logo revue de presseSemaine du 26 au 31 mai 2013 

Livraison de missiles russes à la Syrie : la tension monte d’un cran « Le bras de fer entre la Russie et l’Occident risque de mettre le feu au Moyen-Orient », titrait mercredi le quotidien de centre droite Maariv au surlendemain de la décision de l’Union européenne de lever l’embargo d’armes vers la rébellion syrienne et de l’annonce par Moscou de la livraison de batteries antiaériennes de type S-300 au régime alaouite.

Les journaux rapportent la déclaration du ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, qui accuse l’Europe de s’ingérer dans le conflit. De leur côté, les Britanniques ont précisé que la levée de l’embargo ne signifiait pas qu’ils avaient l’intention, dans l’immédiat, d’armer les rebelles dans l’immédiat. Cité par le Yediot sous couvert de l’anonymat, un
diplomate britannique a fustigé le soutien de Moscou au régime d’Assad, alors que Washington a de son côté salué la décision de l’UE et exprimé son étonnement suite aux déclarations russes.

Les médias israéliens, qui réservent depuis plusieurs semaines un traitement particulier à l’actualité syrienne, restent toutefois assez neutre, bien qu’inquiets, dans la couverture des événements, alors que les autorités israéliennes semblent ne pas vouloir non plus se prononcer en faveur des insurgés ou du régime Assad.
La radio israélienne annonçait ainsi que le Premier ministre Benyamin Nétanyahou avaient ordonné à ses ministres de ne pas s’exprimer sur le dossier syrien pour tenter d’apaiser les tensions avec la Russie et la Syrie. Ce mot d’ordre intervient après que le ministre de la défense israélien, Moshé Yaalon, a affirmé qu’Israël « saurait quoi faire » si les missiles russes arrivaient à destination. Le ministre des Affaires stratégiques, Youval Steinitz, avait auparavant estimé que les armes russes livrées au régime syrien n’étaient pas « simplement défensives ». Le ministre israélien de l’Eau et de l’Energie, Silvan Shalom, a pour sa part déclaré jeudi qu’Israël ne voulait pas provoquer « d’escalade » militaire avec la Syrie mais ne permettra pas le transfert d’armes « stratégiques ». Ces déclarations font suite à une interview du Président syrien Bachar Al-Assad à la chaîne de télévision libanaise du Hezbollah, dans laquelle il reconnaît implicitement avoir reçu de la Russie le système de missiles russe S300, et se déclare prêt à « ouvrir un front de la résistance au Golan ».
Cependant, malgré les déclarations du Président syrien, les autorités israéliennes estiment que la Syrie n’a pas encore reçu la première batterie de missiles S300.
Par ailleurs, le Maariv de ce jour livre que lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine, Netanyahou aurait mis en garde Poutine contre la livraison de S300 à la Syrie, lui faisant comprendre qu’Israël les détruirait en cas de livraison. Selon le journal, Netanyahou essaie de dissuader Poutine de la livraison des S300 en s’appuyant sur la logique suivante : (1) Si les
missiles sont livrés, Israël devra attaquer et une guerre éclatera entre lui et la Syrie (2) cela entraînerait la chute du régime d’Assad (3) la Russie comme Israël ne veulent pas la chute d’Assad. Conclusion : il ne faut pas livrer les S300 à Assad.

ISRAËL, UN ACTEUR DE SECOND ROLE DANS LE CONFLIT SYRIEN / COLONEL DE RESERVE HANAN GUEFFEN* MAARIV
Il semble que la guerre en Syrie soit en train de se métamorphoser en un événement qui concerne l’ensemble de la région du Levant et qu’elle mette en péril l’ordre ancien imposé par les grandes puissances dans le cadre des accords Sykes-Picot. Chercher à savoir « ce qui est bon pour Israël » dans le conflit syrien n’a rien de pertinent.
Non pas que cela ne soit pas important mais c’est que personne dans la région ni dans le monde n’est capable d’apporter une réponse juste. Israël ne joue pas les premiers rôles dans ce conflit.
* Ancien chef de l’unité des Renseignements 8200 de Tsahal3

(…) Dans le grand chaos qu’impose à la région l’ancien-nouveau clivage sunnite-chiite, Israël pourrait ben être appelé à faire office d’élément stabilisateur ou a être involontairement entraîné dans ce processus (peut-être serait-ce le moyen de s’intégrer au Moyen-Orient?).
Israël sera contraint de réagir au coup par coup, en fonction des intérêts qui seront les siens à l’instant « T ». Il n’y pas de solution miracle. Le seul avantage immédiat dont Israël peut tirer profit, c’est que le conflit israélo-palestinien n’est plus prioritaire compte tenu des horreurs sur les terrains irakien, syrien et libanais.

