Depuis les célèbres « Trois Non » prononcés par la Ligue arabe au sommet de Khartoum tenu juste après la guerre des Six Jours, fin août 1967, nous constatons que les chefs d’Etats arabes réalisent que l’Etat juif existe bien et qu’il sera impossible de le vaincre un jour sur le champ de bataille. En 1977, Anouar el Sadate avait bien compris ce message, conscient que seule la négociation et la fin de la belligérance pourraient aboutir à une paix viable. En effet, il a obtenu gain de cause en récupérant son territoire sans tirer un seul coup de feu. Quant aux chefs palestiniens, ils ratent à chaque fois les bonnes occasions diplomatiques et les grands rendez-vous de l’Histoire en rêvant toujours de la grande Palestine, de la « mer au fleuve ».
Certes, la fameuse déclaration de Khartoum proclamant : Non à la paix, Non à la négociation, et Non à la reconnaissance d’Israël est devenue pathétique après plus de 4 décennies, mais elle sert toujours de slogan pour les saboteurs de la paix : le Hamas, le Hezbollah, l’Iran et les extrémistes islamistes.
Comment donc relancer le processus de paix sans aucune condition préalable comme l’exige très justement le gouvernement Netanyahou ? Et comment ne pas aussi prendre en considération la nouvelle donne sur le terrain puisque plus de 750 000 Israéliens vivent au-delà des frontières d’avant juin 67, notamment dans la périphérie de Jérusalem ? Le dossier est donc complexe et compliqué et pour certains demeure insoluble car le conflit n’est pas uniquement territorial ! Tant que les Palestiniens, le Hamas et le Fatah réunis, ne décideront pas de mettre un terme à la belligérance et ne reconnaîtront pas clairement et sincèrement l’existence de l’Etat juif sur sa terre trimillénaire et son droit légitime de se doter de frontières sûres et défendables, la paix avec les Arabes ne pourra jamais se réaliser ! Cette position est aussi partagée par la majorité des ministres du gouvernement et par une grande partie des Israéliens qui souhaitent certes la paix mais sont profondément déçus des accords précédents signés avec l’Autorité palestinienne, et surtout par les néfastes conséquences provoquées par le « printemps arabe ».
Cette tendance négative a été renforcée par les démarches diplomatiques unilatérales et la délégitimation systématiques de l’Etat juif au sein des instances internationales. Elles furent provocantes et contreproductives.
Dans ce contexte, comment sortir de l’impasse ? Nous apprécions bien entendu les dernières déclarations des chefs arabes et leur décision de gommer définitivement les déclarations de Khartoum, ainsi que leur volonté pragmatique pour des rectifications de frontières. Certes, il s’agit d’un pas significatif et dans la bonne direction, et nous disons OUI à la négociation et à la reprise du processus de paix, car c’est aussi notre propre intérêt. Toutefois, ce n’est sans doute pas une Ligue arabe divisée et impuissante devant les turbulences dans la région, et incompétente pour régler la crise syrienne qui pourra relancer le processus de paix. Ni non plus le Qatar qui a pris l’initiative car ses intérêts sont transparents et ne sont que mercantiles.
Notre conflit a lieu avec nos voisins les plus proches, avec les Palestiniens, et un règlement ne se fera qu’avec eux et par étapes. Tant que les Palestiniens ne se réveilleront pas de leur torpeur, qu’ils ne renonceront pas à leur revendication sur toute la Palestine et le « droit au retour », eh bien, une paix sincère et viable avec eux ne pourra pas voir le jour ! Nous rejetons avec force l’idée d’un Etat binational et nous espérons que les Américains et les Européens partagent notre conception et respectent notre droit légitime sur notre terre ancestrale. Soyons clairs, les pressions ou un diktat de leur part n’aboutiront à rien de positif et le résultat serait que le conflit perdurera de longues années encore.
Freddy Eytan