logo revue de presseSemaine du 23 au 28 juin 2013 
ESTIMATIONS CONTRADICTOIRES QUANT A LA RELANCE PROCHAINE DES NEGOCIATIONS ISRAELO-PALESTINIENNES

La presse israélienne a consacré cette semaine une place importante à l’éventualité d’une relance prochaine des négociations israélo-palestiniennes, dans le contexte de la visite du secrétaire d’Etat américain John Kerry dans la région.
John Kerry a entamé sa tournée diplomatique par un entretien avec le Premier ministre Benyamin Netanyahou, jeudi 27 juin à Jérusalem. Le lendemain, il devait rencontrer le Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Amman, puis retourner éventuellement à Jérusalem pour un deuxième entretien avec Netanyahou, le même jour, avant de repartir en Jordanie.
Lors d’une conférence de presse au Koweït tenue à la veille de son arrivée en Israël, Kerry a déclaré qu’il n’avait pas l’intention de fixer une date butoir inflexible à la reprise des pourparlers, mais qu’il comptait néanmoins marquer une avancée dans le processus avant l’Assemblée générale des Nations Unis, en septembre prochain.
Auparavant, et durant toute la semaine, la presse israélienne abondait d’informations, parfois contradictoires, sur les conditions et le déroulé de la reprise des négociations.
Selon certaines sources, Mahmoud Abbas aurait pour la première fois, sous la pression américaine, accepté de renoncer à l’une de ses conditions préalables pour la reprise des négociations, à savoir, que les pourparlers se tiennent sur la base des lignes de 1967 et que les frontières de l’Etat palestinien soient essentiellement déterminées avant même
l’ouverture des discussions.
Selon d’autres informations publiées plus tard dans la semaine, Abbas n’exige effectivement plus que Netanyahou lui remette une carte avec les frontières de l’Etat palestinien avant le début des négociations, mais serait prêt à se contenter d’un engagement de Kerry (ou d’une déclaration israélienne, selon une autre version) l’assurant que les Etats-Unis considèrent que les frontières de l’Etat palestinien doivent se baser sur les lignes de 1967 avec échange de territoires.
De même, Abbas n’exigerait plus que Netanyahou annonce publiquement le gel des constructions dans les colonies, et accepterait un gel officieux de la colonisation, ce qui est effectivement le cas depuis trois mois. De son côté, Netanyahou serait désormais prêt à céder à la demande d’Abbas de libérer 120 prisonniers incarcérés en Israël depuis plus de 20 ans.
Toutefois, et malgré ce qui semble être un rapprochement entre les positions israélienne et palestinienne, la presse n’est pas optimiste quant aux chances pour que la tournée actuelle de John Kerry aboutisse à la relance des pourparlers. Les commentateurs estiment en effet que les deux parties n’aspirent pas sincèrement à la reprise du processus, mais cherchent à faire porter à la partie adverse la responsabilité de son échec, Abbas prévoyant de s’adresser unilatérale-ment à l’ONU pour obtenir la reconnaissance de son Etat dès que cet échec aura été entériné. La presse considère que le maximum que puisse obtenir John Kerry serait l’organisation d’une rencontre tripartite au sommet avec Netanyahou et Abbas, à Amman. A l’heure actuelle, les chances qu’une telle évolution voit le jour demeure cependant très faibles.

Êtes-vous favorable à la reprise des pourparlers avec les Palestiniens ?
Oui, j’y suis favorable 56,9 %
Non, je m’y oppose 28,6 %
NSP 14,5 %
Croyez-vous qu’il soit possible de parvenir à un accord permanent ?
Oui, j’y crois 30,9 %
Non, je n’y crois pas 55,4 %
NSP 13,7 %

SONDAGE ISRAËL HAYOM, 28/06/13
LES ISRAÉLIENS SOUTIENNENT LA REPRISE DES NÉGOCIATIONS MAIS NE CROIENT PAS QUE CELLES-CI ABOUTISSENT A UN ACCORD

