Pouria Amirshahi, député PS de la 9ème circonscription des Français de l’étranger, a présenté à l’Assemblée Nationale un amendement à la proposition de loi de la ministre de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, loi votée à l’Assemblée nationale mardi, qui propose notamment d’intégrer des cursus en anglais à l’université (En savoir plus sur :
Pouria, un amendement, pourquoi ?
Pouria Amirshahi : Les précisions apportées en Commission des Affaires culturelles représentaient des améliorations mais encore insuffisantes. Dans cette optique, et à défaut d’une suppression de l’article, j’ai également présenté, avec plusieurs collègues socialistes, des amendements supplémentaires afin de limiter le périmètre d’application de cet article (voir article 1 ci-dessous). Et pour une meilleure compréhension de vos lecteurs,un aperçu avant/après qui me semble plus pédagogique que n’importe quel compte-rendu (article 2).
Article 1 : Il n’y aura pas de « tout anglais » à l’université
Désormais, le choix d’enseigner un cours en langue étrangère devra être justifié par l’existence de « nécessités pédagogiques ». Cet amendement – Amendement 284 P.Amirshahi – tend à circonscrire la portée de l’article aux seuls cours nécessitant véritablement d’être dispensés en langue étrangère. Cet amendement adopté en séance publique, à l’unanimité, constitue un véritable garde-fou. En effet, il permet d’exiger un lien manifeste entre la langue d’enseignement étrangère et le contenu ou l’objet de l’enseignement.
Les exceptions à l’enseignement et la production de thèses et mémoires en langue française devront être « nécessaires à la maîtrise et la pratique de la matière enseignée ».
Notre souci doit désormais être triple :
- Rendre attractives nos universités par la qualité de leurs enseignements et de l’accueil.
- Permettre le plurilinguisme et un enseignement de langues diversifié car la France aura aussi besoin d’hispanophones, d’arabophones et de sinophones.
- Reformuler une ambition francophone articulée autour de principe de mobilités pour les étudiants, mais aussi les chercheurs, les artistes et les chefs d’entreprises.
C’est cette belle ambition, de Montréal à Abidjan en passant par Bruxelles et Paris, qui peut donner à la Francophonie ce nouveau souffle indispensable. Pour ma part, j’y contribuerai pleinement, notamment en tant que rapporteur de la mission d’information sur la Francophonie.
ARTICLE 2 : FIN DU PREMIER ACTE ET PREMIÈRE VICTOIRE !
Tiens, je lis une dépêche : « article 2 voté ». Ah, certes, il y a bien un article, entre le 1 et le 3 – le deuxième, donc. Mais que dit-il ?
L’article présenté dans le projet de loi de Geneviève Fioraso : | L’article après qu’il ait été amendé : |
Art. 2 Après le premier alinéa du II de l’article L. 121-3, est inséré un alinéa ainsi rédigé : « Des exceptions peuvent également être justifiées par la nature de certains enseignements lorsque ceux-ci sont dispensés pour la mise en œuvre d’un accord avec une institution étrangère ou internationale tel que prévu à l’article L. 123-7 ou dans le cadre d’un programme européen. » |
Art. 2 Après le premier alinéa du II de l’article L. 121-3, est inséré un alinéa ainsi rédigé : « Des exceptions peuvent également être admises pour certains enseignements Art. 2 bis (nouveau) |
En conclusion, il n’y aura pas de « all in English » dans nos établissements d’enseignement supérieur, comme cela était envisagé initialement. Et cela devra désormais, enfin!, s’appliquer aux établissements hors la loi.
Et ces « nécessités pédagogiques » devront désormais être démontrées pour toute filière désirant dispenser un enseignement en « langue étrangère ». C’est-à-dire essentielles à la maîtrise et la pratique de la matière enseignée.
La conclusion de cette discussion démontre qu’il faut toujours mener les combats qu’on croit juste.