La peau humaine est un véritable écosystème, au même titre qu’une forêt tropicale ou une prairie. Non seulement elle est colonisée par des milliards debactéries mais on y trouve aussi une centaine d’espèces de champignons ou levures microscopiques. Il y en a sur toutes les parties du corps mais la biodiversité est nettement plus importante sur les pieds, sur le talon où l’on dénombre 80 espèces différentes, sous les ongles (60) et entre les orteils (40). Les levures du genre Malassezia sont dominantes. C’est ce que révèle une étude pilotée par Julia Segre, de l’Institut américain de recherche sur le génome humain basé à Bethsada (Maryland), publiée cette semaine dans la revue Nature.
Nombre de ces champignons ne pouvant être cultivés en laboratoire, les chercheurs les ont identifiés par leurs seules séquences génétiques comme cela avait été fait pour les bactéries de la peau dont le métagénome avait été publié en 2008 par la même équipe.
Interactions
La plupart de ces champignons ne sont pas pathogènes pour les humains. La peau est le milieu naturel dans lequel ils se développent. «Les résultats que nous avons obtenus fournissent un cadre pour de futures recherches sur les interactions entre les communautés bactériennes et fongiques qui favorisent le maintien d’une bonne santé de la peau ou l’apparition de maladies», soulignent les chercheurs, selon une formule consacrée. Aux États-Unis, on estime que 29 millions de personnes souffrent de mycoses dont une majorité de sportifs qui ont des problèmes aux pieds.
Pour leur étude, les chercheurs ont recruté dix adultes en bonne santé habitant Washington. Les prélèvements ont été effectués en frottant des tampons de coton à treize endroits différents du corps: le dos, la paume des mains, l’avant-bras, l’espace entre les sourcils, l’aine, le cou, les narines, l’intérieur de l’oreille, etc. Les champignons sont plus nombreux au niveau des pieds car ils n’aiment pas la chaleur et que les extrémités sont les parties du corps les plus froides.
Les chercheurs ont constaté que deux des personnes participant à l’étude avaient une mycose, caractérisée par des espèces très différentes l’une de l’autre. «C’est sans doute ce qui explique les difficultés pour venir à bout des mycoses car il n’existe pas de traitement unique», explique Julia Segre, dans une interview à National Geographic.