Pensez-vous qu’Israël devrait faire des gestes envers les Palestiniens (la libération de prisonniers, l’amélioration des conditions de circulation etc.) ?
Oui, j’y suis favorable 19,6 %
Non, je m’y oppose 69,3 %
NSP 11,1 %
En supposant que les négociations soient reprises, sur quoi Israël ne doit-il faire aucune concession ?
Le droit au retour 30,3 %
Le partage de Jérusalem 35,5 %
Les blocs d’implantations 7 %
La totalité des territoires 17,6 %
NSP 9,7 %

NETANYAHOU, ENTRE LE MARTEAU ET L’ENCLUME / NAHUM BARNEA – YEDIOTH AHRONOTH
Le monde entier n’est pas contre nous, pas encore, mais un nombre croissant de figures clés de la communauté internationale ont récemment uni leurs efforts pour forcer Netanyahou à montrer davantage de souplesse dans sa politique vis-à-vis des Palestiniens.
La finalité est d’amener Netanyahou à la table des négociations et de placer la question des frontières entre Israël et l’Etat palestinien au sommet de l’agenda. Netanyahou voudrait retarder autant que possible toute discussion sur les frontières, parce qu’il ne trouvera personne dans l’administration américaine ou en Europe occidentale qui soit prêt à accepter ses positions.
Les diplomates étrangers qui ont récemment rencontré le Président de l’Autorité palestinienne rapportent qu’il se trouve actuellement dans d’excellentes dispositions. Il a montré bien plus de bonne volonté que dans le passé pour réengager les négociations. Il a conscience que son enthousiasme à redémarrer les pourparlers lui vaudra les critiques de la rue palestinienne, mais se sent prêt à les encaisser et confiant pour les surmonter. La condition qu’il a posée est qu’Israël doit préalablement accepter que les frontières soient établies « sur la base des lignes de 1967 ». Et cette condition là n’est pas négociable.
Il ne croit pas que Netanyahou ait réellement l’intention de parvenir à un accord – ou, tout du moins, pas un accord que les Palestiniens seraient prêts à signer. Le but d’Abou-Mazen est de « tomber les masques » et d’exposer au monde entier quelles sont les réelles intentions de Netanyahou – soit, selon lui, de gagner du temps et de refuser de se séparer des
territoires.
Si les assomptions d’Abou-Mazen se révèlent exactes, les négociations débuteront et Netanyahou essaiera d’éviter toute discussion à propos des frontières, alors les pourparlers avorteront et la communauté internationale en reportera la faute sur Israël. L’Autorité palestinienne plaidera son cas devant l’ONU, qualifiera Israël de « pays qui viole le droit
international », et réclamera des sanctions. Le 20ème anniversaire des accords d’Oslo, censés n’être qu’un accord intérimaire, sera célébré en septembre prochain. Le fait que 20 ans se soient déjà passés accordera un poids supplémentaire aux arguments palestiniens.
Dans l’optique d’affaiblir les soutiens qu’Abou-Mazen a reçus dernièrement, Netanyahou a formulé un certain nombre de déclarations modérées qui attestent de son désir de s’engager à de véritables négociations sans précondition. Dans la foulée, il a également accusé Abou-Mazen de planifier de torpiller les futures discussions. Les deux adversaires
aiguisent leurs armes de diplomatie publique en vue de la guerre de la culpabilité – soit, en d’autres termes, quel camp la communauté internationale rendra responsable de cet échec.

QUI SE PREOCCUPE ENCORE DES ÉTATS-UNIS ? / AMNON LORD – MAARIV
Si un sommet se tient à Amman entre le Premier ministre Benyamin Netanyahou et le Président de l’Autorité palestinienne Abou-Mazen à la suite de la visite de John Kerry en Israël et dans les pays voisins – cela sera une véritable surprise. Une grosse surprise. Il est difficile de savoir quelle est l’origine de l’emballement médiatique actuel, qui a déjà
engendré des réactions officielles, comme si les négociations étaient sur le point de reprendre. Cependant, sur le terrain, les Palestiniens ont une version légèrement différente, d’après des sources proches d’Abou-Mazen. Il se pourrait que toutes ces paroles optimistes anticipant une résurrection du processus de paix aient simplement été lancées afin de 5
fournir une justification en raison de la dernière visite de l’homme d’État américain, qui s’est révélée être un échec total.

