- De mystérieuses attaques ont frappé le marathon de Boston, lundi, tuant trois personnes.
- Ces explosions portent «la signature» d’une attaque terroriste.
- On ignore encore si l’attaque est d’origine intérieure ou étrangère.
- Correspondante à Washington
Douze ans après le 11-Septembre, l’Amérique renoue avec les affres et l’horreur d’un acte terroriste de grande ampleur, dont les auteurs restent inconnus. C’est Boston, vieille et célèbre ville de briques rouges de Nouvelle-Angleterre et berceau de la révolution américaine, qui est frappée cette fois par demystérieuses attaques, un jour de fête historique. A 14h50, ce lundi, deux bombes, apparemment placées dans des poubelles, y ont explosé à quelques secondes d’intervalle, rue Boylston, dans le vieux centre ville, alors que des dizaines de milliers de personnes s’étaient rassemblés pour encourager les 26.000 coureurs du marathon qui s’y tient chaque année dans la liesse depuis 1897.
Des témoins évoquent des victimes démembrées
Quatre heures après le début de la course, les trois quarts des marathoniens avaient déjà passé la ligne d’arrivée, quand la fête a tourné au drame. Trois personnes, dont un petit garçon de huit ans, ont été tuées dans les explosions, tandis que plus de 100 personnes étaient blessées. Des ambulances, des véhicules de pompiers et des dizaines de voitures de police ont immédiatement convergé vers la ligne d’arrivée du marathon, pour découvrir une ambiance de chaos et des gens en larmes. Certains témoins ont parlé de bras et de jambes dispersés sur le macadam par le souffle des explosions. «Nous ne savons pas encore qui a fait ça et pourquoi et les gens devraient se garder de tirer des conclusions avant que nous ayions tous les faits, a dit le président Barack Obama, lors d’une allocution télévisée. Mais que personne ne s’y trompe: nous irons jusqu’au bout de cette affaire…Tous les individus responsables, tous les groupes responsables, éprouveront tout le poids de la justice». Le chef de l’État a souligné qu’en cet instant, «il n’y a ni républicains ni démocrates». «Nous sommes tous Américains et unis», a-t-il insisté, exprimant sa compassion pour les victimes et pour Boston, «ville dure au mal et résiliente».
Le chef du bureau du FBI sur place a annoncé que son organisation prenait la direction de l’enquête sur les attentats, une enquête criminelle qui pourrait potentiellement devenir une enquête terroriste. Outre les deux bombes qui ont explosé, au moins trois autres engins explosifs ont été retrouvés dans la ville par la police, a rapporté le New York Times. Un feu s’est également déclenché à la Bibliothèque présidentielle John Fitzgerald Kennedy sans que l’on sache si cet événement était lié à la tragédie. Le choix délibéré du marathon, un événement très médiatisé, sûr de mobiliser des foules nombreuses, qui coïncidait de plus avec la journée des patriotes, célébrant le début de la révolution américaine, porte clairement «la signature» d’une attaque terroriste, notait lundi un expert du dossier sur CNN.
Mais la question qui est sur toutes les lèvres est évidemment celle de l’identité des auteurs de ces attentats. S’agit-il de forces étrangères de type al-Qaida, qui auraient cultivé des cellules dormantes attendant leur heure? D’un groupe isolé de «loups solitaires» inspirés par le terrorisme islamiste? Ou pourrait-il s’agir de groupes extrémistes de droite américains sur le modèle d’Oklahoma City? Pour l’instant, les autorités affirment ne pas avoir d’éléments de réponse. Un sénateur républicain qui avait été briefé par la Maison-Blanche et les agences en charge de l’enquête, a toutefois affirmé qu’un homme avait été retenu en détention et interrogé par les enquêteurs du FBI. La police de Boston a ensuite précisé qu’aucune personne n’avait été arrêtée, même si de nombreuses personnes étaient interrogées. Le président a ordonné la mise en alerte des grandes villes des États-Unis, dont Washington et New York, sites des attentats du 11 septembre 2001.
Barack Obama a ordonné la mise en alerte des grandes villes des États-Unis, dont Washington et New York
Le spectacle de désolation et de chaos du centre de Boston après les deux explosions – qui a tourné en boucle sur toutes les chaînes de télévision américaines, a permis à toute l’Amérique de communier avec les Bostoniens frappés par le drame. «C’était choquant, il y avait du sang et des éclats de verre partout», a confié sur CNN une passante à la voix tremblante, qui dit avoir immédiatement compris qu’il s’agissait d’un attentat. «Peut-être à cause de ce qui s’était déjà passé avant, je n’ai pas eu le moindre doute sur le fait qu’il s’agissait d’un attentat, ce qui vous donne une idée de ce qu’est devenu ce pays», a-t-elle ajouté. De nombreux témoins ont posté photos et vidéos des explosions, propageant à travers les réseaux sociaux l’émotion d’une population américaine qui n’a pas oublié les traumatismes du 11-Septembre.
«C’est effrayant, mais cela ne va pas m’empêcher de faire ce que je fais tous les jours. Nous ne vivons pas à Jérusalem ou à Tel Aviv», a noté Evan Diamond, le directeur d’une école de Boston, qui a confié qu’il évoquerait le drame avec ses élèves ce mardi. Dans son éditorial, le New York Times voulait croire que le marathon de Boston aurait lieu l’an prochain «quelle que soit la sécurité nécessaire». «Aucun acte de terrorisme n’est assez fort pour briser une tradition qui appartient à l’histoire américaine», a écrit la rédaction du grand journal. Manière de dire que l’Amérique ne se laisserait pas abattre par le retour des attentats.