DIVISER POUR MIEUX REGNER / BOAZ BISMUTH, ISRAEL HAYOM
Alors que Kerry a affirmé lors de sa rencontre avec Lavrov que seul le peuple syrien devra déterminer son destin, son patron à la Maison Blanche, le président Obama, coopère avec Moscou pour l’organisation d’une conférence de paix internationale tout en affirmant qu’il souhaite voir Assad hors du jeu. Washington fait dans la confusion. Les pays de l’Union européen aussi semblent bégayer puisqu’ils viennent de lever l’embargo d’armes vers la rébellion tout en s’accordant sur le fait de ne pas armer les insurgés pour ne pas torpiller les efforts diplomatiques.
Assad profite de cette grande confusion pour survivre. S’il est encore au pouvoir, ce n’est pas uniquement grâce aux Russes mais aussi grâce aux insurgés. Car aux côtés de l’armée syrienne libre combattent des moudjahidines et des terroristes d’Al Qaïda.

En Occident, on sait qu’il est facile d’armer des milices mais qu’il est un peu moins aisé de les désarmer. En l’état actuel des choses, la chute d’Assad paraît quelque peu menaçante. Washington ne s’enthousiasme pas outre mesure à l’idée que les rebelles soient armés par l’Occident. Les Etats-Unis se souviennent en effet que ce sont les missiles de type « Stinger » livrés aux rebelles afghans qui avaient fini par tuer des Marines américains. Paradoxalement, les ennemis d’Assad l’aident à survivre.

Commission Peri
Cette semaine, les médias israéliens ont largement fait état des tractations en cours concernant l’avancée des travaux de la commission Peri sur la conscription des ultraorthodoxes. Cette commission interministérielle dirigée par le ministre des Sciences Yaakov Peri (Yesh Atid) est chargée de régler l’épineuse question de la « répartition équitable du fardeau » en vertu des accords signés entre les trois grands partenaires de la coalition (Likoud-Beitenou, Yesh Atid et le Foyer Juif). La commission a inauguré ses travaux le 14 avril dernier, et a pour mission de proposer une série de mesures permettant d’accroître progressivement le taux d’enrôlement militaire chez les ultra-orthodoxes à partir du plus
jeune âge possible (l’objectif étant que tous ceux qui ne sont pas exemptés soient mobilisés avant 21 ans), et encourager ceux ayant été exemptés ou ayant terminé leur service à intégrer le marché du travail.

Le ministre de la Défense Moshe Yaalon et le ministre des Finances Yaïr Lapid affrontant la menace syrienne avec les nouvelles recrues ultra-orthodoxes.

Après des discussions houleuses suite à des divergences entre Yesh Atid et le ministre de la Défense Moshe Yaalon à propos des sanctions pénales infligées aux ultra-orthodoxes qui refuseraient de s’engager dans l’armée, les débats ont été interrompus dans la nuit de dimanche à lundi et le ministre des Finances Yaïr Lapid a menacé de retirer son parti de la coalition si le principe de « l’égalité des charges » n’était pas respecté. « Si quiconque pense que je suis entré en politique juste pour résoudre la catastrophe économique créée par le gouvernement précédent, c’est qu’il ne comprend pas du tout ce que nous sommes en tain de faire » a-t-il déclaré, ajoutant en privé qu’il s’accordait un ultimatum de 48 heures pour régler cette crise. C’est le Premier Ministre lui-même qui est intervenu pour calmer les esprits, demandant au ministre de la Défense, Moshe Yaalon, d’assouplir ses positions. Ce dernier a accepté de parvenir à un compromis pour sortir de l’impasse, tout en rejetant le plan originel de Lapid qui provoquerait selon lui «une émeute chez les haredim ». Il a ajouté, en privé, que « Lapid s’en prend aux ultra-orthodoxes parce que sa situation politique est
problématique en raison des mesures d’austérité ». De leur côté, des responsables de Yesh Atid ont accusé Yaalon de vouloir courtiser les Haredim pour bénéficier de leur soutien lors d’une future course au poste de premier ministre.

Finalement, la commission Péri a enfin adopté mercredi le texte du projet de loi, qui prévoit l’enrôlement de tous les haredim d’ici quatre ans, en leur laissant le choix entre le service militaire ou le service civil, à l’exception de 1800 élèves de haut-niveau qui seront exemptés. Le texte prévoit aussi de sanctionner les haredim qui refuseraient la conscription, et de pénaliser économiquement les yeshivot ne respectant pas les quotas de conscription. Le service des étudiants des yeshivot Hesder (établissement sionistes-religieux qui alternent entre études talmudiques et service militaire) sera prolongé d’un mois pour atteindre 17 mois, et l’enrôlement des minorités (arabes, bédouins) sera encouragé par des avantages économiques.