D’une façon générale, grâce à la politique d’Obama et de Kerry, aucun homme d’État américain ne peut mettre le pied dans une capitale arabe. Kerry faisait presque partie de la famille à Damas, à la cour du dirigeant réformateur et progressiste qui était censé conduire la Syrie dans les bras de l’Occident. Son nom – Bashar Al-Assad. Regardez Kerry, et
regardez Assad. A Benghazi, les diplomates américains sont assassinés, sans aucune réaction.
Partout ailleurs, les chaussures volent. Jérusalem est la seule ville dans laquelle Kerry peut apparaître en public et être reçu avec les honneurs qui lui sont dus.
Maintenant, Kerry sera le spectateur unique de la performance que le Premier ministre Benyamin Netanyahou, le Président de l’Autorité palestinienne Abou-Mazen et le roi Abdallah de Jordanie vont simuler devant lui. Ces trois-là ont intérêt à être particulièrement créatifs cette fois dans leur tentative pour empêcher les négociations de redémarrer. Le roi Abdallah doit faire semblant de soutenir la position palestinienne, mais il est peu probable qu’il voudra s’afficher officiellement comme étant en faveur de la reprise des négociations. Le secrétaire d’État américain John Kerry le pousse du côté palestinien duquel il ne veut absolument pas s’approcher. Alors que Kerry essaie de lever 4 millions de
dollars pour que l’Autorité Palestinienne construise des logements pour les jeunes couples et les touristes le long de la mer Morte, le roi Abdallah a été sommé par la communauté internationale de s’occuper des quelques 600 000 réfugiés syriens sur le sol jordanien. En dehors de l’utilisation du territoire jordanien comme base opérationnelle pour les unités
maritimes de l’US Air Force, dans le cas d’une intervention militaire en Syrie, qu’est-ce que les Américains feront pour le roi? Ce dernier a besoin de millions de dollars pour faire face à un afflux de réfugiés d’une telle ampleur qu’il est comparable à celui de cette fameuse Nakba. La seule différence, c’est qu’il s’agit là d’une Nakba avec une communication
publique très limitée.
La position que Netanyahou a présentée au cas où cette fâcheuse réunion au sommet aurait finalement lieu, est raisonnable et ne va pas dégénérer en crise de coalition. Libérer quelques prisonniers palestiniens et annoncer un gel des constructions en-dehors des grands blocs d’implantations ne sont pas des mesures susceptibles de détruire une coalition. Mais si les activités futures de Kerry commencent à torpiller la stabilité de la coalition, alors
Jérusalem aussi apprendra comment jeter des chaussures. A moins qu’à un certain stade, Netanyahou ne décide de remplacer ses partenaires de coalition.

