Le taux du placement préféré des Français doit légalement suivre le taux d’inflation, qui devrait rester faible, présage le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer.
En fonction des prochains chiffres sur l’inflation dans l’Hexagone (ils seront publiés le 11 juillet prochain par l’Insee), la Banque de France fera une recommandation à Bercy, qui décidera – ou pas – de suivre à la lettre la formule de calcul prévue par la loi. Actuellement, le taux du placement préféré des Français s’élève à 1,75%. Il a déjà été abaissé de 0,5 point le 1er février dernier. Pierre Moscovoci, ministre de l’Économie, avait alors précisé que s’il avait suivi la formule mathématique à la lettre, la rémunération du placement préféré des Français aurait dû reculer à 1,50%. À ce moment-là, au sein de la Banque de France, on insistait déjà sur la nécessité de ramener le taux de livret A à un niveau adéquat au prochain rendez-vous.
Une collecte nette en repli brutal en mai
Ce vendredi, les derniers chiffres sur la collecte nette des livrets A français ont été dévoilés par la Caisse des dépôts. Il en ressort qu’en mai, le placement a essuyé une décollecte nette de 60% par rapport au même mois de 2012 (290 millions d’euros collectés). Une chute brutale qui fait suite à plusieurs mois d’engouement de la part des Français pour ce placement sûr, simple et liquide, dont le plafond a été relevé à 22.950 euros (il était de 15.300 euros il y a un an, et a déjà été relevé une fois, à 19.125 euros en octobre dernier) . Un accident de parcours? L’avenir le dira. Pour l’instant, sur les cinq premiers mois de l’année, la collecte nette reste supérieure à celle de la même période de 2012, à 14,88 milliards d’euros. Fin mai, il y avait quelque 264,9 milliards d’euros sur les livrets A des Français. En y ajoutant le Livret de développement durable – qui, lui, a connu une collecte nette de 140 millions d’euros en mai – les dépôts atteignaient 363,7 milliards d’euros.
L’agence de notation Standard & Poor’s, dans sa dernière publication sur les notes de plusieurs banques françaises, a dit son inquiétude sur l’effet néfaste de cette épargne réglementée, qui «bride» les marges de manœuvre des banques, dans un contexte de stagnation économique et un environnement de taux bas. «Le régulateur ajuste le taux d’intérêt seulement tous les six mois en appliquant une formule qui, en général, met la rémunération du livret A au-dessus des taux de marché», déplore S&P, estimant en outre que la mobilisation plus importante de cette épargne pour financer des missions d’intérêt public pénalisent davantage les banques que par le passé.
Pourquoi le livret A reste un placement intéressant ?
Malgré la baisse de son taux, le placement plébiscité par les Français garde de l’intérêt. Grâce à une fiscalité zéro.
Pourtant le livret A reste intéressant pour l’épargne de précaution car le placement a un atout de taille: il est entièrement défiscalisé. Un atout d’autant plus grand que la fiscalité des placements a été alourdie notamment sur les livrets bancaires fiscalisés.
Depuis le 1er janvier, les revenus du capital sont en effet soumis à l’impôt sur le revenu, auquel il faut ajouter lesprélèvements sociaux de 15,5%. Pour les ménages les plus imposés, c’est donc une grande partie de la rémunération des livrets fiscalisés qui partira en impôts. Les ménages qui sont imposés dans les premières tranches du barème (5,5 % et 14 %) ne seront pas impactés. Et ceux qui, bien qu’étant dans tranches élevées d’impôt, perçoivent moins de 2000 euros d’intérêts par an, sont aussi préservés. Ils peuvent en effet toujours opter pour le prélèvement forfaitaire libératoire de 24 % (plus prélèvements sociaux).