Cette série de mesures permettra de raccourcir le service militaire de 4 mois pour les hommes, tandis que celui des femmes sera prolongé de 4 mois pour harmoniser équitablement le fardeau entre tous. En effet, pour la première fois depuis des années, le département des ressources humaines de Tsahal a annoncé devoir faire face à une carence
de plusieurs centaines de soldats dans les unités combattantes, ce à quoi les recommandations de la commission Peri devraient pallier. A l’issue de l’adoption du projet par la commission, Yaïr Lapid a estimé qu’il s’agissait d’une « réussite historique », alors que Livni a quant à elle souligné que le partage équitable du fardeau qu’est censé proposer la
commission Peri était loin d’être équitable. Ce projet devra encore être validé par la Commission des lois, le Conseiller juridique du gouvernement, le Conseil des Ministres, avant d’être adopté à la Knesset.

PAS HISTORIQUE, ET PAS UN SUCCES / NEHEMIA SHTRASLER, HAARETZ
« Il s’agit d’un succès historique » s’est empressé de déclarer Yaïr Lapid à propos des recommandations de la commission Peri, avant-même la finalisation des travaux. Peut-être est-ce ainsi qu’on gagne l’opinion publique à son compte, mais la triste réalité est que ce « succès » n’est pas un succès, et est encore moins historique.

Bien qu’il soit vrai que les Haredim résistent de toutes leurs forces aux recommandations de la commission Peri pour un nouveau modèle de conscription militaire, au fond d’eux-mêmes ils ricanent. « C’est tout ? » se demandent-ils. « Est-ce tout ce dont sont capables les laïcs alors que nous sommes affaiblis et sortis de la coalition ? ». Même le nom de la commission est décevant. Il n’y a là aucun « partage équitable du fardeau sécuritaire », mais exactement l’inverse : une conscription inégale par secteurs. Les sionistes religieux, qui sont représentés par le Foyer Juif, ont en fait enregistré la plus grande réussite de quiconque : les étudiants des yeshivot Hesder, qui combinent le service militaire avec les études talmudiques pendant 5 ans, ont eu leur période de devoir militaire étendu de 16 à 17 mois, au lieu des trois ans prévu. Une guerre mondiale a éclaté dans cette commission il y a un mois, à la suite de la proposition originale d’étendre leur service à deux ans. Et pourquoi seulement deux ans ? Pourquoi le sang de quelqu’un qui aurait étudié dans une yeshiva Hesder serait plus rouge que celui d’un adolescent ordinaire servant dans les brigades Golani ou dans le corps d’infanterie ? C’est parce que les « laïcs » ne sont pas un groupe de pression. Ils n’ont personne pour les représenter et se battre pour eux. Ils paieront toujours plus.
Maintenant, examinons le cas des Haredim. Les recommandations parlent d’enrôler les Haredim à l’âge de 21 ans, et de leur laisser le choix entre le service militaire ou civil. Là encore, pas de « fardeau équitable », mais encore davantage de discriminations.
Ce n’est pas pour rien que l’âge de la conscription a été établi à 18 ans. C’est l’âge auquel les jeunes gens finissent un chapitre de leurs études, mais n’ont pas encore commencé leur vie familiale, pas plus qu’ils ne sont soumis à des obligations financières. C’est un âge auquel les jeunes gens (et les Haredim aussi !) sont préparés à prendre des risques, et sont plus enclins à s’engager dans des unités combattantes, avec le sens du devoir. Mais 21 ans est une toute autre affaire. A cet âge, de nombreux Haredim sont déjà mariés, avec parfois même des enfants, et courir parmi les collines avec une arme en risquant sa vie semble une idée ridicule. Un homme Haredi ordinaire, à cet âge, a déjà une famille, rembourse sûrement un prêt, et ne sera pas enrôlé. D’ailleurs, Tsahal n’en voudra certainement pas. Son salaire
militaire sera de 4000 shekels par mois (parce qu’il est marié), et non de 400. Cela ne rendra pas service à l’armée, qui ne le prendra pas – ou, au mieux, l’enverra faire son service civil.