LA SHARONISATION DE BIBI / YOËL MARCUS – HAARETZ
Lorsque Sharon a évacué les 21 colonies du Goush Katif et de Samarie, il savait que ce ne serait pas facile de faire passer une telle décision au sein du Likoud, mais il a déclaré que l’essentiel était de réveiller la nation « du rêve du Grand Israël ». Sharon a été précédé par Menachem Begin, l’un des chantres de ce rêve du Grand Israël, qui a pourtant évacué les
colonies du Sinaï, et s’est retiré des « territoires occupés » jusqu’au dernier millimètre en échange d’une paix réelle avec l’Égypte.
Alors qu’il se rendait à Camp David, Begin a été assailli par les doutes ; il a rappelé à ses proches collaborateurs que le Président égyptien Anouar El-Sadate était connu pour admirer Hitler. Mais après avoir atterri à Washington, il a annoncé à la foule des journalistes qui l’assiégeaient de questions qu’il espérait quitter Camp David en chantant « Habemus
pacem » (nous avons la paix). Ce que les journalistes, moins pessimistes que le Premier ministre, avaient alors transformé en « Habemus pacem aleikhem ».
Il est difficile de comprendre ce qui conduit véritablement deux dirigeants opposés à signer un accord de paix reconnaissant des concessions mutuelles. Le désespoir de perpétuer indéfiniment l’état de guerre ? La peur de la pression des Etats-Unis ? Quoi qu’il en soit, l’essentiel est que chacun d’entre eux réalise que la situation actuelle est en mesure de signer la fin de la catastrophe pour leur peuple respectif.
Alors pourquoi cette longue introduction ? Parce que le chef de file des partisans du Grand Israël […] s’aperçoit que son rêve est en train de lui filer entre les doigts. C’est pour cela que certains députés du Likoud comme Danny Danon ou Zeev Elkin […] voient d’un mauvais œil ce que Benyamin Netanyahou promet aux Palestiniens en échange d’un accord de paix.
Une source politique l’ayant récemment rencontré en a retiré l’impression qu’il était vraiment sérieux sur ses intentions de parvenir à un accord. Il n’est pas impensable qu’il fasse preuve de bonne volonté envers la demande du Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas de relâcher tous les prisonniers sécuritaires. Et il y a un moratoire effectif
sur les constructions dans les territoires. Ce n’est pas officiel, mais cela existe néanmoins sur ordres de Netanyahou. Demandez au ministre du Logement Ouri Ariel si de nouvelles constructions sont prévues dans les colonies, il vous renverra au Bureau du Premier ministre.
Peut-être par embarras, ou peut-être parce qu’il réalise que le temps des « petites phrases » est révolu. […] 8
Bibi aurait voulu un Likoud à l’image d’Avi Dichter, Benny Begin, Dan Meridor, mais il se retrouve avec les Feiglin et les extrémistes magouilleurs de troisième rang qui sont en train de prendre le contrôle du Likoud.
Bibi, le champion des déclarations diplomatiques, est devenu silencieux. Lors d’une cérémonie pour la nomination d’une école de la colonie de Barkan du nom de son père, un discours de Bibi était attendu. Il a refusé. Or son silence n’est pas une coïncidence pour un événement de ce type, qui ne se déroule jamais sans le traditionnel discours pontifiant du
Premier ministre.
Lors d’une rencontre avec le Premier ministre géorgien, en visite en Israël, Bibi lui aurait confié : « Je n’irai pas aux négociations juste pour dire que j’y étais, mais pour en rapporter une solution ». C’est le même message qu’a reçu le secrétaire d’Etat américain John Kerry quelques jours avant d’atterrir en Israël. Les observateurs américains ont d’ailleurs remarqué que Bibi n’avait pas visité une seule colonie depuis qu’il a été réélu Premier ministre.
Bibi subit actuellement un processus similaire à celui qu’avait traversé Ariel Sharon après avoir décidé d’évacuer les colonies. […] Bibi se retrouve dans cette même situation, dans laquelle il sera isolé et abandonné par son parti s’il renonce à satisfaire les fanatiques. Voici le moment ou jamais de terminer sa « Sharonisation » et de terminer ce que Sharon n’a jamais eu le temps de mener à bien : déraciner le rêve du Grand Israël une bonne fois pour toute.

De droite à gauche :
John Kerry parle : « J’arrive dans la région avec beaucoup d’optimisme. Il y a une chance réelle de promouvoir des pourparlers francs et efficaces entre Netanyahou et Dany Danon » (Dany Danon est un député de l’aile droite du
Likoud qui vient de se faire élire à la présidence de la convention du parti contre la volonté de Netanyahou)
Conditions préalables : Abou-Mazen exige qu’Israël s’engage à offrir au Palestinien qui gagné le concours de chant « Arab Idol » une participation à une émission de la chaîne 24 (chaîne télévisée populaire de musique israélienne, notamment orientale)
L’Autorité palestinienne a demandé à Kerry de repousser sa visite : « Nous avons besoin d’encore quelques jours pour nous préparer à l’Intifada spontanée qui éclatera dès l’échec des négociations »

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