvera aisément sa rentabilité.
C’est l’histoire incroyable d’un port abandonné aux rats et à la poussière du temps…