Mais le service civil n’est rien d’autre qu’un nouveau tour de passe-passe. Il n’y a pas de fardeau équitable quand une personne risque sa vie pendant trois ans dans les brigades Golani, alors qu’une autre passe quelques heures de sa journée à rendre « des services à la communauté ». Le service civil pour les Haredim va se transformer en pipeline qui va
déverser des millions de shekels pour les hommes ultra-orthodoxes, les associations ultraorthodoxes et la bureaucratie ultra-orthodoxe, et personne ne sera en mesure de tracer ces fonds puisqu’ils seront transférés de Bnei Brak à Mea Shearim. Et s’il existe un service civil, pourquoi les Haredim devraient être les seuls à en bénéficier ? Pourquoi un adolescent laïc ne pourrait pas échapper au service et « servir » sa communauté à la place ? Dans tous les cas, cet arrangement ne passera jamais devant la Cour Suprême.
Maintenant, arrêtons-nous sur la communauté laïque. Aujourd’hui, 42% des jeunes femmes ne sont pas enrôlées, pour la plupart d’entre elles parce qu’elles déclarent être religieuses.
Mais la commission Peri ne s’y attaque pas ; au contraire, elle recommande que le service pour les femmes laïques soit étendu de 24 à 28 mois ! Et alors quoi ? Les femmes religieuses vont continuer à échapper à la conscription, tandis que les femmes laïques devront servir plus longtemps. Et c’est cela l’égalité pour vous ?
Il faut tout simplement démanteler la commission Peri. Nous n’avons besoin ni d’objectifs, ni de quota, nous avons seulement besoin d’enrôler chacun – laïc, religieux et ultra-orthodoxe, sans discriminations et sans « arrangements » – à l’âge de 18 ans. Et c’est comme cela que nous serons en mesure de réduire le service militaire de trois ans à deux ans pour tout le monde, et aussi à diminuer la durée de la réserve. C’est plus correct, plus juste, et apportera de grands bénéfices à l’économie. Et c’est aussi meilleur en termes de politique publique. Parce que l’armée demeure le principal outil d’intégration à la société israélienne. C’est alors que pour la première fois, les adolescents laïcs, religieux et ultra-orthodoxes vivront ensemble, dans les mêmes tentes. C’est alors que les murs de haine qui nous divisent tomberont. Et si, après cela, les Haredim intègrent le marché du travail après leur service – et il est raisonnable d’estimer que cela arrivera- alors nous en aurons tiré tous les bénéfices possibles.

COMMENT NE PAS ENROLER LES ULTRA-ORTHODOXES / TIMES OF ISRAEL, RACHEL AZARIA
La commission Peri propose une solution qui est loin d’être idéale pour résoudre l’inégale répartition du fardeau militaire. Pourquoi ? Parce que cela n’aura pas pour conséquence l’enrôlement des ultra-orthodoxes à l’armée, au moins pour les quatre prochaines années.
Et alors, pourquoi Yaïr Lapid et Yesh Atid sont déterminés à faire passer cette loi ? Ah, c’est simple : ils vivent à Tel-Aviv. En d’autres termes, ils n’ont jamais vraiment rencontré des ultra-orthodoxes. […] La communauté ultra-orthodoxe connaît des changements significatifs, avec deux courants opérant dans deux directions opposées. La première tendance est un intérêt croissant à prendre part à la société israélienne. Il s’agit de personnes qui « pensent israélien » et accordent de la valeur à l’Etat d’Israël. L’autre groupe, en revanche, se désintéresse de plus en plus de la société civile.
Les ultra-orthodoxes qui souhaitent rejoindre la société affrontent deux principaux obstacles. Le premier est qu’ils ne savent pas comment s’intégrer à la société, alors beaucoup s’abstiennent. Mais si on leur donne cette opportunité, ils s’en saisiront. Le second défi est la pression qui vient de leurs coreligionnaires plus radicaux, qui dénigrent leur dévotion religieuse, menace de ne pas accepter leurs enfants à l’école, et d’autres sanctions de ce type. […]
Il faut encourager les voix modérées parmi la communauté orthodoxe, ceux qui souhaitent rejoindre la sphère publique israélienne, […] et résister aux plus zélés. Le problème, c’est que la commission Péri fait exactement le contraire. La communauté ultra-orthodoxe continuera d’être exemptée de la conscription, et d’ici quatre ans, ceux qui ne rejoindront pas l’armée iront en prison. Ce qui renforcera précisément les voix les plus radicales, ceux qui n’attendent qu’une occasion de prouver que les laïcs ne pensent qu’à s’attaquer aux ultraorthodoxes. […] La commission Peri n’a rien fait pour encourager les voix les plus modérées de la communauté ultra-orthodoxe, qui souhaitent s’intégrer à la société israélienne. […] Et si un nouveau gouvernement est formé et que les ultra-orthodoxes renversent la décision ?
Eh bien nous aurons renforcé les radicaux, distancié les modérés, et, bien sûr, les ultraorthodoxes continueront d’être exemptés du service.
Est-ce pour cela que Yaïr Lapid se bat tant ? Il n’est pas trop tard pour faire changer le plan de la commission Peri. Il suffit de faire l’inverse. Commencer à enrôler encore davantage d’ultra-orthodoxes dans les unités existantes. Instaurer de nouveaux programmes pour recruter des ultra-orthodoxes, et commencer à appliquer des sanctions à tous ceux qui ont moins de 25 ans.

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